Ueli-Hans Vogt pour le Conseil fédéral
«Pour moi, le respect de la collégialité est primordial»

Les uns le trouvent trop cérébral, les autres brillant. Le candidat de l'UDC au Conseil fédéral Hans-Ueli Vogt polarise. Qui est réellement ce professeur de droit zurichois? Portrait.
Publié: 26.11.2022 à 11:28 heures
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Dernière mise à jour: 26.11.2022 à 12:45 heures
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Qui est Hans-Ueli Vogt? Certains le décrivent comme inaccessible, d'autres comme sensible.
Photo: Keystone
Sermîn Faki

«Introverti», «distant», «cérébral». Ce sont les adjectifs que l’on entend lorsque l’on demande à Hans-Ueli Vogt quelles sont ses qualités. Mais les termes «agréable», «sensible» et «brillant» reviennent également.

Le candidat surprise de l’UDC au Conseil fédéral et challenger du favori Albert Rösti n’est pas un personnage connu et compris par le public. C’est pourquoi les médias ont volontiers recours à un autre qualificatif: «atypique». «Si l’on entend par 'atypique' que je présente différentes facettes que l’on n’associe généralement pas entre elles – citadin, scientifique et UDC – j’en prends simplement acte.»

Son homosexualité suscite des réactions

Le membre de l’UDC est le premier candidat au Conseil fédéral à ne pas faire mystère de son homosexualité. Son orientation sexuelle suscite quelques réactions. Cela lui vaudra des points auprès de la gauche, pensent ses collègues de parti, qui ne comptent pas parmi les amis d’Hans-Ueli Vogt.

Le Zurichois n’est «pas suffisamment pro-gay», rétorquent certains membres de la gauche qui ne comprennent pas pourquoi un membre d’une minorité atterrit à l’UDC, parti virulent. Selon ces politiciens, l’UDC ne s’engage pas suffisamment en faveur des droits des gays.

Il n’entre dans aucune case

Hans-Ueli Vogt a un parcours inhabituel à bien des égards. Dans la maison familiale d’Illnau (ZH) où il a grandi – second fils d’un notaire et d’une femme au foyer, la politique n’était pas un sujet de discussions.

Depuis petit, il est fasciné par la Berne fédérale. Il regardait avec sa mère l’émission de la SRF «Café Fédéral», où des politiciens comme Helmut Hubacher et Moritz Leuenberger débattaient. Mais le Zurichois n’a adhéré à l’UDC qu’à l’âge de 38 ans. Il ne voulait pas s’engager politiquement avant.

Hans-Ueli Vogt, d’un côté, s’engage sans relâche pour les droits humains. Comme dans le cas de l’initiative sur la responsabilité des multinationales, qui voulait obliger les entreprises suisses à respecter les droits de l’homme à l’étranger. Il voulait pousser les initiateurs à se retirer avec un contre-projet. De l’autre, il participe à l’élaboration d’une initiative radicale sur l’autodétermination, contraire aux droits humains.

Il est considéré comme un homme de tête rationnel et peut pourtant réagir de manière émotionnelle. Comme le rappelle cet incident au sein de la commission juridique du Conseil national qui s’est terminé en larmes en 2018, lorsque l’élu UDC a été attaqué par ses amis et ses adversaires. Hans-Ueli Vogt semble insaisissable. Certains disent qu’il est imprévisible. Faut-il vraiment d’un tel homme au Conseil fédéral?

«Un juriste absolument brillant»

Si l’on demande à l’ancien conseiller national obwaldien Karl Vogler, l’Assemblée fédérale devrait élire Hans-Ueli Vogt. «Oui, il est de l’UDC, mais en tant que scientifique, il s’oriente vers les faits. Et c’est un juriste absolument brillant, on ne peut pas dire le contraire.»

L’ancien élu, qui a fait de la politique au sein du parti chrétien-social obwaldien, a travaillé en étroite collaboration avec le Zurichois sur le contre-projet à l’initiative sur la responsabilité des multinationales. Sa forte personnalité de leader «ne ferait que du bien au Conseil fédéral», estime-t-il. Il ajoute: «Il est plus facile de trouver des compromis avec Hans-Ueli qu’avec Albert.»

Hans-Ueli Vogt est candidat au Conseil fédéral, tout comme le conseiller national Albert Rösti.
Photo: keystone-sda.ch

Le pouvoir n’intéresse pas le candidat

D’autres disent qu’Hans-Ueli Vogt est un homme de terrain avant tout. Mais savoir être au pouvoir est important pour créer des majorités et pour réaliser des objectifs politiques. Mais personnellement, le pouvoir ne signifie rien pour lui, confirme le politique. «Il ne me colle pas à la peau.» Chez d’autres, il conduirait à une attitude plus arrogante, martèle-t-il. Pas chez lui. «Je suis le Hans-Ueli Vogt que j’ai toujours été.»

Si le pouvoir ne signifie pour lui, la hiérarchie est importante à ses yeux. «Je pense que le leadership est lié à un ordre hiérarchique clair, soutient-il. Quelqu’un doit définir des objectifs, des domaines de responsabilité, des tâches et des délais et imposer des décisions.» C’est là que son passé de premier lieutenant lui sera utile.

Il est sûr de lui

Mais lorsqu’on lui demande s’il prendrait le principe de collégialité aussi à la légère que le sortant Ueli Maurer, le Zurichois précise qu’il se présente en tant que coéquipier. «Pour moi, la collégialité est centrale», même si c’est un exercice d’équilibre. «On est membre d’un organe et en même temps, on ne doit pas renier ses positions.»

Le membre de l’UDC semble parfaitement sûr de lui. Son coming out à 19 ans, par exemple, ne l’a pas affecté. «C’était simplement une autre facette de moi.» Et après avoir discuté avec d’anciens conseillers fédéraux et leur entourage, il est désormais certain que «c’est aussi à soi-même de décider à quel point sa fonction est accaparante. Il y a de la place pour différentes personnalités au Conseil fédéral.»

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