Un vieil adage de la Berne fédérale dit que le meilleur ne devient pas conseiller fédéral. La meilleure non plus, devrait-on ajouter. Mais comment déterminer qui est le ou la meilleure, c’est une autre question.
Tout le monde est d’accord: Elisabeth Baume-Schneider, dite «EBS», est romande à 100% — même si elle s’exprime très bien en suisse allemand. Elle est également 100% socialiste — elle n’appartient pas à la droite du parti, comme ses adversaires. La conseillère aux Etats ne fait pas seulement fondre le cœur des membres romands du groupe parlementaire, mais aussi celui des Alémaniques, qui se réjouissent de la montée en puissance de la Jurassienne.
Eva Herzog tremble
La question n’est donc plus de savoir si EBS sera sur le ticket que le Parti socialiste (PS) présentera au Parlement, mais plutôt qui pourra y prendre place à ses côtés. L’ex-conseillère d’Etat jurassienne fait de l’ombre à la conseillère aux Etats bâloise Eva Herzog et à la conseillère d’Etat bernoise Evi Allemann, toutes deux en lice pour le Conseil fédéral.
Selon plusieurs sources internes à son parti, Eva Herzog craindrait de voir sa concurrente Evi Allemann figurer sur un ticket à deux aux côtés d’Elisabeth Baume-Schneider. Le PS osera-t-il se priver de la candidature de la Bâloise, favorite de l’Assemblée fédérale et de la droite?
La succession d’Ueli Maurer en premier
Ce serait un affront pour le Parlement. Une nouvelle dynamique pourrait alors naître, selon laquelle les parlementaires se tourneraient tout de même vers une candidate sauvage, c’est-à-dire non proposée par le PS, en la personne de Eva Herzog. Il est toutefois peu probable que cela se produise.
Dans le cas où le PS sélectionnerait Eva Herzog pour son ticket, Evi Allemann aurait-elle alors une chance? Difficile à dire: il est fort possible que ses origines bernoises lui portent préjudice. En effet, avant l’élection du successeur de la conseillère fédérale PS Simonetta Sommaruga, le successeur du conseiller fédéral UDC Ueli Maurer doit être désigné. Si, comme prévu, le favori bernois Albert Rösti s’impose, beaucoup ne seront pas disposés à voter une nouvelle fois pour une personne d’origine bernoise. Ce qui augmente encore les chances d’Elisabeth Baume-Schneider.
Avantage de Berne
Toutefois, si Eva Herzog parvient à se hisser sur le ticket aux côtés de la Jurassienne, c’est probablement la Bâloise qui entrera au Conseil fédéral. Dans le cas où Elisabeth Baume-Schneider ne parviendrait pas à entrer au gouvernement, cette dernière sortira quand même gagnante de cette expérience qui aura fait grimper sa notoriété.
Quoi qu’il en soit, ce sont les Bernois qui ont le plus de chances de faire la fête le 7 décembre. Car même dans le cas improbable où le président de la commune d’Uetendorf Albert Rösti et la conseillère d’Etat Evi Allemann manqueraient l’élection au Conseil fédéral, les citoyens pourront tout au plus se réjouir de l’entrée au gouvernement de l’une des leurs: le père de Elisabeth Baume-Schneider, Jean Schneider, est originaire de Seftigen (BE).
Le Conseil du PS va auditionner les trois candidates vendredi à Berne, a rapporté l’ATS. Il proposera ensuite une recommandation au groupe parlementaire. Rien n’est encore joué: les parlementaires socialistes n’ont aucune obligation de suivre l’avis du Conseil du PS.