Il y a quelques semaines encore, l'ancien chef de l'UDC Albert Rösti semblait presque trop à gauche pour succéder à Ueli Maurer au Conseil fédéral. Du moins en comparaison avec ses concurrents, partisans de la ligne dure, comme le politicien de la sécurité Werner Salzmann. On a même dit du Bernois qu'il était gentil et facile à vivre.
Le peuple a déjà montré une certaine confiance dans le sens des réalités d'Albert Rösti: dans un sondage, il était, tous camps confondus, le favori pour le deuxième siège de l'UDC au Conseil fédéral.
Hans-Ueli Vogt encore dans la course
Albert Rösti jouit toujours d'un fort capital sympathie auprès de la population. C'est ce que montre un récent sondage représentatif réalisé par l'institut de recherche Sotomo pour Blick. Près de 12'000 électeurs de Suisse alémanique et de Suisse romande se sont exprimés à ce sujet.
Son concurrent, le professeur de droit et ancien conseiller national Hans-Ueli Vogt, n'est cependant pas du tout distancé. Lorsqu'on regarde les chiffres, Albert Rösti obtient un score de 50%, tandis que son adversaire zurichois obtient 43%.
Hans-Ueli Vogt marque surtout des points grâce aux partisans de la gauche et des écologistes. Ainsi, dans l'électorat des Vert·e·s, deux bons tiers se prononcent en faveur du professeur originaire de Winthertour.
Au sein du PS et des Vert'libéraux, la sympathie pour Hans-Ueli Vogt est également nettement plus grande que pour Albert Rösti. Les diplômés universitaires ont également une nette préférence pour le premier (51% contre 38% pour Albert Rösti).
Dans le camp bourgeois en revanche, le Bernois reste le favori, avec 66% de vote. L'approbation est la plus élevée parmi les partisans de l'UDC. Grâce à la candidature d'Hans-Ueli Vogt, Albert Rösti n'est plus soupçonné d'être positionné trop à gauche.
Chances d'élection plus élevées pour Rösti
Michael Hermann, directeur de Sotomo, explique la popularité surprenante d'Hans-Ueli Vogt par le fait que celui-ci est perçu comme un «homme conciliant», tout comme Albert Rösti. Mais il est aussi «citadin, homosexuel, favorable au mariage pour tous et intellectuel».
La réputation d'Albert Rösti a en outre été ternie depuis que les médias ont fait de ses nombreux postes un sujet de discussion. «Ses activités de lobbying pour les secteurs du pétrole et de l'automobile lui ont sans doute coûté des sympathies dans le camp gauche-vert», ajoute Michael Hermann. C'est le prix à payer lorsque l'on est favori.
L'outsider Hans-Ueli Vogt a été peu mis en lumière jusqu'à présent - Albert Rösti a été sous les feux des médias. Conséquence: les électeurs, des Verts aux Vert'libéraux, ne veulent en aucun cas voir Albert Rösti au Département de l'environnement et des transports (DETEC), comme le montre également le sondage. Parmi les partisans du PS, 84% se prononcent contre un ministère de l'Environnement et de l'énergie dirigé par Albert Rösti.
Malgré la popularité d'Hans-Ueli Vogt dans le camp gauche-vert, les chances d'élection de son concurrent bernois au Parlement restent plus élevées. Car pour avoir une chance de gagner, Hans-Ueli Vogt devrait savoir que le camp gauche-vert jusqu'aux Vert'libéraux est uni derrière lui et qu'il peut compter sur quelques voix du centre, du PLR ou de l'UDC.
Or, rien n'indique actuellement que ce soit le cas. Des parlementaires de plusieurs partis constatent plutôt - avec un certain étonnement - que personne ne les a incités jusqu'à présent à voter pour Hans-Ueli Vogt. Sans soutien extérieur, le Zurichois aura du mal à se faire entendre.
Considéré faible par le Parlement
À cela s'ajoute le fait que le Parlement est très sceptique quant à la capacité du professeur de droit à assumer cette fonction. Même parmi les parlementaires de gauche et des verts, l'enthousiasme pour Hans-Ueli Vogt est limité. «Ceux qui voteront pour Vogt le feront uniquement pour nuire à l'UDC», estime une politicienne en coulisses. Le Zurichois serait perçu comme une figure faible sous la coupole.
De plus - et cela n'a jusqu'à présent été qu'un sujet marginal dans la couverture médiatique - il est le père de l'initiative pour l'autodétermination. Son combat contre les «juges étrangers» ne lui vaudra pas les faveurs des groupes parlementaires gauche-verts.
Les Vert·e·s, qui n'avaient jusqu'à présent jamais recommandé l'élection d'un candidat de l'UDC, joueront un nouveau rôle lors de cette élection au Conseil fédéral. Leur président, Balthasar Glättli, part du principe que son parti n'émettra pas de recommandation cette fois non plus. Mais au plus tard, lors du deuxième ou du troisième tour, les Vert·e·s devraient bien réfléchir à qui représente à leurs yeux le moindre mal: Albert Rösti ou Hans-Ueli Vogt. Et là, le joueur d'équipe Rösti, contrairement au joueur de tennis Hans-Ueli Vogt, a de bonnes chances, même dans le camp des Vert·e·s.