Où était-il les deux dernières années?
Le preneur d'otages d'Yverdon avait parcouru la moitié de l'Europe avant le drame

La famille du preneur d'otages abattu près d'Yverdon a déposé une plainte pénale contre la police. Mais qui était cet homme qui voyageait si fréquemment? Blick retrace les derniers mois de la vie de l'homme avant ce 8 février 2024, où tout a basculé.
Publié: 20.02.2024 à 17:33 heures
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Des témoins filment le moment où la police intervient dans le train où a eu lieu la prise d'otages, dans le canton de Vaud.
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Marian Nadler

Il posait souvent sur les réseaux sociaux. Ses publications reflètent l'image d'un homme heureux, sans l'ombre d'une quelconque tendance radicale. La phrase «Pass life with laughter» (en français: «Vis ta vie dans la joie») figure encore aujourd'hui dans la bio de son profil Instagram.

Mais comment ce requérant d'asile iranien en est arrivé à prendre plusieurs personnes en otage dans un train vaudois, pour finir abattu par les forces de l'ordre? Plusieurs enquêtes en cours devraient mettre la lumière sur ces questions qui restent sans réponse.

Plainte pénale déposée

A la suite de sa mort, sa famille a déposé une plainte pénale contre la police. Celle-ci vise «toutes les personnes qui ont contribué de manière illicite à la mort» de leur proche, rapporte la RTS. «Il ne méritait pas d'être tué. C'est une injustice», a déclaré le frère du ravisseur décédé à la chaîne de télévision.

Un rapport de la «Neue Zürcher Zeitung» a mis en évidence de nouveaux détails sur le preneur d'otages. L'homme originaire du Proche-Orient voyageait beaucoup et appréciait être en vadrouille, mais il avait aussi d'importants problèmes psychiques. Un récap' de ses voyages retrace les lieux qu'il a visités avant d'arriver dans ce train reliant Sainte-Croix (VD) à Yverdon-les-Bains et de passer à l'acte.

Hiver 2021

Une photo montre l'homme de 32 ans en Turquie, où il aurait travaillé comme pêcheur. On estime qu'il s'agit du premier pays visité par le Kurde après avoir quitté l'Iran, sa terre natale.

Été 2022

Le trentenaire pose devant la bibliothèque nationale d'Athènes, la capitale grecque. Difficile de savoir s'il a déposé une demande d'asile dans ce pays. Le 1er août 2022, il arrive pour la première fois en Suisse et dépose une demande d'asile au centre fédéral d'asile de Boudry (NE).

Automne / hiver 2022

Le 11 novembre 2022, le requérant d'asile est attribué au canton de Genève, où il reçoit un permis N. Il sera hébergé provisoirement dans un hôtel. Mais le 16 novembre, il ne se présente pas et disparaît de la circulation pendant une semaine. Quelques semaines plus tard, l'homme fait part de sa joie de voir la neige tomber sur les routes genevoises dans un courrier. Nous sommes alors en décembre 2022.

Printemps 2023

Lorsque le futur preneur d'otages est à nouveau localisé, son état psychique est examiné. Les spécialistes diagnostiquent des «tendances paranoïaques». Il est alors pris en charge médicalement. En février 2023, son état se détériore, à tel point qu'il est admis contre son gré dans une clinique psychiatrique genevoise. La durée de son séjour dans l'établissement demeure à ce jour inconnue.

Été 2023

Malgré une prise en charge médicale, l'Iranien parvient à nouveau à filer entre les mains des autorités. Il a «disparu administrativement» en juin 2023, annonce le service social genevois à la «NZZ». Cet été-là, on le voit publier sur Instagram et Tiktok des photos prises dans la ville anglaise de Birmingham.

Automne 2023

Le 8 septembre 2023, il réapparait à nouveau à Genève, pour se volatiliser à nouveau le 20 octobre. Des connaissances de l'homme ont déclaré qu'il s'était rendu en Pologne en passant par l'Allemagne, rapporte la RTS. On raconte qu'il aurait voulu poursuivre sa route vers l'Ukraine pour y «combattre et mourir». Pendant la prise d'otages à Yverdon, l'auteur aurait d'ailleurs mentionné le pays attaqué par la Russie, d'après une vidéo d'un otage.

Début 2024 / 8 février, jour du drame

Mais son projet d'aller combattre aux côtés des forces ukrainiennes tombe à l'eau. La police polonaise l'interpelle en route et le renvoie en Suisse. Le 24 janvier, l'homme d'origine kurde se présente à nouveau aux autorités genevoises. Il est hébergé dans le centre d'hébergement collectif de Palexpo. Il s'y fait remarquer par son comportement inquiétant. Dans la nuit du 6 au 7 février, il est victime d'une violente crise nerveuse et perd les pédales, rapporte la RTS.

La veille de son acte, le 7 février, l'homme déclare aux autorités qu'il n'a plus besoin de soins médicaux. Et le 8 février, tout bascule. Il monte dans un train reliant reliant Sainte-Croix (VD) à Yverdon et prend en otage 13 passagers ainsi que le conducteur de la locomotive. Pendant les négociations, le ravisseur demande à voir la collaboratrice du SEM qui s'occupait de son cas. Selon un otage, cette dernière se serait effectivement rendue sur place le soir même.

Mais cette dernière est arrivée trop tard pour tenter de désamorcer la situation. Lorsque l'auteur s'éloigne un bref moment de ses otages, les forces d'intervention saisissent leur chance et interviennent. Les policiers utilisent d'abord un taser pour tenter de maîtriser l'homme, puis un coup de feu est tiré. L'Iranien décédera peu après.

Reste à savoir ce qu'il découlera de la plainte déposée par la famille du ravisseur décédé. L’instruction visera notamment à déterminer si le tir du policier était justifié.

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