Tout le monde a actuellement les yeux rivés sur l'UDC: qui sera le successeur du ministre des Finances, Ueli Maurer? Mais dans les coulisses de la Berne fédérale, il se passe encore toute autre chose. Les politiques de droite y élaborent déjà des plans pour les élections générales de 2023, car le Parti libéral-radical (PLR) commence à s'énerver, tout comme le Parti socialiste (PS). Les deux partis ont les Vert-e-s dans le collimateur.
Portés par la vague écologique, les Vert-e-s ont déjà fortement progressé lors des élections de 2019 - et pourraient encore se renforcer l'année prochaine. Avec certaines conséquences: les deux sièges du PLR et du PS au Conseil fédéral vacillent désormais dangereusement. Mais les deux partis n'ont absolument pas l'intention de renoncer à une partie de leur pouvoir.
Les partis de droite ont donc mis au point un plan secret. Le chancelier Walter Thurnherr est dans la ligne de mire. Outre les sept conseillers fédéraux, il est officieusement considéré comme le huitième membre du gouvernement. L'occupation de ce poste fait soudain l'objet de vives discussions en coulisses.
Le plan: on pourrait à l'avenir donner le siège aux Vert-e-s. Ainsi, le parti pourrait déjà respirer un peu d'air dans la chambre du Conseil fédéral. Et, en même temps, le siège vacillant du ministre des Affaires étrangères PLR, Ignazio Cassis, pourrait être conservé. Le PS devrait alors lui aussi envisager plus sereinement une attaque du parti écologiste au Conseil fédéral.
Une formule magique contestée
Depuis des années, les partis ne sont pas d'accord sur la question de savoir qui doit siéger au Conseil fédéral. Selon la formule dite magique, appliquée depuis 1959, les trois partis les plus forts sont représentés au Conseil fédéral avec deux sièges chacun. Puis, le quatrième parti le plus fort obtient un siège. Cela avait du sens tant qu'il y avait trois grands partis, l'UDC, le PS et le PLR, et un quatrième parti plus petit, le Centre.
Mais la montée des Vert-e-s et des Vert'libéraux a modifié la situation. Depuis les élections de 2019, la formule magique représente plutôt mal la volonté des électeurs.
«Vouloir co-gouverner»
Depuis que la vague écologiste a atteint le Parlement fédéral, les Vert-e-s réclament, eux aussi, un siège au gouvernement. Et ils n'ont nullement l'intention de se contenter d'un lot de consolation. «Si c'est le cas, nous voulons participer au gouvernement et ne nous contenterons pas du poste de chancelier», précise la cheffe du groupe parlementaire, Aline Trede.
Au contraire: elle passe à la contre-attaque et propose plutôt que le siège de Walter Thurnherr revienne au PLR: «Avec ses parts électorales, le PLR n'a déjà plus droit à deux sièges pleins au Conseil fédéral.»
Un créateur silencieux
La présidence de la Chancellerie fédérale ne doit pas être sous-estimée. Le chancelier ou la chancelière de la Confédération sont des créateurs silencieux qui préparent les décisions du Conseil fédéral et en informent parfois le public.
L'actuel chancelier appartient au parti du Centre et est donc volontiers considéré comme le deuxième conseiller fédéral de ce parti. Il a, lui aussi, été élu par le Parlement et occupe cette fonction depuis 2016. Et rien n'indique jusqu'à présent qu'il souhaite arrêter.
«Mon pouvoir est limité»
Le poste de chancelier de la Confédération n'est effectivement pas à sous-estimer. Walter Thurnherr ne participe pas seulement aux séances du Conseil fédéral. Il y a également une voix consultative et peut faire lui-même des propositions. De plus, il figure aussi sur la photo officielle du Conseil fédéral.
«Je ne me considère pas comme le huitième conseiller fédéral, plutôt comme le plus haut fonctionnaire, déclare Walter Thurnherr, cité sur le site Internet du Parlement. Mon pouvoir est limité. Mais j'ai une certaine influence. Je peux servir de médiateur ou de pilote, je coordonne et je fais des propositions.»
Les Vert-e-s ne veulent de toute façon pas se contenter de se tourner les pouces jusqu'à ce que les autres partis leur accordent quand même un siège au Conseil fédéral. Leur groupe parlementaire a déjà annoncé qu'il déciderait le 18 octobre s'il veut attaquer le siège UDC d'Ueli Maurer dès décembre, même si les chances de succès sont encore minces.