Le Covid se faufile à nouveau et de nouvelles variantes gagnent du terrain en Suisse. La Confédération recommande donc aux personnes à risque de se faire vacciner à l'automne. Mais celle-ci n'aura plus lieu dans les centres de vaccination, mais dans les cabinets médicaux et les pharmacies.
Dans une interview accordée à Blick, le médecin cantonal en chef Rudolf Hauri explique pour qui la prochaine piqûre est judicieuse et pourquoi il a toujours un masque sur lui.
Blick: Monsieur Hauri, le coronavirus se propage à nouveau. Devons-nous inquiéter?
Rudolf Hauri: Nous sommes toujours partis du principe que l'activité virale augmenterait à nouveau pendant la saison froide. Cela vaut pour le coronavirus comme pour d'autres maladies respiratoires. Il n'y a actuellement aucune raison de s'inquiéter. Nous devons toutefois faire attention avec ce virus, car des évolutions graves restent possibles chez les personnes à risque.
En Suisse, un variant d'Omicron domine actuellement. Nous sommes désormais aussi confrontés à de nouveaux variants comme Eris et Pirola, que l'OMS considère comme «préoccupants». Est-ce que la situation devient dangereuse pour nous?
Je dois relativiser. Lorsqu'un variant est considéré comme «préoccupant» et placé sous surveillance, il s'agit d'une notion de travail épidémiologique. Cela signifie que nous nous intéressons au variant parce qu'il a un certain potentiel de se propager davantage. Le comité scientifique part actuellement du principe que ces variants seront également plus présents en Suisse à l'avenir. Mais cela ne veut pas dire que cela doit aussi être préoccupant pour la population.
Vous levez donc l'alerte?
Il est encore difficile d'estimer comment la situation va évoluer à l'automne. Sur la base des analyses des eaux usées, nous nous attendons à une augmentation des cas de coronavirus. Nous enregistrons par ailleurs une augmentation isolée dans les hôpitaux. La situation est toutefois maîtrisable et devrait le rester.
Aurons-nous suffisamment de lits d'hôpitaux en cas d'urgence?
Il n'y aura certainement plus d'état d'urgence à cause du Covid. S'il y a une pénurie de lits, c'est uniquement parce qu'il n'y a pas assez de personnel soignant. Les lits eux-mêmes ne sont pas le problème.
La situation reste donc gérable. Avons-nous donc vraiment besoin d'une vaccination?
Nous recommandons la vaccination de rappel pour les groupes de personnes vulnérables chez qui le risque d'une évolution grave de la maladie reste élevé. Si la protection collective était au centre des préoccupations pendant la pandémie, la protection individuelle est désormais au premier plan. Chacun doit décider pour lui-même s'il veut se faire vacciner.
La recommandation de vaccination s'applique globalement à tous les seniors à partir de 65 ans, alors que nombre d'entre eux sont encore en pleine forme.
Je veux bien leur accorder ça aussi! Statistiquement parlant, le système immunitaire est toutefois plus vulnérable à partir d'un certain âge, les maladies cardiovasculaires ou respiratoires augmentent nettement. Celui qui se sent en bonne santé peut renoncer à se faire vacciner. Mais il doit aussi être prêt à assumer les risques qui en découlent.
Entre-temps, des études montrent que le booster n'a pas apporté grand-chose.
Si la protection immunitaire fonctionne, on ne gagne pas grand-chose avec le booster. Dans les groupes à risque, la vaccination ne met pas à l'abri d'une maladie et d'une évolution bénigne. Mais les vaccins apportent une protection supplémentaire contre les évolutions graves. Si l'on est déjà atteint dans sa santé, c'est décisif!
La Confédération compte grosso modo sur 1 à 1,5 million de vaccinations. Les cantons sont-ils prêts?
Je m'attends plutôt à un peu moins de vaccinations. Celles-ci sont désormais effectuées dans les structures normales, c'est-à-dire les cabinets médicaux et les pharmacies, et peuvent être gérées correctement. La vaccination pour le Covid se déroule de la même manière qu'une vaccination contre la grippe. Seule la logistique des vaccins passe encore par la Confédération et les cantons.
Pour protéger les patients, le personnel de santé et de soins ne devrait-il pas également se faire vacciner?
C'est à l'employeur de décider. Pour la protection des patients, le port du masque est aujourd'hui plus important que la vaccination du personnel de santé, car la vaccination elle-même n'empêche pas la transmission du virus.
Avec l'automne et l'augmentation du nombre de cas, les cantons semblent prendre leurs propres mesures: La ville de Zurich propose à nouveau des tests gratuits, le canton de Bâle-Ville veut soutenir financièrement les vaccinations. Un nouveau patchwork menace-t-il?
Une procédure uniforme serait certainement la bienvenue du point de vue épidémiologique. Mais nous ne sommes plus dans une situation d'exception. Certaines différences entre les cantons font tout simplement partie du fédéralisme. C'est supportable. En tant que premier médecin cantonal, ces différences ne me dérangent pas non plus.
Et quand le premier canton déclarera-t-il à nouveau le port obligatoire du masque?
Je ne pense pas qu'il y aura à nouveau une obligation générale de porter un masque. Ni au niveau cantonal, ni au niveau national. Mais ceux qui veulent se protéger doivent porter un masque. Je m'en réjouis expressément. Et j'appelle ceux qui ne portent pas de masque à faire preuve de tolérance envers ceux qui souhaitent assumer leur responsabilité personnelle de cette manière.
Portez-vous vous-même un masque?
J'ai toujours un masque sur moi, mais j'en ai rarement besoin. Je me réserve toutefois le droit de l'utiliser à tout moment, pas seulement pour le Covid, mais aussi pour d'autres virus.