Sur la terrasse ensoleillée d'un café du centre commercial de Meyrin (GE), Marco Gaetanino salue tout le monde. Le conseiller municipal (législatif), hors-parti après être passé par le Mouvement citoyens genevois (MCG) et l'Union démocratique du centre (UDC), est ici chez lui.
Cela ne l'a pas empêché de se faire cogner dans ce même centre, le 6 juillet dernier, a appris Blick. L'agresseur? Le président de l'UDC locale, Jean-François Girardet!
«C'était un samedi matin, je venais faire mes courses, contextualise l'élu municipal. Girardet faisait signer un référendum sur le parvis avec d'autres membres de l'UDC. Il m'a foncé dessus comme un hystérique!» Marco Gaetanino se dit tout de suite que «ça va être chaud». Mais il n'imagine pas que le président de l'UDC meyrinnoise va s'en prendre physiquement à lui.
Claques, coups de poing
Pourtant, Jean-François Girardet, ancien député au Grand Conseil, met à l'élu une première petite claque. Ce dernier le nargue et critique le référendum. Tout part alors en vrille. «Il me traitait de moins que rien, et il m'a mis une grosse claque, puis deux, raconte le concierge itinérant. Je lui ai dit qu'il dépassait les bornes. Et là, il m'a mis trois coups de poings en me poussant dans la poitrine!»
Le garde de Meyrin Centre s'interpose. D'un côté, le président de parti tente encore de baffer Marco Gaetanino, qui, de l'autre, le repousse de sa main. L'agent de sécurité est pris en sandwich entre les deux hommes. Puis entre dans le centre avec l'élu municipal.
«Tu peux m'insulter, pas de soucis»
Il lui demande s'il connaît l'homme qui l'a agressé. «Visiblement, ils ont déjà eu des problèmes parce qu'il fait signer son référendum dans le centre», rapporte le politicien. Ce dernier raconte son agression sans problème, en buvant un thé froid. Mais elle l'a visiblement touché.
«Tu peux m'insulter, pas de soucis, soutient le Meyrinnois. Un des membres UDC présents ce jour-là me traitait de petit con, je l'ai traité de lèche-cul, c'est le jeu. Mais tu n'as pas à me mettre des tartes. Je ne laisse pas passer la violence physique.» Le lendemain, il part pour le poste de police des Pâquis, déposer plainte.
Pas de commentaire du président
Blick a pu consulter une copie du document. Par ailleurs, le directeur de Meyrin Centre, Laurent Baldacci, confirme qu'un «échange musclé» s'est déroulé sur le pas-de-porte de sa galerie marchande. Il précise que l'agent était déjà intervenu pour demander à Jean-François Girardet de ne pas y faire de démarchage, les lieux étant «apolitiques et non-religieux».
Contacté par Blick, l'ancien député ne souhaite pas livrer sa version des faits. Il réserve ses commentaires et ses témoins pour la police, écrit-il par message.
«Déboussolé» par les coups de poing
Marco Gaetanino s'est-il laissé faire, tandis que Jean-François Girardet lui collait des baffes? Il assure que oui. «Il a plus de septante ans, précise le concierge itinérant. Il a complètement pété un câble, mais ça aurait été comme lever la main sur mon père», illustre le quadragénaire. Qui ajoute que sans l'intervention du garde, ça «serait parti en cacahuètes».
Marco Gaetanino a déjà eu maille à partir avec la justice. En 2014, alors employé technique du Théâtre Forum Meyrin depuis six ans, il dépose plainte contre les conseillers administratifs (exécutif), un membre de sa hiérarchie et deux employés, révélait la «Tribune de Genève». La raison? Les autorités locales avaient alerté la police, pensant que Marco Gaetanino avait acheté une arme et se rendait au travail avec l'objet.
La Ville avait contacté la cheffe de la police, Monica Bonfanti. L'Exécutif meyrinnois redoutait qu'il mette fin à ses jours ou «commette l'irréparable» sur son lieu de travail. L'élu a été blanchi. Il possède bien une arme, chez lui, et un permis de détention. Il avait alors porté plainte pour dénonciation calomnieuse.
Marco Gaetanino a déjà eu maille à partir avec la justice. En 2014, alors employé technique du Théâtre Forum Meyrin depuis six ans, il dépose plainte contre les conseillers administratifs (exécutif), un membre de sa hiérarchie et deux employés, révélait la «Tribune de Genève». La raison? Les autorités locales avaient alerté la police, pensant que Marco Gaetanino avait acheté une arme et se rendait au travail avec l'objet.
La Ville avait contacté la cheffe de la police, Monica Bonfanti. L'Exécutif meyrinnois redoutait qu'il mette fin à ses jours ou «commette l'irréparable» sur son lieu de travail. L'élu a été blanchi. Il possède bien une arme, chez lui, et un permis de détention. Il avait alors porté plainte pour dénonciation calomnieuse.
Il admet par ailleurs volontiers avoir été «déboussolé», surtout par les coups dans la poitrine. «Ça n'est pas normal qu'un président de parti frappe un élu», raisonne le conseiller municipal.
Un «putsch» pour reprendre la présidence
La brouille entre les deux hommes ne date pas d'hier. Entre 2020 et 2021, Marco Gaetanino rejoint l'UDC genevoise. Après des «échanges de paroles» avec Jean-François Girardet, c'est la guerre froide. Le 13 mai dernier, l'ancien député et instituteur reprend la présidence de l'UDC meyrinnoise. Le 25 juin, trois des quatre conseillers municipaux de la formation claquent la porte à cause de «divergences» avec le président.
Peu avant l'agression, Marco Gaetanino amorce une grenade en commentant le post Facebook d'une élue démissionnaire du parti. «J'ai écrit que Girardet avait bien réussi son putsch», indique le municipal. Et lorsque les deux se croisent, le 6 juillet, tout explose.
L'UDC «est trop extrémiste et raciste»
Le quadragénaire, fils d'immigrés italiens, garde une mauvaise expérience de son passage à l'UDC, qu'il envisage comme la pire erreur de sa carrière politique. «Je peux partager certaines de leurs idées sur la sécurité, consent l'élu. Mais ce parti est trop extrémiste et raciste. J'assume mes propos.»
Marco Gaetanino s'étonne aussi de la violence de certains membres du parti. «Il y a deux ans, le président UDC du Conseil municipal de Meyrin battait sa femme, il a été reconnu coupable et depuis il est parti en Valais, rapporte l'élu. Céline Amaudruz dit qu'elle défend les femmes, mais il n'a pas été viré sur le champ. Je n'accepte pas.»
Le Meyrinnois fait aussi référence au président de l'UDC Genève, qui a cogné un promeneur avec une fourche. «Ces hommes se battent contre l'insécurité, mais ce sont eux qui la créent!»