Avoir plus de temps pour ses enfants, c'était le souhait d'Adriano Valentino, un Argovien de 43 ans. «Jusqu'à peu, je travaillais dans une entreprise de restauration, tard le soir et même le week-end», explique-t-il à Blick. Et déjà dans son emploi précédent, comme gérant d'un bar érotique, les horaires étaient difficilement conciliables avec sa vie de famille.
Il a donc tenté sa chance à la Poste, comme livreur de colis. Le père de famille est conscient que c'est «un travail difficile». «Il faut se lever tôt, mais aussi finir le travail plus tôt. Et cela veut donc dire plus temps pour mes enfants», argumente-t-il.
Le 6 août dernier, Adriano Valentino se rend, via une agence d'intérim, à une journée d'essai pour un poste temporaire chez le géant jaune. Malheureusement, son essai s'est terminé en fiasco. «La Poste s'est servie de moi», se plaint Adriano Valentino. «Pour eux, je n'étais qu'un animal qui a travaillé gratuitement pendant 13 heures.» Sa conclusion: «Mieux vaut travailler que pleurer.»
«Personne n'avait le temps de m'expliquer le travail»
Motivé, Adriano Valentino se rend motivé au centre logistique de Buchs (AG): «J'étais là à 6 heures précises.» Sa mission: distribuer des colis avec une camionnette de livraison. «Malheureusement, aucun de mes coéquipiers n'a eu le temps de m'expliquer le travail», explique le père de famille de 43 ans. Seul le chauffeur avec lequel Valentino a passé la journée a eu pitié du novice et lui a expliqué les grandes lignes du travail. Ledit collègue était ce jour-là au volant du fourgon postal et Adriano Valentino était son copilote.
«Il y avait beaucoup de paquets. Mon collègue m'a dit que nous avions distribué environ 200 paquets ce jour-là». L'Argovien ajoute que son collègue se plaignant de douleurs dorsales: «Il m'a demandé si je pouvais porter les paquets lourds.»
Après une première tournée, les deux hommes ont effectué un deuxième itinéraire interminable, selon Adriano Valentino: «Nous ne sommes revenus au bureau de la Poste de Buchs qu'à 19h15.» Son collègue l'a ensuite laissé sur le parking.
«Je me suis senti exploité»
«Je n'étais certes pas cassé par le travail, mais je me suis senti exploité», confie l'homme de 43 ans à Blick. Lors de cette journée, il espérait avoir un aperçu de la vie quotidienne au travail: «Non pas se précipiter de 6h du matin à 19h15 avec seulement de courtes pauses et sans entretien d'embauche avec le chef ou l'équipe.»
Deux jours plus tard, le responsable des ressources humaines du centre lui annonce qu'il n'est pas retenu. «Il m'a dit que je ne pouvais gérer ni la pression ni le stress», détaille Adriano Valentino.
Blick a voulu savoir ce que la Poste pensait des reproches de l'homme de 43 ans. «Le 6 août a été une journée très intense pour les équipes de distribution de la Poste», a déclaré Stefan Dauner, porte-parole de l'entreprise. «De plus, des collaborateurs ont été brièvement absents pour cause de maladie.» Il se défend: «Nous rejetons clairement le reproche selon lequel la Poste aurait profité de Monsieur Valentino. On a respecté toutes les directives en vigueur.»
Stefan Dauner ajoute: «En principe, on prend très volontiers du temps pour les collaborateurs à l'essai lors de ses journées afin qu'ils puissent se faire une idée réaliste du travail quotidien.» Le porte-parole du géant jaune conclut: «Nous regrettons que cela ne se soit pas fait dans les conditions habituelles.»
«Journée absolument exceptionnelle»
D'une manière générale, l'été est une période plus calme et la plupart des collaborateurs peuvent en profiter pour récupérer leurs heures. Mais le 6 août a été «un jour absolument exceptionnel». L'entreprise argumente également qu'il est important que les candidats et candidates puissent se faire une idée du travail: «C'est la raison pour laquelle nous choisissons délibérément des jours où le volume des envois à distribuer n'est pas trop bas.» Et concernant le fait que la Poste ne souhaite pas continuer à collaborer avec Adriano Valentino, le porte-parole avance: «Le responsable du personnel du centre logistique de Buchs a pris une décision sur la base du retour du livreur.»
Une journée non payée
L'homme de 43 ans tombe des nues: «Le coéquipier avec lequel j'étais en tournée ne m'a donné aucun retour négatif pendant la journée. Nous n'avons eu aucun problème ensemble.» Il ajoute: «Je ne sais pas comment il en est arrivé à porter un tel jugement sur moi.»
Adriano Valentino est également surpris de la manière dont la décision a été prise: «Le chef ne m'a pas parlé pendant la journée d'essai ni après la fin du travail. Et maintenant, ils se fient simplement à l'évaluation de son coéquipier?»
Après cet épisode, le père de famille voulait tout de même que la Poste lui paie sa journée d'essai: «J'étais une main-d'œuvre qui travaillait gratuitement pour la Poste.» Mais problème: «Les rémunérations pour les journées d'essai ne sont en principe pas courantes, ce n'est pas seulement le cas à la Poste», explique le géant jaune. «La Poste ne versera aucune indemnité à Monsieur Valentino pour sa journée d'essai.»
Entre-temps, l'agence d'intérim qui a recommandé la journée d'essai à Adriano Valentino l'a payé 12,25 francs de l'heure, alors qu'elle n'y était pas obligée. Le géant jaune précise: «Le paiement n'a pas été effectué sur ordre de la Poste, et l'agence d'intérim ne nous a pas facturé ce montant.»