Encore un peu de benzène?
Gare aux fournitures scolaires toxiques!

Marqueurs, colle ou encore effaceurs contiennent des substances pouvant être nocives pour la santé. Alors que les enfants utilisent quotidiennement ces outils à l'école.
Publié: 22.08.2022 à 15:53 heures
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Dernière mise à jour: 23.08.2022 à 06:33 heures
«Des phtalates ont été retrouvées dans des gommes, du benzène dans des stylos et du chloroforme dans des encres et du ruban adhésif», explique Aurélie Mathieu-Huart, coordinatrice de l’expertise Anses.
Photo: DUKAS
Nora Foti

Beaucoup auront mâchouillé le bout d’un stylo. Les plus téméraires auront même inhalé exprès l’odeur du liquide blanc provenant d’un célèbre correcteur.

Vient le moment de la réalisation: pendant des années, les concernés et concernées ont probablement été en contact avec des substances chimiques. C’est la conclusion que l’on peut tirer d’une expertise alarmante rendue par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Et qui reste d’actualité à l’occasion de la rentrée scolaire suisse.

Le rapport de l’organisme français, publié il y a un mois environ, liste une dizaine de familles de substances chimiques le plus souvent identifiées dans les fournitures scolaires. Parmi elles, les phtalates, le chloroforme, le benzène, le plomb, les colorants et substances parfumantes.

«Des phtalates ont été retrouvées dans des gommes, du benzène dans des stylos et du chloroforme dans des encres et du ruban adhésif», explique ainsi Aurélie Mathieu-Huart, coordinatrice de l’expertise Anses, à la matinale de la RTS.

Des effets sur la santé

Le problème? Certaines de ces substances chimiques peuvent entraîner des effets pour la santé, lorsqu’elles sont inhalées, ingérées, ou en contact avec la peau, précise la porte-parole interrogée.

Il existe des fournitures scolaires qui seraient plus problématiques que d’autres: «Les feutres, effaceurs, cartouches d’encre, marqueurs, peintures ou encore surligneurs sont particulièrement concernés, souligne Suzanne Déoux, médecin ORL et spécialiste de l’écologie médicale, lors de l’émission radio.

Sollicitée par la ville de Grenoble, la spécialiste a surtout étudié les émissions de molécules toxiques ou allergisantes. «Nous avons trouvé des produits ahurissants, qui émettaient énormément», alerte ainsi la chercheuse, qui a coordonné l’étude Trouss’air.

Des types de fournitures scolaires moins dangereux ont toutefois aussi été évoqués. Il faudrait ainsi privilégier les colles blanches en bâton (à base d’amidon), plutôt que les colles liquides. Dans la même veine, les stylos roller seraient moins nocifs pour la santé que les stylos à bille.

Problématique peu abordée

En Suisse comme en France, les fournitures scolaires ne sont soumises à aucune réglementation spécifique. «Il existe l’Ecolabel Européen, indique Suzanne Déoux. Celui-ci concerne tout ce qui est papier.»

La médecin précise également que certains outils scolaires peuvent être considérés comme des jouets et donc être davantage réglementés. C’est le cas des craies ou des crayons de coloriage, dont l’emballage peut être paré du marquage «CE», assurant l’absence de la plupart des substances chimiques gênantes.

Le sujet n’est que très peu abordé à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui considère que la question n’est pas forcément de son ressort, conclut la RTS.

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