Les enfants de douze ans doivent-ils savoir ce que sont les plugs anaux et comment utiliser une digue buccale? Certainement pas, estime la conseillère nationale UDC Verena Herzog. C'est pourtant de cela qu'il est question - entre autres - dans la brochure «Hey You». Cet ouvrage d'information destiné aux écoles est depuis longtemps un sujet qui a le don d'agacer Verena Herzog. La Confédération et la fondation Santé Sexuelle Suisse l'éditent à hauteur de 800'000 francs par an.
L'association «Initiative de protection» - au comité de laquelle siègent, outre la conseillère nationale UDC, ses collègues de fonction et de parti Andrea Geissbühler et Andreas Gafner, ainsi que le politicien du centre Benjamin Roduit - veut maintenant des mesures immédiates. La «brochure perverse» doit être retirée de la circulation, exige l'association dans une lettre adressée à tous les directeurs de l'éducation et à la Conférence des directeurs de l'instruction publique.
«Ça ne peut définitivement pas être le rôle de l'école de donner des instructions à des enfants de douze ans sur l'utilisation de jouets anaux et d'autres jouets sexuels!», peut-on lire dans une lettre publiée par l'association. Pire encore: les enseignants qui donneraient des instructions sur la pornographie à des élèves «se rapprocheraient de comportements illégaux» et de la pratique qu'on appelle le «grooming», autrement dit le pédopiégeage en français.
Une fourchette d'âge trop large?
L'ouvrage éducatif de 60 pages «Hey You» s'adresse aux jeunes de 12 à 18 ans. Dans une interview accordée aux journaux de «CH Media», l'expert Jakob Pastötter, président de la Société allemande de recherche sur la sexualité, émet des critiques la tranche d'âge choisie: l'information contenue dans la brochure n'est pas adaptée à des jeunes.
«Celui qui pense pouvoir s'adresser simultanément à des jeunes de 12 à 18 ans ne possède même pas une compréhension rudimentaire de la psychologie du développement des tranches d'âge», critique Jakob Pastötter.
Une meilleure information pour une meilleure protection
L'éditeur de l'ouvrage, Santé Sexuelle Suisse, n'est pas d'accord. Selon sa directrice Barbara Berger, l'éducation sexuelle globale ne se limite pas à la transmission d'informations sur la procréation.
Elle s'oppose aussi fermement à l'accusation de «grooming»: «Il est prouvé que les enfants et les jeunes qui ont accès à une éducation sexuelle depuis leur plus jeune âge sont mieux protégés contre les agressions.»
«Influence excessive des LGBTQIA+»
Verena Herzog a cependant déjà porté plainte au Parlement: par voie d'intervention, elle remet en question la contribution annuelle de Santé Sexuelle Suisse - et critique l'influence «excessive des milieux LGBTQIA+». Les thèmes de la transidentité et de la diversité sexuelle sont «mis en avant de manière disproportionnée et les élèves sont carrément invités à remettre en question leur identité de genre et leur orientation sexuelle», juge-t-elle.
Selon «CH Media», 38'000 exemplaires de «Hey You» ont été commandés depuis sa publication, ce qui correspond à environ 1500 classes.
(Adaptation par Lliana Doudot)