L’homme a la tête posée sur les rails. Il compte en finir avec la vie. Ce mercredi 13 juillet, entre 22h30 et 23h, six militaires de la caserne de Colombier (NE) s’apprêtent à prendre le tram — aussi appelé Littorail — pour rentrer de leur sortie, la seule de la semaine. Ils ne se doutent encore de rien.
Ces services sont disponibles 24 heures sur 24 pour les personnes en proie à des envies suicidaires et pour leur entourage:
- Consultation téléphonique de la Main Tendue: composez le 143. Site web: www.143.ch.
- Service téléphonique de Pro Juventute (pour les enfants et les jeunes): composez le 147. Site web: www.147.ch.
- Pour plus d'informations: www.parler-peut-sauver.ch.
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«En arrivant sur le quai, on voit qu’il y a une certaine agitation, mais on se dit que ce sont des gens qui font la fête, amorce Jason Luwawu, sergent comme ses cinq compères de l’école d’infanterie, joint par Blick. Mais d’un coup, une femme accompagnée d’un jeune garçon nous appelle à l’aide…» Le groupe de sous-officiers réalise ce qui est en train de se passer.
Et réagit. «Le tram allait arriver deux minutes plus tard, contextualise le Lausannois de 24 ans. Sans trop réfléchir, on prend tout de suite pris les choses en main: deux d’entre nous sécurisent le périmètre en éloignant les gens, deux prennent contact avec la police pour qu’elle prévienne le conducteur et les deux derniers sautent sur les voies…»
«Il crie, déchire ses habits»
L’individu — «il devait être dans la trentaine ou la quarantaine» — ne se laisse pas faire. «Avec un camarade, on tente de le relever une première fois, mais il doit faire entre 90 et 110 kilos, est alcoolisé et n’est pas très coopératif. Il crie, déchire ses habits… Finalement, on réussit à l’éloigner des rails. Mais il continue de se débattre.» Jason Luwawu confie avoir dû faire usage de technique d’entrave apprise en service pour le maîtriser en attendant l’arrivée des forces de l’ordre.
«La commandante nous a proposé un suivi psychologique, mais j’ai refusé, glisse cet employé de banque au civil. Cette nuit-là, je n’ai pas réussi à dormir d’une traite comme d’habitude.» Il devra attendre le week-end et de revoir ses proches pour faire descendre la pression.
Le «merci» du chef de l’armée
Le 7 octobre, «en reconnaissance de leur action courageuse», Dylan Berger, Lucas lneichen, Arthur Miserez, lndrit Shabiji, Johann Wider et Jason Luwawu (deuxième depuis la droite sur la photo) ont été décorés. Et pas par n’importe qui: Thomas Süssli, chef de l’Armée suisse, a fait le déplacement pour l’occasion.
Le moment est solennel et le commandant de corps salue leur bravoure: «Je vous remets la distinction du CdA (ndlr: pour chef de l’Armée), merci pour ce que vous avez fait.» Les photos et la vidéo diffusées sur Instagram par l’armée ont déjà recueilli près de 12’000 likes. Un score au-dessus de la moyenne pour ce compte officiel.
Pas de nouvelles de l’individu secouru
Jason Luwawu compte continuer de grader pour devenir fourrier. En clair, responsable des repas, de la comptabilité et du bien-être d’une troupe. Il a quitté Colombier et suivra sa formation à Berne. Il regrette de n’avoir aucune nouvelle de l’homme qu’il a aidé cet été.
Contactée, la police cantonale neuchâteloise confirme être intervenue car un individu «menaçait de mettre fin à ces jours sur les voies du tram». «Nous avons reçu l’appel à 22h51, écrit Georges-André Lozouet, porte-parole. La personne a été prise en charge par les gendarmes et conduite aux urgences psychiatriques (...). Nous n’avons pas d’autres éléments à communiquer au sujet de cette affaire.»