Dadvan Yousuf sous pression
Le faux cryptomilliardaire est menacé de saisie

Après la liquidation de sa fondation et l'ouverture d'une procédure pénale contre Dadvan Yousuf, la menace d'une saisie plane désormais sur celui qui prétendait être devenu milliardaire grâce à la cryptomonnaie.
Publié: 26.01.2024 à 21:01 heures
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Le prétendu «crypto-prodige» Dadvan Yousuf risque d'être saisi le 7 février dans le Seeland.
Photo: ZVG/Simon Tanner
Harry Büsser Martin Schmidt

La «Feuille officielle suisse du commerce» (FOSC) a publié, le 24 janvier, deux avis de saisie contre Dadvan Yousuf, pour un montant total d'un peu plus de 100'000 francs.

Dadvan Yousuf s'était fait connaître en tant qu'enfant prodige de la cryptomonnaie. Il prétendait être devenu multimillionnaire en investissant dans les devises numériques. Son histoire était si belle que beaucoup ont voulu la croire: Arrivé en Suisse à 11 ans comme réfugié irakien, il aurait posé la première pierre de sa fortune en 2011 sur un parking à Ipsach, au bord du lac de Bienne. Il y aurait vendu tous ses jouets – sa Nintendo, ses Pokémon, ses Memorys et ses puzzles. Avec le produit de la vente, il a acheté ses 10 premiers bitcoins pour 15 euros. Avec d'autres achats et un commerce habile de crypto-monnaies, il serait devenu multimillionnaire, voire milliardaire.

Une procédure pénale engagée

Mais le journal «Handelszeitung» a rapidement trouvé plusieurs incohérences dans son histoire. Par exemple, contrairement à ce que l'on pouvait lire, Dadvan Yousuf n'avait pas terminé son apprentissage d'employé de commerce. On a également pu lire qu'il avait acheté des bitcoins par carte de crédit sur une plateforme qui n'autorisait pas ce genre de transactions à l'époque. Il a ensuite affirmé avoir acheté des bitcoins sur une autre plateforme qui n'acceptait cependant pas ces monnaies à l'époque. Lorsque la «Handelszeitung» l'a confronté à ce sujet, il a répondu qu'il ne se souvenait plus exactement.

Entre-temps, il a continué à utiliser sa notoriété pour promouvoir son propre cryptomonnaie, le Dohrnii. S'ensuivent alors plusieurs promesses pour inciter à acheter sa devise. En lien avec le Dohrnii, il a créé en 2021 une fondation qui a été liquidée au printemps 2023. En mai 2023, le ministère public bernois a engagé une procédure pénale contre Dadvan Yousuf pour escroquerie par métier.

Deux avis de saisie

Il est notamment reproché à Dadvan Yousuf d'avoir convaincu des investisseurs d'acheter sa cryptomonnaie Dohrnii à l'aide de divers médias nationaux et internationaux ainsi que lors de manifestations. Et ce, sans qu'il ait eu l'intention de réaliser effectivement le projet en question. Il aurait également voulu inciter les investisseurs à acheter le Dohrnii en les trompant sur un algorithme qu'il avait inventé pour le commerce automatisé de cryptomonnaies.

Et maintenant, les avis de saisie. La société informatique Saynode Operations AG veut le faire saisir pour environ 66'000 francs (sans les intérêts), car Dadvan Yousuf n'aurait pas payé des factures pour des développements de logiciels datant de l'été 2022, comme on peut le lire dans le «Journal officiel». Il y est aussi indiqué qu'un certain Johann Kappeler réclame 38'000 francs par saisie. Cette dette résulterait d'un «Termination Agreement».

Confronté aux avis de saisie, Dadvan Yousuf écrit par e-mail qu'il est encore en procès avec la société Saynode. Il pense que le tribunal décidera que la créance «n'existe pas, ou plutôt n'existe pas contre moi». La créance n'existe que parce qu'il a fait opposition tardivement à l'époque. Il peut à présent déposer le montant auprès de l'office des poursuites. Il y sera bloqué jusqu'à ce qu'un jugement définitif soit rendu.

Lieu de séjour inconnu

Concernant la créance de Johann Kappeler, Dadvan Yousuf admet qu'elle a été reconnue par un jugement définitif et qu'elle ne peut donc plus être supprimée. «Je vais la payer en conséquence.»

La saisie pour les deux créanciers sera exécutée le 7 février à neuf heures à l'office des poursuites du Seeland. Dans la «feuille officielle», Dadvan Yousuf est rendu attentif au fait qu'il est tenu d'assister à la saisie ou de se faire représenter. S'il ne donne pas suite à cette invitation, la mise sous séquestre sera exécutée en son absence à l'Office des poursuites du Seeland. A l'expiration du délai de participation et à défaut de constatation de biens saisissables, un acte de saisie serait établi ou un acte de défaut de biens serait délivré.

On peut lire dans le «Journal officiel» que les autorités ne savent actuellement pas où se trouve l'ancien magnat de la cryptomonnaie: «La publication ci-dessus remplace la notification directe de l'avis de saisie au débiteur dont le lieu de séjour est inconnu.»

Dadvan Yousuf écrit lui-même: «En principe, je suis en Suisse et j'aurais pu réagir à tout moment à une lettre. Il me semble qu'il y a plutôt une approche stratégique à publier le tout dans le 'Journal officiel'». Il aurait l'intention de régler la créance reconnue par la loi. Il compte donc se rendre physiquement sur place pour cette raison.

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