Claude-Alain Voiblet se livre
L'ancienne star de l'UDC Suisse a frôlé la mort

L'ancien vice-président de l'UDC Suisse a failli perdre la vie dans un accident de la circulation le 9 juillet. À quelques jours de Noël, Claude-Alain Voiblet revient pour la première fois sur cet épisode et prend position pour la vaccination.
Publié: 21.12.2021 à 17:18 heures
|
Dernière mise à jour: 21.12.2021 à 17:38 heures
Claude-Alain Voiblet a eu de multiples fractures et est toujours en train de se remettre.
Photo: Keystone
ANTOINE ZOOM (1).png
Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Sans que presque personne ne soit au courant, le plus grand parti de Suisse a failli perdre pour de bon celui qui a été son plus fidèle lieutenant en Suisse romande, avant la disgrâce. Lorsqu’il était vice-président de l’Union démocratique du centre Suisse (UDC), Claude-Alain Voiblet incarnait quasi à lui tout seul la droite conservatrice dans ce coin de pays et a durablement marqué les plateaux de télévision et hémicycles qu'il a fréquentés.

Comment l’oublier? Claude-Alain Voiblet a toujours été un combattant. Un féroce débatteur, parfois excessif dans ses saillies, qui enchaînait les coups d’éclat. Jusqu’à sa chute: son exclusion en 2016 de la section vaudoise de l'UDC pour une drôle d'histoire de pancartes électorales.

Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts. Au téléphone, un homme apaisé se dévoile. Sensible, aussi, et satisfait de s’être retiré de la vie publique. Un solide gaillard qui est retourné dans son Jura bernois pour y profiter — enfin — des siens. Mais qui a failli y laisser sa vie, le vendredi 9 juillet 2021.

Un dramatique accident de quad

«Ce soir-là, je suis allé tout seul à la montagne en quad, glisse Claude-Alain Voiblet à Blick. C’est une route que je connais bien. Mais, en redescendant de la Werdtberg à Montoz, il y avait du gravier sur le goudron. J’ai raté un virage et je suis passé en bas.» L’ex-figure du parti agrarien estime sa chute à une quinzaine de mètres. Et assure spontanément qu’il n’était pas alcoolisé.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

«Je me suis retrouvé coincé sous mon véhicule, contre un arbre, se souvient-il. Je n’avais pas mon natel et je n’arrivais plus à bouger. Finalement, les secours m’ont retrouvé avec un hélicoptère bien plus tard, vers 3h du matin. Comme je l’ai écrit sur Facebook ce mardi, cela a été très compliqué de me sortir d’où j’étais. Mais j’ai finalement pu être évacué, en étant grièvement blessé, vers l’Hôpital universitaire de Bâle.»

Le Jurassien a littéralement frôlé la mort. Et les fractures étaient nombreuses. «Je me suis cassé une omoplate, une clavicule et la mâchoire, détaille-t-il. J’ai aussi eu de multiples fractures au crâne et une quinzaine d’agrafes me tiennent les côtes en place.»

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

«Le Covid n'est pas une simple grippe»

Dans un premier temps, l’ancien député au Grand Conseil vaudois passe quelques jours aux soins intensifs et semble récupérer rapidement. «J’ai pu sortir après une petite semaine mais j’ai attrapé droit derrière une broncho-pneumonie, lâche-t-il. Dans mon état, ce n’était vraiment pas bon. Je suis retourné aux soins intensifs et j’y ai cette fois passé 25 jours. J’ai même été intubé.»

Il marque une pause et cherche ses mots. «Le professionnalisme de tous les intervenants qui se sont occupés de moi est à saluer, vraiment. J’aimerais beaucoup remercier toutes ces personnes». Il enchaîne: «Nous sommes privilégiés d’avoir un système de santé aussi performant en Suisse. Dans un autre pays, je ne pense pas que la fin aurait été aussi heureuse».

Plus globalement, l’ancien élu estime avoir eu beaucoup de chance dans son malheur. «Je me suis vacciné contre le Covid quelques jours avant mon accident et, à l’Hôpital de Bâle, j’ai vu des personnes se faire soigner à cause d’un Covid grave, souffle-t-il. Ce n’est vraiment pas une simple grippe. Si j’avais attrapé cette maladie en plus, bonjour les problèmes.»

Une profonde réflexion est amorcée

Durant ses longs mois de réhabilitation, Claude-Alain Voiblet a beaucoup travaillé physiquement et psychologiquement pour retrouver ses capacités. Et a même perdu près de 30 kilos. «J’en ai repris quelques-uns depuis, concède-t-il en riant. J’ai encore des petits problèmes de mobilité à un bras mais je pense que je vais y arriver. J’avance millimètre par millimètre. Je ressens aussi de la fatigue, cela se voit forcément moins de l’extérieur. Mais j’y travaille et tout ira bien.»

Durant ce long chemin de croix, Claude-Alain Voiblet dit avoir beaucoup réfléchi. À ce qui est important et à ce qui l’est moins. Aux individus qu’il pensait être ses amis et qui se sont tirés au premier pépin mais aussi… à la politique. Et l’ex-tribun ne compte pas du tout s’y remettre.

«Aujourd’hui, je me dis que j’aurais fait certaines choses différemment, notamment concernant mon engagement, mais on ne peut pas revenir en arrière, philosophe-t-il. En revanche, on peut faire en sorte d’avancer au quotidien correctement et c’est ce que je vais m’efforcer de faire.» Il éclate de rire. «Je vous rassure, on ne s'endort pas de droite avant de se réveiller de gauche, même après pareil accident.»

«Il faut se vacciner»

L’homme répète à plusieurs reprises ne plus vouloir faire de politique. Pourtant, il ne peut s’empêcher de lancer une bouteille à la mer à la première occasion: «Je ne parle pas que de mon parti, loin de là, mais il faut arrêter d’alimenter la politique du complot par rapport à la vaccination», assène-t-il.

Il développe à propos de l'UDC, qui est très critique face aux mesures sanitaires: «Il faut bien sûr pouvoir discuter et débattre de certaines mesures, notamment de celles qui visent les restaurateurs. C’est important en démocratie. Mais nous devons tout faire pour trouver une solution et pour que la vie reprenne. Et il faut donc se vacciner».

Claude-Alain Voiblet ironise et pose une question pour le moins piquante: «Pourquoi certains de mes anciens collègues qui affirment publiquement qu’il faut ficher la paix au peuple avec la vaccination vont ensuite très discrètement se faire vacciner? Chacun fait ses petits calculs politiques, mais je pense que c’est un dossier sur lequel on ne devrait justement pas faire de petits calculs.» Parole d’un animal politique qui n’a probablement pas encore dit son dernier mot, quoi qu’il prétende.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la