Paléo, jeudi, 23h30. C'est le moment de faire pipi. Dans les toilettes, mon sang se glace: vais-je tenir les 10 heures d'attente minimum, vu la foule dense qui s'amasse entre les cubicules?
Paléo toujours, 23h34. Je sors des toilettes. Mon affaire est faite. J'ai vraiment chronométré l'aventure: quatre minutes. Pourtant, il y a tellement de monde qu'on ne voit plus le sol.
Christophe, mon héros
En tant que femme, j'ai un problème capital lors de tout événement public: l'absence de toilettes. Comme toutes mes congénères, je me suis tortillée dans des files d'attente interminables, maudissant les organisateurs en observant mes amis munis de pénis aller et venir entre les urinoirs avec l'aisance de danseurs étoiles. J'ai envisagé les couches pour adultes, la déshydratation sévère, les buissons.
À lire aussi
Mais ça, c'était avant Christophe Cucheval. L'homme qui a changé ma vie, du moins entre le 23 et le 28 juillet. Responsable nettoyage à Paléo, il a travaillé cette année à agrandir les toilettes. Alléluia.
C'est la taille qui compte
«Il faut que ce soit fluide, qu'il n'y ait pas trop d'attente, raconte celui qui s'occupe des déchets, du tri et des toilettes à Paléo, au camping et sur la route. Il faut suffisamment de cubicules pour tout le monde.» Et comme toujours à la plaine de l'Asse, l'expérience doit être plaisante. «Il faut que ce soit propre, qu'il y ait du papier», résume Christophe Cucheval.
Au total, Paléo compte 428 toilettes ou urinoir. Est-ce peu, pour plus de 35'000 personnes par jour? C'est en tout cas 52 de plus que l'année dernière. Mais ce n'est pas le nombre qui fait la différence. Pour une fois, on peut l'admettre: c'est la taille qui compte.
«Chaque année, on fait un bilan WC. Cette fois, l'objectif, c'était d'agrandir les zones, confirme le responsable nettoyage. Les anciennes ont été agrandies et les nouveaux modèles sont plus vastes. Il n'y a plus qu'une porte, celle de la cabine.» Un détail qui n'en est pas un, puisqu'il permet d'éviter les croisements gênants et minime la frustration.
Gestion des flux
Autre élément important: les emplacements. «Le but, c'est d'avoir des toilettes un peu partout, développe Christophe Cucheval. Il ne faut pas que tout le monde fonce dans la même zone WC lorsqu'un concert se termine. La gestion des flux est essentielle.»
Le réseau d'eau détermine aussi les spots pour placer les toilettes, puisqu'elles ne sont ni chimiques ni sèches. La première option est «un carnage», selon l'expert, car il faut les pomper... Et la version écolo impliquerait un bal de camions pour débarrasser les copeaux. Heureusement, à Paléo, la station d'épuration n'est pas loin.
Chronométrage de pipi
Pour raccourcir les files d'attente, le critère du temps passé aux toilettes est évidemment crucial. Paléo a mis en place un système dont d'autres feraient bien de s'inspirer: chronométrer les festivaliers. «On a une équipe d'observateurs qui calcule combien de temps attendent les gens entre chaque passage au WC», révèle le responsable.
Ce sont eux, notamment, qui participent au briefing toilettes annuel. Toutes les pistes sont explorées, comme les urinoirs féminins. Certaines n'ont pas attendu cette nouveauté pour tenter l'expérience, d'ailleurs.
La soirée aux WC
Sur les huit îlots de WC de Paléo, sans compter les toilettes pour les stands et le staff, des équipes tournent toute la matinée, toute la soirée et la nuit. «Je n'ai aucun problème à trouver des bénévoles, sourit Christophe Cucheval. L'ambiance qu'ils ont créée est géniale, ils se marrent!»
Devinez qui a passé une soirée à suivre les «t-shirts verts», entre pompe à caca et recharges de PQ? C'est bibi! Mais ne faites pas dans vos culottes sous le coup de l'impatience, vous saurez tout samedi, promis!