Danser juste sous la scène, percevoir chaque expression faciale du chanteur, attraper au vol les baguettes rongées par les cymbales ou les plectres propulsés dans les airs par les musiciens... Même pas en rêve pour les personnes qui craignent les foules! La simple idée de se perdre dans une marée humaine mouvante provoque, chez de nombreux d'entre nous, de véritables sueurs froides. En restant derrière, on ne voit certes rien... mais on respire mieux.
Sur la même thématique
Ce type d'angoisse peut s'avérer particulièrement encombrant lorsqu'on se trouve au cœur de Paléo, face à une programmation qui nous tirerait presque des larmes d'enthousiasme. Que faire lorsque nos amis se faufilent joyeusement parmi le public grouillant d'excitation pour être tout devant et inhaler la transpi' de Booba ou Calogero? Que faire, quand on a attendu six mois la performance live de notre artiste favori, mais qu'on parvient difficilement à avancer de quelques mètres dans la fosse?
Voici 5 points de réflexion suggérés par des experts, à l'attention de toutes les personnes concernées par ce type d'angoisse ou d'inconfort:
Admettre son inconfort
Si vous ressentez le moindre inconfort quand une masse d'inconnus se trémousse autour de vous, sachez que vous n'êtes pas seul... et que ce phénomène n'est pas si étonnant: «Il ne s'agit pas d'un contexte auquel nous sommes fréquemment confrontés, note la psychologue FSP Carolyn Jost. Puisque nous n’y sommes pas accoutumés, on pourrait se sentir un peu plus en alerte dans ce type de situation.»
Par ailleurs, il se peut que l'angoisse soit «apprise» au fil du temps, au fur et à mesure que nous associons les grands rassemblements de personnes à l'idée d'un quelconque danger: «Tout ce qu’on peut lire dans les médias à propos des mouvements de foule meurtriers nous influence, poursuit notre intervenante. Il suffit d’une expérience négative ou d’un récit effrayant pour que nous partions automatiquement du principe qu’un danger semblable est très plausible.» Sans oublier toutes les inquiétudes concernant les questions de consentement et de harcèlement, peuvent être exacerbées dans les foules: «D’autant plus qu’on peut se sentir enfermé, piégé ou dérobé de tout contrôle», pointe la psychologue.
Identifier ses déclencheurs
Pour Paul Jenny, psychologue et psychothérapeute FSP, ce type d'angoisse peut découler de plusieurs déclencheurs différents: «Par exemple, certaines personnes se sentent insécurisées lorsqu’elles ont le sentiment de ne pas pouvoir bouger ou s'échapper, notamment dans une foule qui rendrait toute tentative de fuite moins évidente, souligne-t-il. D'autres individus - et particulièrement les personnes hypersensibles - peuvent être sur-stimulés par les multiples informations sensorielles qu'implique l'événement. D'autres encore se sentent mal à l'aise en situation sociale, craignent d'être jugés ou inadaptés: une méfiance et une certaine hypervigilance peuvent alors se développer.»
Notons toutefois que ces réactions diffèrent en fonction des personnalités et des expériences de chacun: «La capacité à tolérer le stress est variable selon les individus, dans la mesure où certaines personnes auront tendance à dédramatiser plus facilement ce type de situation, poursuit Paul Jenny. Cela dépend des ressources à disposition, de l’entourage et du soutien qui peut être trouvé dans l’immédiat.» Il peut ainsi valoir la peine de décortiquer tout cela en compagnie d'un ou une psychologue.
Se familiariser avec les premiers signaux physiques
Une fois qu'on a identifié notre tendance à angoisser au milieu d'une meute de festivaliers et peut-être identifié certains de nos triggers, il est temps de prêter attention aux signes physiques pouvant annoncer un début de crise de panique. Ceux-ci sont généralement très reconnaissables, puisqu'ils peuvent s'apparenter, d'après Paul Jenny, à un «orage corporel et psychique» dont le degré d'intensité, la fréquence et la durée peuvent varier.
«On peut ressentir des réactions somatiques désagréables comme une augmentation du rythme cardiaque, une accélération du rythme respiratoire, l’impression de ne pas parvenir à respirer normalement, des nausées, des maux de ventre ou de tête, les jambes flageolantes, l’hypervigilance, des sensations accrues ou une hyperémotivité, liste notre expert. La sensation de perte de contrôle peut tendre vers la panique si l’intensité augmente encore.» Or, bien qu’elles soient très désagréables, notre intervenant rappelle que ces sensations physiques liées à l’anxiété ne sont pas dangereuses: «Il importe toutefois de veiller à sa sécurité pour éviter de tomber si le stress atteint trop d’intensité. S’asseoir est donc recommandé.»
Bien réagir quand l'angoisse monte
Si vous remarquez l'un de ces signaux d'alerte alors que vous êtes planté au milieu d'une foule compacte, il convient de réagir très vite, surtout si votre ressenti dépasse le simple inconfort: «Lorsqu'on sent l'anxiété monter, je recommande de s’orienter vers un lieu calme pour s’asseoir si besoin et boire un peu d’eau, en prenant conscience de chaque gorgée pour apaiser le système nerveux en alerte, conseille Paul Jenny. On peut aussi s’entraîner à allonger l’expiration, plutôt que de chercher à prendre l’air.»
Notre intervenant rappelle en outre qu'il vaut mieux communiquer son ressenti avec les personnes qui nous accompagnent, car le réflexe de masquer notre inconfort peut contribuer à renforcer l’anxiété: «Le simple fait de croiser des regards bienveillants et apaisants peut aussi calmer le système nerveux.»
N'oubliez pas qu'une infirmerie se tient constamment à votre disposition sur l'enceinte de Paléo (vous la trouverez sur l'application de l'événement ainsi que sur le plan du terrain) et que tout est mis en œuvre pour garantir la sécurité et la santé des festivaliers.
Apprendre à se tranquilliser
Bonne nouvelle: l'angoisse provoquée par les foules n'est pas une fatalité! Nos deux experts rappellent qu'il est parfois préférable d'en discuter avec un ou une thérapeute, surtout quand la peur impacte la qualité de vie: «Si votre angoisse est intense, que vous vous sentez isolé et qu’elle vous empêche de vivre des événements auxquels vous auriez envie de participer, n’hésitez jamais à demander de l’aide professionnelle, estime Carolyn Jost. En explorant la cause de la peur, le problème peut être facilement apaisé en thérapie.»
En revanche, si vous estimez que le phénomène est gérable et qu'il ne se présente pas à chaque fois, un exercice tout simple peut vous aider à chasser l'angoisse: «Lorsqu’on sait qu’on est gêné par les grands rassemblements et qu’on a pris des billets pour un concert qui se déroulera dans quelques semaines, c’est le moment parfait d’apprendre des techniques de respiration», encourage l'experte.
L'idée est d’anticiper l’événement (comme un concert à Paléo) et de s’habituer à réaliser quelques exercices avant le jour-j. «En effet, dès qu’on ressent de la peur ou de l’anxiété, on commence automatiquement à respirer par le haut de la poitrine, et non pas par le ventre, ce qui suractive le système nerveux sympathique et renforce les symptômes physiologiques de l'anxiété ou de la peur, explique Carolyn Jost. Lorsqu’on s’entraîne chaque jour à pratiquer la respiration abdominale, par le ventre, on apprend à activer le système parasympathique, qui indique au cerveau que tout va bien.»
Trop tard pour cette année? Pas grave, les concerts sont quand même spectaculaires depuis la semi-sérénité de l'arrière. Et au moins, vous serez prêt pour Paléo 2025!