Vous connaissez la «petite bobologie»? Cette discipline ne consiste pas à déguster des bières au pipi de chèvre en portant des chemises à carreaux, mais à soigner les petits bobos. C’est aussi la spécialité des équipes soignantes de Paléo.
À l’image du chef de la sécurité Ivan Ripic, qui estime que le travail est bien fait quand il n’y en a pas, la responsable santé du festival, Joëlle Hausser, préfère — logiquement — les petits soucis au gros.
Paracétamol et sparadrap
«Les gens viennent facilement vers nous, à l’infirmerie ou vers les patrouilles, confie la médecin-cheffe aux urgences de l’hôpital de Nyon. On donne volontiers un paracétamol ou un sparadrap, et ils repartent.»
Mais les 108 bénévoles de l’équipe de soins du plus grand open-air de Suisse ne traitent pas que des cloques et des entorses. «Paléo est une ville, souligne Joëlle Hausser. Sur 50’000 personnes, statistiquement, il se passe des choses plus graves, comme des infarctus.»
Arrêt cardiaque au cœur de la foule
L’an dernier, le pire aurait pu arriver. Un festivalier a fait un arrêt cardiaque au milieu de la foule, lors d’un gros concert sur la grande scène. «On ne pouvait pas l’évacuer par notre chemin habituel tellement la foule était dense, indique la médecin. Il a fallu improviser.»
Les équipes de Paléo ont vécu quelques minutes de gros doutes: faudrait-il arrêter le concert? Ou, au contraire, demander à la chanteuse de continuer pour distraire la foule? L’histoire finit bien et l’homme a été sauvé.
Même chance de survie depuis Paléo que depuis chez soi
Pour les urgences vitales, le mot d’ordre est: «pas de perte de chance». Une personne doit avoir les mêmes chances de survie entre Paléo et l’hôpital que de son salon à l’hôpital. «Nous avons le même matériel que ce qui se trouve dans une ambulance pour un début de prise en charge», développe la responsable santé. En plus d’une salle de suture. «Tout ce qu’on peut faire dans un box aux urgences, on le fait.»
Et chaque année, la quinzaine de médecins, la trentaine d’infirmières, les ambulanciers et les régulateurs, qui centralisent les appels et dispatchent les équipes, gèrent des cas graves. Principalement des infarctus et des réactions allergiques sévères.
L’alcool? Pas vraiment un problème à Paléo
Ce qu’on imagine d’un festival et de ses litres de bière ne se produit pas tant que ça à Paléo. Le dernier coma éthylique remonte à 7 ou 8 ans.
«Très peu de gens viennent nous voir pour des soucis avec l’alcool, confie Joëlle Hausser. Peut-être une dizaine par soir. Ici, les gens sont solidaires, il y a souvent une personne désignée dans le groupe qui ne boit pas.» Les «frangins» et les «frangines», équipes de Paléo dédiées à la prévention, parcourent le site à la rencontre du jeune public pour une petite couche supplémentaire.
Une passante blessée, une passante soignée
La médecin-cheffe a commencé sa «carrière» à Paléo comme bénévole, il y a 24 ans. Joëlle Hausser gère désormais 108 soignants. La commission de prévention se rencontre tous les jours et collabore avec les autres secteurs. Et bien que les équipes soignantes ne soient pas un hôpital — «nous ne posons pas de diagnostic et nous ne faisons pas de radio» —, elles n’hésitent pas à sortir de la mission «festival» si un cas se présente.
«Nous avons soigné une jeune femme qui n’était pas du tout à Paléo, se souvient Joëlle Hausser. Elle roulait à vélo entre le camping et le festival et elle est tombée. Le 144 l’a dirigée vers nous.»