«Ça devient politique là, qu'est-ce qu'on fait?»
La RTS a-t-elle censuré le message pro-palestinien de l'artiste lausannois Sami Galbi?

Le concert du Lausannois Sami Galbi, diffusé en direct depuis Paléo sur les ondes de Couleur 3, a été interrompu au moment où l'artiste scandait un message pro-Palestine. Censure volontaire? La chaîne du service public parle d'un «malheureux concours de circonstances».
Publié: 26.07.2024 à 18:15 heures
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Dernière mise à jour: 26.07.2024 à 18:46 heures
L’animateur Hadrien Mayoraz a été «surpris au moment de reprendre la main», indique le porte-parole de la RTS, Marco Ferrara. Il y a eu «au pire, une maladresse dans le choix des mots, mais en aucun cas une volonté de ne pas laisser l’artiste s’exprimer», assure-t-il.
Photo: © Paléo / Lionel Flusin
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Le malaise était palpable sur les ondes de Couleur 3, mardi 23 juillet. À l'occasion de Paléo, la chaîne de la Radio télévision suisse (RTS) s'est mise en mode on tour. À 16h, elle diffusait en direct le concert de l'artiste lausannois d'origine franco-marocaine Sami Galbi.

Entre deux chansons, l'artiste lance à la foule un «free Palestine», puis clame: «ceasefire now» (ndlr: «libérez la Palestine» et «cessez-le-feu maintenant»). Malaise du côté de l'animateur. Depuis le studio de Couleur 3, il interpelle sa collègue Anne Flament, présente au concert. «Ça devient politique là, qu'est-ce qu'on fait?, demande Hadrien Mayoraz. Tu veux pas revenir au studio?».

Sami Galbi dénonce

Puis, l'animateur indique qu'il va lancer un titre, ce qu'il fait. Coupant ainsi le concert de Sami Galbi. Une décision qui ne passe pas pour l'artiste. Sur Instagram, il a publié un texte dénonçant cette fin abrupte.

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«Après 10 minutes de retransmission de mon concert à Paléo par la radio Couleur 3, celle-ci décide d'interrompre la diffusion (...) en déclarant: 'On ne fait pas de politique ici'. Vraiment? En faisant cela vous affirmez précisément le contraire», tance le chanteur lausannois.

Un «concours de circonstances»

Plus de 150 personnes commentent la publication en soutien à Sami Galbi, dont son label genevois, Bongo Joe Records. «Laissons la culture non politique se prendre les pieds dans ses choix politiques. Soutien total Sami», écrit la maison de disques du bout du Léman.

L'artiste lausannois d'origine franco-marocaine en concert à Paléo le 23 juillet. Il a peu goûté à la coupure de son show diffusé par Couleur 3, au moment où il scandait «free Palestine».
Photo: Lionel Flusin

Que se passe-t-il à la RTS? Un mot d'ordre a-t-il été édicté pour bannir les messages politiques des chaînes du service public? Pas du tout, assure Marco Ferrara, porte-parole. Il s'agirait plutôt d'un «malheureux concours de circonstances».

L'artiste et la chaîne se sont expliqués

Couleur 3 avait prévu de diffuser trois titres de Sami Galbi en direct de Paléo, explique le communicant. Le timing est précis entre les concerts et les interviews.

«Après ces trois titres, nous devions passer sur la suite de notre émission et ne savions pas qu’il allait parler de la Palestine pile à ce moment-là, développe Marco Ferrara. L’animateur a été surpris au moment de reprendre la main et il y a eu, au pire, une maladresse dans le choix des mots, mais en aucun cas une volonté de ne pas laisser l’artiste s’exprimer.»

La chaîne de la RTS et Sami Galbi ont échangé, vendredi matin, pour s'expliquer et apaiser la situation. «Couleur 3 programme cet artiste depuis longtemps et va continuer de le faire, assure le porte-parole de la RTS. Nous allons diffuser l’intégralité de son concert à Paléo à la rentrée de septembre. Il sera invité à cette occasion pour une interview.» Contacté par la rédaction, Sami Galbi était en déplacement et n'était pas disponible pour s'exprimer sur le sujet.

Censurer les artistes? «Cela n'a pas lieu d'être»

N'empêche. Le photojournaliste gazaoui Motaz Azaiza s'était déjà plaint d'une forme de censure lors de son interview au «19h30» de Philippe Revaz, le 11 mars. Mais le porte-parole de la télévision de service public affirme qu'aucune directive visant à censurer des propos n'existe au sein de la maison.

«Jamais des raisons politiques n’ont poussé à interrompre la diffusion d’un contenu artistique, garantit Marco Ferrara. Cela n’a pas lieu d’être, tant que les messages ne tombent sous le coup d’une norme légale, par exemple en matière de racisme ou d’homophobie.»

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