Au moins 40% des réfugiés devraient travailler
Les réfugiés ukrainiens devront travailler plus pour permettre à la Confédération d'économiser

D'ici la fin de l'année, 40% des Ukrainiens aptes à travailler devraient avoir trouvé un emploi. Tel est l'objectif de l'Administration fédérale des finances (AFF). Le ministre de la Justice Beat Jans sera en charge de ce défi avec l'aide de Guy Parmelin.
Publié: 26.02.2024 à 06:10 heures
|
Dernière mise à jour: 26.02.2024 à 09:14 heures
1/8
La pression sur les Ukrainiennes et Ukrainiens pour qu'ils s'intègrent dans le marché du travail augmente.
Photo: keystone-sda.ch
RMS_Portrait_AUTOR_1047.JPG
Ruedi Studer

Environ 65'000 Ukrainiens ayant trouvé refuge en Suisse bénéficient actuellement du statut de protection S. Ils ont le droit de rester sur le sol suisse au moins jusqu'en mars 2025. Mais leur présence coûte cher à la Confédération – plus d'un milliard de francs par an. 

La ministre des Finances Karin Keller Sutter a récemment annoncé vouloir faire des économies: la Confédération doit se serrer la ceinture, sans quoi dès l'année prochaine, le budget risque de présenter un déficit de 2,5 milliards de francs, voire plus. Les fumeurs et les parents font partie des groupes impactés. Mais le Parlement souhaite aussi réduire les dépenses liées aux réfugiés Ukrainiens. Ces derniers aussi devront apporter leur contribution en travaillant davantage.

Mais souvent, la barrière linguistique est un obstacle insurmontable sur le marché du travail. La Confédération a donc décidé de mettre les bouchées doubles: d'ici la fin de l'année, le taux d'emploi des personnes en âge de travailler âgées de 18 à 64 ans doit passer de 22% actuellement à 40% selon la proposition de la ministre de l'lntérieur PS Elisabeth Baume-Schneider en novembre dernier.

Les fonctionnaires de KKS visaient un objectif de 50%

L'origine de ce projet ambitieux ne revient toutefois pas à Elisabeth Baume-Schneider en personne, mais à des fonctionnaires des finances de Karin Keller-Sutter. Blick a pu prendre connaissance de documents internes à l'administration en vertu de la loi sur la transparence. Selon ces documents, l'administration fédérale des finances aurait même posé un objectif de 50% sur la table lors de la consultation des offices sur le statut S.

En renforçant l'intégration sur le marché du travail, il serait possible de réduire la dépendance des réfugiés à l'égard de l'aide sociale et de diminuer ainsi les dépenses, a déclaré l'Administration des finances. Le vice-directeur Martin Walker a clairement indiqué qu'il fallait augmenter la pression en faveur de l'intégration professionnelle, «aussi bien vis-à-vis des personnes individuelles que des cantons, qui utilisent parfois encore insuffisamment les contributions versées par la Confédération pour l'intégration».

Les cantons n'utilisent pas tout leur budget

Il n'est pas surprenant de voir l'Administration des finances s'en prendre aux cantons. Pour les mesures d'intégration telles que les cours de langue ou les filières de formation, ces derniers reçoivent chaque année 3000 francs par personne de la Confédération, soit au total près de 200 millions de francs. 

Mais jusqu'à présent, les cantons n'ont pas investi la totalité de cet argent dans des mesures d'intégration. Au premier semestre 2023, seulement 60% du budget environ était utilisé à cet escient, selon un rapport spécialisé de la Confédération.

Manifestement, les cantons ne s'engagent pas tous de la même manière. Toujours est-il que, si le statut de protection devait un jour être supprimé et que les programmes d'intégration devaient prendre fin, les cantons devraient rembourser les fonds non utilisés, comme l'indique clairement le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM).

Une lettre du Conseil fédéral pour mettre la pression?

Elisabeth Baume-Schneider a tout de même reçu la patate chaude de l'Administration des finances, à quelques détails près. Mais ce n'est pas la Jurassienne qui sera sollicitée pour ce projet. Son successeur à la tête de la Justice, le Bâlois Beat Jans, sera en charge en collaboration avec le Département de l'économie, chapeauté par l'UDC Guy Parmelin. Ce dernier devra veiller à ce que le taux d'activité soit le plus élevé possible pour se rapprocher de l'objectif fixé.

Et pour ce faire, les fonctionnaires des finances ont déjà quelques idées en tête: une campagne de sensibilisation auprès des employeurs, un droit de séjour prolongé pour les personnes indépendantes de l'aide sociale ou une reconnaissance temporaire des diplômes... L'idée d'une «lettre du Conseil fédéral aux personnes en quête de protection qui n'ont pas encore d'emploi» est aussi envisagée.

Les employeurs doivent engager des Ukrainiens

On ne sait toutefois pas avec quelles mesures supplémentaires le quota de 40% pourra être atteint. «Il s'agit d'un objectif stratégique que tous les partenaires doivent viser ensemble. C'est donc une tâche commune de la Confédération, des cantons et de l'économie», explique le porte-parole du Secrétariat d'État aux migrations (SEM) Samuel Wyss à Blick. Le message reste clair: «Le Conseil fédéral attend des personnes en quête de protection qu'elles travaillent et il les encourage à apprendre la langue.»

Les patrons sont également davantage mis à contribution. «Les employeurs sont priés d'offrir des opportunités aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens», appelle Samuel Wyss. Des discussions ont actuellement lieu à différents niveaux et les résultats seront probablement communiqués fin avril. Si la mise en œuvre n'aboutit pas, les réfugiés ukrainiens peuvent être tranquilles. «Le fait de ne pas atteindre la valeur cible n'est pas lié à des sanctions», rassure le porte-parole.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la