Un Suisse se bat pour l'Ukraine
«Je ne veux plus voir des enfants mourir»

Le Schaffhousois Avi Motola combat les troupes de Vladimir Poutine sur le front ukrainien. Il risque la prison s'il revient en Suisse.
Publié: 19.01.2023 à 18:38 heures
1/5
Avi Motola à Kiev.
Photo: Screenshot SRF «Rundschau»
Sven Ziegler

De nombreux mercenaires étrangers combattent dans les rangs des troupes ukrainiennes contre l'armée russe. Environ 20'000 d'entre eux se sont portés volontaires pour le service militaire, selon les données de l'armée ukrainienne. Leur nombre exact cependant reste secret. Ils viennent des États-Unis, de Grande-Bretagne, de régions de l'ex-URSS – et au moins un vient aussi de Suisse.

Le Schaffhousois Avi Motola fait partie de l'armée ukrainienne en tant que tireur d'élite. Il a servi à l'est, où il a combattu les troupes de Vladimir Poutine sur le front. Dans un reportage de l'émission suisse-alémanique Rundschau, il explique ses motivations. «Je ne veux plus emballer de petits enfants dans des sacs en plastique», dit-il. Même s'il ne parvient à sauver qu'un seul enfant, son travail «en aura déjà valu la peine».

Il risque la prison en Suisse

En tant que tireur d'élite, il est avant tout «le backup de l'équipe», raconte Avi Motola. Il surveille l'environnement et guette les forces ennemies. Il lui arrive de rester des heures au même endroit, sans bouger. Sa concentration doit constamment rester élevée: «Il faut identifier les forces ennemies et, si nécessaire, les éliminer.»

Après sa mission, Avi Motola ne peut pas simplement revenir en Suisse. Dans notre pays, il risque la prison: la loi helvétique interdit de combattre dans une armée étrangère. Le tireur d'élite trouve ça incompréhensible: «Allemands, Français, Italiens - ils peuvent tous venir ici, puis repartir chez eux. Dans leur pays d'origine, ils sont même remerciés.» Lui seul, en tant que Suisse, doit s'attendre à être puni.

Un fils resté en Suisse

Malgré son engagement, il doit encore se battre encore contre les préjugés. «Beaucoup pensent que les gens comme moi viennent ici pour jouer à la guerre, pour tuer», raconte-t-il dans le reportage de la SRF. Lui veut sauver des civils et libérer les Ukrainiens des Russes. Les atrocités commises à Boutcha et Irpin notamment ont été décisives pour son engagement dans l'armée ukrainienne.

Avant la guerre, Avi Motola vivait en dehors de la Suisse. Il a laissé derrière lui sa famille, dont son fils de 4 ans. C'est pour lui le plus grand sacrifice auquel il a dû consentir. Il se pose chaque jour la question: «Mais bon sang, qu'est-ce que je fais ici?» Mais les autres combattants doivent également avoir quelque chose à perdre: «Sinon, ce serait déjà fini depuis longtemps.»

Ce mois-ci, Avi Motola se rendra quelques jours chez lui pour rendre visite à sa famille. Son contrat est limité dans le temps, mais il est probable que le tireur d'élite retourne sur le front après les vacances.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la