L’armée israélienne fait le blocus terrestre de la bande de Gaza. Les Européens envisagent donc de ravitailler par la mer les deux millions de Palestiniens coincés dans ce territoire de 360 km2, dont la façade maritime est longue d’une quarantaine de kilomètres. Ce «corridor humanitaire maritime» serait une première dans l’histoire de Gaza. Il reliera, s’il se met en place, l’enclave palestinienne à l’île de Chypre. Cette dernière servira de base arrière pour le ravitaillement et l’assistance médicale aux populations civiles, alors qu’une intervention au sol de l’armée israélienne semble imminente.
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Des navires «multimissions»
Les 27 pays membres de l’Union européenne (UE), réunis à Bruxelles en sommet, n’ont pas approuvé un plan formel. Mais les premiers ordres ont été donnés.
Plusieurs navires battant pavillon européen, dont un bâtiment français «multimissions» capable d’héberger un hôpital flottant, voguent actuellement vers Gaza. Leur maintien au large de l’enclave devra bien sûr se faire avec l’accord de la marine israélienne, qui en contrôle tous les accès. Mais cette idée peut permettre d’assister efficacement les populations, alors que les frappes israéliennes vont continuer de s’abattre pour «décapiter» le Hamas et ses installations.
«Le but de ce futur couloir maritime est d’envoyer des médicaments et du soutien, a confirmé Emmanuel Macron en clôture du sommet. Un pont médical pourra être organisé avec Chypre. Des transits réguliers de patients et de matériel pourront être mis en place. Plusieurs de nos marines seront mobilisées. Ce système sera le plus efficace.»
Couloir maritime
L’avantage de ce couloir maritime est qu’il permettra de s’affranchir de la main mise égyptienne sur l’aide humanitaire. Laquelle transite aujourd’hui par le seul point d’entrée terrestre de Rafah. Il peut aussi grossir en volume, en fonction du nombre de navires mobilisés. Il est enfin cohérent avec le blanc-seing donné par les Européens au droit d’Israël à se défendre et à riposter.
Les «trêves humanitaires» réclamées par l’UE, dans un contexte de guerre urbaine, sont en effet bien plus difficiles à mettre en œuvre qu’une opération de secours en mer. Autre avantage selon des diplomates bruxellois: la mobilisation de navires européens dans la région permettra aussi de parer à d’éventuels flux migratoires maritimes liés à ce conflit. «On aidera vraiment et on surveillera. C’est la formule idéale», juge un ambassadeur.
Reprise du processus de paix
Un autre volet a été acté par le sommet de Bruxelles. Sur le papier du moins. Il s’agit de la relance indispensable du processus de paix sur la base de deux États. L’Espagne s’est mobilisée pour une prochaine conférence, qu’elle serait prête à accueillir. «Bien sûr, relancer le processus de paix est très difficile en pleine la lutte contre le Hamas» a reconnu Emmanuel Macron, partisan d’une coalition internationale contre le groupe terroriste palestinien, inspirée de celle existante contre l’État islamique.
«Parler de paix est une manière de bien clarifier que la lutte contre le Hamas n’est pas une lutte contre le peuple palestinien a poursuivi le président français. L’un sans l’autre, ça ne marche pas. Si on ne le fait pas, les populations victimes nous diront: vous n’apportez aucune réponse politique et elles se solidariseront avec le Hamas. La reprise d’un processus de paix est bonne pour nous, pour les Palestiniens et pour Israël.»
Reste une réalité: pour l’heure, le processus en question n’existe que dans les têtes. L’heure, plus que jamais, demeure à la guerre et au langage des armes.