Depuis l'attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier, Israël rétorque par des raids aériens massifs sur la bande de Gaza. Après de nombreux bombardements destructeurs, une offensive terrestre de grande envergure est désormais prévue.
Cela fait cependant deux semaines que la guerre a commencé et une réelle offensive terrestre n'a toujours pas été lancée. Le 13 octobre, des soldats israéliens ont pourtant commencé à pénétrer dans la bande de Gaza. Des raids et d'autres opérations similaires ont eu lieu par la suite.
Lundi, un porte-parole de l'armée israélienne a même annoncé que des troupes au sol étaient déjà sporadiquement engagées dans le territoire dominé par le Hamas. «Des raids ont été menés dans la nuit par des troupes de chars et d'infanterie», a déclaré Daniel Hagari aux journalistes. «Ces raids visent à éliminer des groupes de terroristes qui se préparent à la prochaine phase de la guerre.» L'armée israélienne a donc déjà pénétré profondément dans la bande de Gaza. Le Hamas a d'ailleurs confirmé ces avancées israéliennes. Mais alors pourquoi ne parle-t-on toujours pas de réelle offensive?
Parce qu'il faut distinguer des raids d'une opération de plus grande envergure
Parce que, militairement, il faut distinguer des raids d'une offensive terrestre. Selon Michel Wyss, de l'Académie militaire à l'ETH de Zurich, la différence réside dans le matériel et le but: «Les moyens utilisés et les objectifs sont plus limités lors d'un raid que lors d'une offensive terrestre de grande envergure. D'après Israël, ces actions avaient pour but d'obtenir des informations sur le lieu où se trouvaient les otages.» Il ne s'agirait donc pas d'atteindre un objectif plus large comme la destruction ou l'éviction du Hamas au pouvoir, par exemple.
Depuis la semaine dernière, le Hamas a déjà libéré quatre otages. La grande offensive terrestre ne devrait donc pas être pour tout de suite. Selon un rapport du «New York Times», qui s'appuie sur plusieurs fonctionnaires américains anonymes, les Etats-Unis font pression sur le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour qu'il reporte l'offensive terrestre. Il s'agirait notamment de gagner du temps pour obtenir la libération d'autres otages.
Parce qu'il faut beaucoup plus de troupes
Pour Michel Wyss, les opérations menées jusqu'à présent par Israël dans la bande de Gaza ont probablement été conduites par des forces spéciales. Mais une offensive terrestre de grande envergure nécessiterait beaucoup plus de troupes. C'est une autre raison qui explique pourquoi l'offensive terrestre tarde à être lancée. «On peut déduire que la planification et la préparation de cette offensive terrestre prennent plus de temps. De plus, des considérations politiques ou stratégiques semblent avoir conduit à un report de celle-ci», analyse Michel Wyss.
Parce qu'il faut préserver la vie des otages
Une telle offensive terrestre de grande envergure pourrait par ailleurs mettre en danger la vie des otages restants. Selon le Hamas, plusieurs otages ont déjà été tués lors des raids aériens israéliens. Certains experts s'attendent aussi à ce que l'armée israélienne subisse de lourdes pertes en cas d'invasion à grande échelle. Pour Michel Wyss, libérer tous les otages grâce à des raids parait peu probable. «Le défi et la complexité d'une telle opération seraient énormes.»
Parce qu'il faut un objectif politique clair
L'expert militaire explique que la question de savoir si oui ou non une offensive terrestre sera finalement lancée dépend des objectifs politiques. «Si l'objectif est de détruire le Hamas ou de le priver de son pouvoir, une offensive terrestre est le seul moyen d'y arriver, en admettant que cela soit faisable.» En l'espace de quelques jours, l'armée israélienne a déjà mobilisé des centaines de milliers de réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats à la frontière de la bande de Gaza.
Reste à savoir si une offensive terrestre aura bel et bien lieu. Les missions envisagées, les enjeux complexes et les moyens nécessaires pour une opération d'une telle envergure expliquent pour le moment pourquoi celle-ci tarde à arriver.