Les 27 craignent une vague de réfugiés
L'Europe s'inquiète des conséquences migratoires de la guerre de Gaza

Plusieurs dirigeants européens ont exprimé jeudi à Bruxelles leur inquiétude quant aux possibles conséquences migratoires de la guerre entre Israël et le Hamas. Ils redoutent de vivre une situation similaire à la crise des réfugiés de 2015.
Publié: 26.10.2023 à 22:21 heures
Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki redoute une vague migratoire à cause de la guerre entre le Hamas et Israël.
Photo: Fermin Rodriguez

La question migratoire liée à la guerre de Gaza est particulièrement surveillée par les Vingt-Sept, alors que l'UE accueille quelque 4 millions de réfugiés ukrainiens et que la hausse des demandes d'asile met les capacités d'accueil de nombreux pays sous pression.

«Ce conflit va certainement s'accompagner d'une autre grosse vague d'immigration illégale», s'est ainsi alarmé le Premier ministre polonais sortant, Mateusz Morawiecki. Le dirigeant nationaliste a notamment lié cette question au «risque de terrorisme».

«La stabilité (de la région) est dans l'intérêt des Européens», a de son côté déclaré Viktor Orban. «Si Israël et l'Egypte deviennent instables, les flux migratoires en provenance (de cette région) viendront immédiatement en Europe», a-t-il affirmé.

Le président chypriote Nikos Christodoulides s'est inquiété en particulier d'une extension du conflit au Liban. «C'est quelque chose dont nous allons parler», a-t-il dit, espérant que l'UE se tienne «prête à répondre à ce problème» et à aider les «pays en première ligne» comme le sien.

Le spectre de la crise migratoire de 2015

La présidente du Parlement européen Roberta Metsola a aussi évoqué ce risque. «S'il y a une extension (du conflit), nous devons penser aux réfugiés, comme les réfugiés syriens au Liban», a indiqué la responsable maltaise.

«C'est une réalité qui pourrait nous ramener à une situation déjà vécue (...) 2015 nous a montré ce qui pouvait arriver dans tel ou tel scénario», a-t-elle poursuivi.

Depuis l'attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre, des affrontements quotidiens opposent le Hezbollah libanais et ses alliés aux forces israéliennes à la frontière sud du Liban.

En 2015, l'Europe avait été prise de court par un afflux de réfugiés, essentiellement des Syriens, provoqué par un enlisement du conflit dans ce pays mais aussi par une détérioration des conditions de vie dans les camps de réfugiés syriens en Turquie, au Liban et en Jordanie.

Les pays voisins de la bande de Gaza subissent une forte pression migratoire

Le Liban, actuellement plongé dans une profonde crise politique et économique, a le plus haut ratio de réfugiés par habitant au monde, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Près de 800'000 réfugiés syriens au Liban sont enregistrés auprès du HCR, selon des données publiées en août.

Le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a aussi alerté la semaine dernière sur les conséquences d'une escalade du conflit, rappelant notamment que l'Egypte accueillait des centaines de milliers de réfugiés du Soudan.

Dans une lettre adressée aux dirigeants des 27 pays membres avant le sommet, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a souligné la nécessité d'établir un «partenariat stratégique» avec l'Egypte destiné notamment à lutter contre l'immigration irrégulière dans l'UE.

«Le rôle de l'Egypte est essentiel pour la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient, elle héberge un nombre croissant de réfugiés et nous avons la responsabilité de la soutenir», a-t-elle fait valoir.

L'UE a signé en juillet un partenariat de ce type avec la Tunisie, visant notamment à faire baisser les départs de migrants depuis les côtes tunisiennes et prévoyant une aide européenne de plusieurs centaines de milliers d'euros.

(ATS)

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