Israël va frapper. Les Européens le savent, et seuls quelques pays, comme l’Espagne, ont pris la parole lors du sommet européen de Bruxelles pour s’y opposer, en réclamant en vain un cessez-le-feu à Gaza.
Le communiqué final sur la guerre entre le Hamas et Israël est beaucoup plus prudent. Il réclame des «couloirs humanitaires» et des «pauses» dans les combats pour faire transiter l’aide. La défense d’un «cessez-le-feu», dont l’Allemagne ne veut pas entendre parler, aurait positionné l’Union européenne comme un obstacle à l’intervention militaire de Tsahal, en préparation. Ce scénario-là a donc été écarté.
Négocié pendant près de trois heures, le communiqué final du sommet de Bruxelles ne reprend pas non plus la proposition de «coalition contre le terrorisme inspirée de celle constituée pour lutter contre l’État islamique (Daech)», faite, lors de sa visite en Israël, par Emmanuel Macron. Les Européens demeurent donc dans le rôle qui est le leur depuis des décennies: avant tout pourvoyeurs d’aide humanitaire, même si deux points abordent les questions plus politiques et régionales.
Le premier répète la nécessité d’éviter une «escalade régionale» et «d’impliquer pour cela les partenaires existants dont l’Autorité palestinienne». Le second confirme le soutien de l’UE à la tenue prochaine d’une conférence internationale sur la paix.
Visites en Israël
Une dizaine de dirigeants européens ont fait le déplacement en Israël depuis l’assaut du Hamas le 7 octobre. Tous, lors du sommet de Bruxelles, ont fait un rapport sur leurs déplacements et réitéré le droit d’Israël à riposter et à se défendre. Dans ces conditions, que veut dire le mot «pause» dans le siège de Gaza? Et comment garantir, comme le demande le texte, la «protection des populations civiles palestiniennes» à laquelle l’UE promet de travailler?
Pas d’appel aux puissances régionales
Aucune demande formelle d’installer une mission humanitaire à Gaza, aux côtés des populations assiégées, n’est effectuée. Aucune mention, non plus, d’un possible appui européen à la construction de camps en Égypte, seul point d’accès de la bande de Gaza non verrouillé par l’armée israélienne.
Le travail sur place du Comité-International-de la-Croix-Rouge (CICR), affairé à jouer les médiateurs pour la libération des otages, n’est pas non plus mentionné. Aucun appel aux puissances régionales, comme le Qatar, l’Iran ou l’Arabie saoudite, n’est lancé. Ce que proposent les Européens, à ce stade, est d’attendre l’assaut israélien. Une délégation du Hamas est pendant ce temps à Moscou, en visite officielle. L’occasion peut-être, pour Vladimir Poutine, d’envoyer aux Palestiniens un signal de solidarité bien plus fort que celui de leurs traditionnels bailleurs de fonds européens.