Israël est resté en état d'alerte, affirmant avoir «déjoué» cette opération nocturne. Il s'agit de la première attaque directe jamais menée par l'Iran contre le territoire israélien, déclenchée en riposte à une frappe contre le consulat d'Iran à Damas le 1er avril, imputée à Israël.
Les États-Unis ne veulent ni d'une «escalade» ni d'une «guerre étendue avec l'Iran», a averti dimanche un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.
L'Iran dit avoir «atteint tous ses objectifs»
L'Iran a lancé cette attaque plus de six mois après le début de l'offensive menée par Israël dans la bande de Gaza contre le Hamas palestinien, allié de la République islamique, qui a encore accru les tensions entre les deux pays ennemis. Le chef des forces armées iraniennes, Mohammad Bagheri, a salué une attaque qui «a atteint tous ses objectifs» tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir intercepté «99% des tirs vers Israël».
L'attaque a été déjouée, selon l'armée, en «coalition» avec les États-Unis et plusieurs pays alliés, dont la France et le Royaume-Uni. «L'attaque sans précédent de l'Iran a été contrée par une défense sans précédent», a affirmé le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari.
Réunion du Conseil de sécurité et du G7
À la demande d'Israël, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence dimanche. Les dirigeants des pays du G7, réunis, eux aussi, par visioconférence, ont condamné «unanimement» l'attaque iranienne, appelé «toutes les parties» à la «retenue» et affirmé leur «plein soutien» à Israël, se disant «prêts à prendre des mesures» contre Téhéran «en réponse à de nouvelles initiatives de déstabilisation».
Ils se sont aussi engagés à fournir «plus d'aide humanitaire» aux Palestiniens de Gaza tout en «continuant à travailler en vue d'un cessez-le-feu immédiat et durable et de la libération des otages par le Hamas», à l'heure où les deux camps continuent à afficher des exigences contradictoires.
Un antagonisme historique
Parallèlement à cette attaque, des alliés de Téhéran, le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis, ont tiré des roquettes et des drones en direction du territoire israélien.
Israël est depuis la révolution iranienne de 1979 l'ennemi juré de l'Iran, qui appelle à sa destruction. Mais jusqu'à présent, Téhéran s'était gardé d'attaquer frontalement Israël et les deux pays avaient l'habitude de s'affronter par tiers interposés, comme le Hezbollah.
L'attaque iranienne, baptisée «Promesse honnête», est une réponse à la frappe qui a détruit le 1er avril le consulat iranien à Damas et coûté la vie à sept membres des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de l'Iran. Téhéran a accusé Israël, qui n'a ni confirmé ni démenti.
«Plus de 350» projectiles lancés
Peu avant 2h dimanche matin (23h GMT samedi), une série de détonations a figé Jérusalem, dont le ciel s'est parsemé de lumières rouges et jaunes. Selon l'armée israélienne, l'Iran a lancé «plus de 350» projectiles, «des missiles balistiques, des missiles de croisière, des roquettes et des drones» en direction d'Israël.
Seuls quelques missiles balistiques «sont entrés et ont touché légèrement» une base militaire, qui reste en activité, a affirmé l'amiral Hagari, faisant état de plusieurs blessés légers ainsi qu'une fillette de 7 ans placée en soins intensifs. L'agence iranienne Irna a signalé de «sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev», dans le sud d'Israël.
Le chef de l'ONU critique Israël
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné «une grave escalade», à l'instar de nombreux pays tandis que le président américain Joe Biden a renouvelé son soutien «inébranlable» à Israël. Téhéran a amené «en toute conscience» le Moyen-Orient «au bord du précipice», a affirmé dimanche la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
L'Égypte a mis en garde contre un «risque d'expansion régionale du conflit», l'Arabie saoudite a appelé à «la plus grande retenue» et l'Irak «à ne pas étendre le conflit».
Hors du monde arabe, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a appelé au «calme» afin de «désamorcer» la situation. La Russie a également appelé à la «retenue». La France a recommandé à ses ressortissants de quitter temporairement l'Iran. Le pape François a lancé un «appel pressant» contre «une spirale de violence».
Face aux condamnations occidentales, l'Iran a convoqué les ambassadeurs du Royaume-Uni, de France et d'Allemagne.
Escalade inévitable?
Plusieurs analystes jugeaient dimanche quasi inévitable une riposte d'Israël. Toutefois avant de riposter, «il ne s'agit pas seulement de consulter, mais d'obtenir l'approbation de Washington», a assuré Tamir Hayman, ancien chef du renseignement militaire israélien.
L'Iran de son côté semble avoir voulu éviter une escalade, a souligné Nick Heras, analyste du groupe de recherche américain New Lines Institute for Strategy and Policy. Cette attaque «était destinée à être vue dans le monde entier, mais pas à faire dégénérer la situation en une guerre régionale totale», a-t-il déclaré à l'AFP.
43 morts à Gaza
La guerre se poursuit pendant ce temps dans la bande de Gaza, où le ministère de la Santé du Hamas a recensé dimanche 43 morts en 24 heures, portant à 33'729 le nombre de tués, en majorité des civils, dans les opérations militaires israéliennes.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre dans le sud d'Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de 1170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent retenues à Gaza dont 34 sont mortes, d'après des responsables israéliens.
Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, est classé groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Négociations en cours
Dimanche, le Mossad, le service de renseignement israélien, a affirmé que le Hamas avait «rejeté les grandes lignes» du plan négocié en vue d'une trêve par le Qatar, l'Égypte et les États-Unis.
Le Hamas réclame notamment un cessez-le-feu définitif tandis qu'Israël maintient son projet d'offensive terrestre contre la ville de Rafah, refuge pour un million et demi de Palestiniens dans le sud de la bande de Gaza.
L'armée a affirmé dimanche que des otages enlevés le 7 octobre se trouvaient à Rafah, à l'extrême sud du territoire palestinien. «Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les ramener chez eux», a déclaré l'amiral Hagari.
(AFP)