Combattre en Ukraine? «Très peu pour moi», vous diront certains soldats russes. Mais une fois sur le terrain, déposer les armes et rentrer chez soi n’est pas si facile. Ceux qui refusent de contribuer aux assauts pourraient bien finir par ne jamais rentrer à la maison.
Dans la ville de Krasni Loutch, située sur le territoire séparatiste de Lougansk, au moins 17 soldats russes se trouveraient actuellement enfermés dans la colonie pénitentiaire numéro 19. Le portail d’investigation russe The Insider a publié les noms de ces soldats, tous âgés de 20 à 33 ans.
Jusqu’à 133 personnes au total pourraient être détenues dans cette colonie.
Violence psychologique et physique
Le portail Vjorstka a également appris l’emprisonnement de ces soldats. Les parents auraient indiqué que leurs fils avaient été transférés de la ville de Brianka (également dans la région de Lugansk) vers le centre d’incarcération. Déjà à Brianka, selon le portail Vjorstka, au moins 234 personnes auraient été retenues contre leur gré après avoir résilié leur contrat.
«Ils sont sous pression psychologique. Ceux qui ne parviennent pas à sortir sont tôt ou tard envoyés au front», a déclaré l’un des parents. Les soldats seraient aussi soumis à des violences physiques.
Certains d’entre eux tenteraient le tout pour le tout en se rendant en territoire séparatiste pour obtenir la libération de leur chair. D’autres déposeraient une plainte auprès du parquet militaire.
Et les prisonniers ne sont pas non plus à l’abri de la guerre, car le risque d’être tué par un missile ukrainien existe. La ville de Krasni Loutch – comme de nombreuses autres régions à l’est et au sud du pays – fait partie des cibles de la contre-attaque.
Les missiles Himars servent notamment à faire exploser des dépôts d’armes et de munitions, ainsi que des entrepôts.
Sans nourriture, ni lumière
Interrogé par la plateforme Vjorstka, le ministère russe de la Défense a démenti les faits. Toutefois, il y a quelques semaines, la mère d’un soldat a rapporté à la chaîne de télévision «Current Time» que celui-ci se trouvait dans une cave sans nourriture ni lumière à Brianka.
Il aurait apparemment réussi à faire entrer discrètement son téléphone portable et à envoyer des messages et photos à sa mère.
«Ils m’ont dit que personne ne me renverrait chez moi. Il y aura d’abord la détention préventive, puis la prison militaire, et ensuite le jugement. Le procès aura lieu ici, à Lougansk», a écrit Yuri* à sa mère Santana*, désespérée.
La mère raconte au «Current Times» que son fils se trouvait dans une ancienne école transformée en caserne. Les objecteurs de conscience seraient surveillés par des mercenaires de la société militaire privée russe Wagner.
Leurs départs n’auraient pas été acceptés. On ne sait toutefois pas si les soldats ont résilié unilatéralement leurs contrats, ou si ceux-ci ont été retenus après leur expiration.
Près de 1800 objecteurs de conscience en Russie
Au bout d’un certain temps, plus aucune nouvelle de Yuri* ne serait parvenue. On ne sait pas où il se trouve, ni s’il a été transféré à Krasni Loutch.
D’autres situations similaires ont également été rapportées. Il y a quelques semaines, la fondation Bouriatie libre a fait état de dizaines d’opposants à la guerre qui seraient détenus dans la ville d’Altschewsk (également à Lougansk).
Selon les décomptes du site Vjorstka, au moins 1793 soldats ont refusé de participer à la guerre depuis fin février.
* Noms connus de la rédaction
(Adaptation par Nora Foti)