Le vent tourne-t-il? L’armée ukrainienne affirme qu’elle progresse dans le sud du pays en repoussant les Russes. «Nous avons atteint un tournant sur le champ de bataille en Ukraine», a avancé Serhiy Chlan, un des responsables de l’administration militaire à Kherson.
Selon lui, les frappes aériennes ukrainiennes ont endommagé les trois ponts contrôlés par la Russie autour de Kherson. Objectif: empêcher le ravitaillement des troupes du Kremlin. Selon Kiev, un millier de soldats russes ont été encerclés.
Kherson avait été conquise par Moscou une semaine après le début de l’invasion. Depuis, les paiements se font en roubles et l’administration ukrainienne avait été remplacée par des Russes. Pour Serhiy Chlan, Kherson sera «définitivement libérée d’ici septembre».
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Briser le potentiel offensif des Russes
«Celui qui tient Kherson a un avantage de poids, souligne Niklas Masuhr, chercheur en stratégie à l’EPFZ interrogé par Blick. L’Ukraine pourrait conquérir durablement ce point stratégique pour l’avancée de la Russie. En outre, cela signifie que Moscou devra s’inquiéter de ses voies d’approvisionnement depuis la Crimée, ce qui pourrait potentiellement détourner des troupes d’autres régions, comme celles actives dans le Donbass.»
Le think tank américain indépendant de l’Institute for the Study of War, qui étudie quotidiennement le déroulement de la guerre, confirme que les forces ukrainiennes ont repris la semaine dernière «des parties de villages occupés par les Russes» à proximité de Kherson, et ont ainsi fait des progrès le long des lignes de front. «A moyen terme, une reconquête de Kherson pourrait briser le potentiel offensif de la Russie en Ukraine», analyse Niklas Masuhr.
L’Ukraine a besoin de moyens lourds
Depuis le début de la guerre, l’armée ukrainienne maintient ses efforts. Elle a ainsi chassé les Russes de la région des grandes villes de Kiev et de Kharkiv début avril et de l’île du Serpent située à 35 kilomètres de la côte fin juin.
Et ce n’est peut-être pas fini. Mauro Mantovani, expert en stratégie à l’Académie militaire de l’EPFZ, n’exclut pas de nouvelles reconquêtes. Pour cela, les Ukrainiens ont toutefois besoin de moyens lourds en provenance de l’Occident «Il leur faudrait des chars, des véhicules blindés et de l’artillerie, en combinaison avec une supériorité aérienne locale», explique l’expert à Blick.
L’Ukraine va-t-elle récupérer la Crimée?
Si l’armée ukrainienne a moins de moyens que les Russes, elle a l’avantage de la motivation. «C’est également important pour le succès des avancées, qui ont tendance à entraîner plus de pertes pour l’attaquant que pour le défenseur», note Mauro Mantovani.
L’expert n’exclut pas qu’à long terme, l’Ukraine puisse même reconquérir l’ensemble du territoire occupé par les Russes – y compris la péninsule de Crimée, annexée en 2014: «La condition préalable serait toutefois un effondrement militaire ou politique de la Russie.»
Une capitulation complète de la Russie est-elle possible? «Ce n’est pas impensable, surtout si les sanctions occidentales se poursuivent et que les livraisons d’armes continuent», avance Mauro Mantovani.