La campagne électorale américaine est difficilement égalable en termes de drames et de sensationnalisme. Les insultes, la violence, et même une deuxième tentative d'assassinat contre Donald Trump marquent la course à la Maison Blanche. Ces événements choquants sont presque devenus la norme.
Un attentat a déjà été planifié à deux reprises contre Trump. Alors que le 13 juillet, un tireur l'a atteint à l'oreille, une attaque a pu être évitée dimanche. Un employé des services secrets a découvert un tireur dans les buissons près du Trump International Golf Club à West Palm Beach, en Floride, qui a pu être arrêté.
Après tous ces épisodes, le spécialiste des États-Unis à l'université de Bonn Philipp Adorf craint que le jour de l'élection, les choses dégénèrent dans les bureaux de vote. Comment la situation s'est-elle à ce point envenimée?
Un climat tendu et violent
Le ton acerbe de Trump a fait monter la tension tout au long de la campagne électorale. Son affirmation selon laquelle «à Springfield, ils mangent des chiens, les immigrés mangent des chats» a pratiquement mis la ville de 60'000 habitants de l'Ohio en état d'urgence. Les Proud Boys, groupes violents d'extrême droite, ont défilé dans les rues, et les habitants de la ville ont dû être prudents.
Lors d'un élan de violence en ligne, les républicains ont récemment tiré à boulets rouges sur la pop star Taylor Swift. Trump a écrit «Je déteste Taylor Swift» sur les réseaux sociaux, car elle a annoncé voter pour Kamala Harris. Dans la description du post sur Instagram promouvant Kamala Harris, la chanteuse avait même osé une pique: elle l'a signé «Childless Cat Lady» (femme à chats sans enfants), qui est une allusion aux déclarations du vice-président de Trump, J.D. Vance. Il avait qualifié les femmes démocrates de «bandes de femme à chats sans enfants».
Elon Musk, grand ami de Trump, jette lui aussi de l'huile sur le feu. Après l'attentat évité en Floride, il a écrit sur sa plate-forme X: «Personne n'essaie de tuer Biden/Kamala.» Face à l'indignation qu'a provoqué ce sous-entendu, il a rapidement supprimé son post.
Polarisation et diabolisation de l'adversaire
Le ton dur et la propension à la violence pourraient être les conséquences du fait qu'aucun candidat ne parvient à se démarquer. Le traitement brutal de l'autre serait alors lié à la polarisation et à la diabolisation de l'adversaire politique qui en découle. C'est la conviction de l'expert Philipp Adorf: «Les deux camps considèrent désormais les élections comme leur dernière chance potentielle de sauver le pays, sa culture et son système politique des griffes de l'adversaire.»
Philipp Adorf fait référence à l'ancien candidat républicain à la présidence Barry M. Goldwater, qui a déclaré en 1964 que «l'extrémisme pour la défense de la liberté (...) n'est pas un vice.» «Ce point de vue a depuis été pris à cœur dans le camp républicain, mais il est également devenu plus populaire du côté démocrate», explique le spécialiste.
Même chez les démocrates? Philipp Adorf explique: «Nous pouvons par exemple constater dans les sondages que les partisans des démocrates exigent eux aussi que leurs propres représentants soient moins enclins au compromis.»
Pas décisif pour les élections
Philipp Adorf pense donc que le jour des élections, en raison de l'ambiance tendue, il pourrait y avoir des tentatives d'intimidation à l'encontre des agents électoraux, voire des attaques de bureaux de vote. Mais il ne pense pas que le ton échauffé et les attentats soient décisifs pour les élections, d'autant plus que l'électorat de Trump s'y est habitué depuis longtemps.
Aujourd'hui, ce sont les «fondamentaux» qui dominent pour les élections, c'est-à-dire l'appartenance à un parti et des facteurs comme l'état de l'économie et le taux d'inflation. L'expert conclut: «Les événements extraordinaires ont aujourd'hui moins d'importance sur l'issue des élections qu'il y a deux ou trois décennies, lorsque les fronts politiques des partis n'étaient pas encore aussi durcis.»