Il y a cinq jours, les troupes du chef des mercenaires Evguéni Prigojine ont marché sur Moscou. Vladimir Poutine, autrefois si sûr de sa victoire, en a eu des sueurs froides: dans son discours de lundi, il a évité la rhétorique guerrière habituelle et les appels à la haine. Au lieu de cela, le président russe s'est présenté sous un tout autre jour. Il s'est montré «reconnaissant» envers les soldats et les collaborateurs des services secrets qui ont permis de stopper les rebelles.
Depuis la tentative de putsch, la situation semble s'être calmée. Vladimir Poutine a de nouveau la situation sous contrôle – c'est en tout cas l'impression qu'il veut donner.
Mais les experts sont unanimes: les soulèvements contre le dirigeant russe ne font que commencer. Et Vladimir Poutine lui-même prépare sa prochaine manœuvre. C'est ce que rapporte le quotidien «Bild».
«Evguéni Prigojine n'est qu'un instrument»
Pour l'instant, le chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, semble être tiré d'affaire. Marko Mihkelson, politicien estonien, ne pense toutefois pas que cela mette fin aux révoltes contre le dirigeant russe. Bien au contraire: «L'instigateur de cette tentative de putsch n'est pas Evguéni Prigojine. Il n'est que l'instrument de ceux qui se rebellent contre Poutine.»
Après ses nombreuses années à Moscou, Marko Mihkelson pense qu'une prochaine révolte est imminente: «Ce que nous voyons, c'est une grave lutte de pouvoir au sein des élites russes.» Pour lui, il est clair que «cette révolte contre Poutine est loin d'être terminée. Nous sommes en plein dans la lutte pour le pouvoir russe.»
Mais ce n'est pas tout: le chef du Kremlin planifierait lui aussi de riposter bientôt, selon le politicien estonien: «Nous devons craindre que Vladimir Poutine provoque un coup d'éclat pour prouver à nouveau sa force. Je pense à la centrale nucléaire de Zaporijjia, ou même à un endroit en dehors de l'Ukraine», prévient ce connaisseur du Kremlin.
«Quelque chose bouillonne en coulisses à Moscou»
Selon «Bild», les milieux occidentaux de la sécurité estiment la probabilité à «près de 50%» que le président russe «ne survive pas politiquement» aux trois prochains mois. Les conspirateurs du putsch ne seraient pas les seuls à vouloir tourner le dos au chef du Kremlin.
Un fonctionnaire occidental a déclaré au quotidien: «Vladimir Poutine agit de manière faible, cela ne fait pas bonne impression sur les élites du pouvoir, du côté des services secrets russes.» Le dirigeant pourrait donc bientôt être menacé d'être remplacé par un nouvel homme «plus fort».
C'est également l'avis de Marko Mihkelson: «Un dictateur doit agir avec détermination, mais jusqu'à présent, une réaction forte du président russe fait défaut. Quelque chose bouillonne en coulisse à Moscou.»