Le 24 février, une guerre que presque personne n'avait imaginée a commencé. Une heure avant que le carnaval ne s'ouvre à Lucerne, avec le «big bang», le président russe, Vladimir Poutine, a sonné l'invasion de l'Ukraine.
Le chef du Kremlin ne mène pas seulement une guerre contre l'armée d'un autre pays, mais aussi contre la population civile, et vise des bâtiments comme les hôpitaux. Pour ne pas être confondue avec l'un de ces derniers, l'ambassade suisse à Kiev a même dû dissimuler le drapeau suisse après sa réouverture.
Blick vous propose de revenir, en dix mots-clés, sur les cent premiers jours de guerre qui a déjà changé, et changera durablement le monde.
Le mensonge
Tout a commencé par le grand mensonge du maître du Kremlin. Vladimir Poutine a toujours affirmé que le rassemblement de quelque 150'000 soldats à la frontière ukrainienne n'était qu'un exercice. Pourtant, le 24 février, à 4 heures du matin, heure suisse, il a annoncé l'invasion de l'Ukraine par le nord, le sud et l'ouest.
Le président russe ment également à sa propre population: il parle d'une «opération militaire spéciale» visant à libérer la population ukrainienne du joug des dirigeants soi-disant «nazis». Quiconque diffuse des informations contraires s'expose à une lourde peine de prison.
L'opprobre
Vladimir Poutine souhaitait faire tomber Kiev et conquérir l'Ukraine en quelques jours. Mais, pendant des semaines, ses troupes sont restées bloquées devant la capitale parce que les Ukrainiens se défendaient vaillamment, que les véhicules et les armes russes ne fonctionnaient pas toujours et que le moral des envahisseurs était bas après des mois d'entraînement.
Les Russes ont finalement dû se retirer de Kiev. Depuis, ils se concentrent sur l'est et le sud de l'Ukraine.
Le «héros»
On a beaucoup glosé sur Volodymyr Zelensky. La question était de savoir si l'ancien comédien de télévision pouvait, en tant que président, aider son pays à travers cette guerre.
Et il s'est révélé être plutôt compétant. Vêtu d'un t-shirt vert, il s'adresse pratiquement tous les jours au monde entier, et obtient pour son pays de la sympathie et des armes de la part de l'Occident. Lorsque les États-Unis ont voulu l'évacuer, il a refusé, avec une phrase qui restera dans l'histoire: «J'ai besoin de munitions, pas d'un taxi».
La résistance
Lorsque Vladimir Poutine a annexé la Crimée en 2014, l'armée ukrainienne n'a pas résisté – elle était tout simplement trop faible. Mais, en quelques années, les Ukrainiens ont mis en place une défense qui fait jeu égal avec l'une des armées les plus puissantes du monde, et qui a même réussi, localement, à la faire reculer.
Le délire
Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, le pape François, et bien d'autres ont tenté de ramener Vladimir Poutine à la raison. Mais le chef du Kremlin n'écoute personne.
Comme poussé par la folie, il poursuit son objectif de «dénazifier» l'Ukraine. Est-il malade? Les spéculations vont bon train: cancer, maladie de Parkinson, cécité imminente... Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a démenti ces rumeurs.
La brutalité
Les envahisseurs, composés de soldats russes, mais aussi de mercenaires tchétchènes et de membres de l'armée privée d'extrême-droite Wagner, ne reculent devant rien. Dans le but de «dénazifier» l'Ukraine, ils s'attaquent également aux écoles et aux hôpitaux. Des viols ont été commis.
Le massacre de Boutcha, au cours duquel des centaines de civils ont été abattus, a fait la une des journaux – et il ne s'agit pas d'un cas isolé.
La souffrance
Environ treize millions d'Ukrainiens, soit un tiers de la population, ont fui les agressions des troupes russes. Près de huit millions sont partis vers l'ouest du pays et environ cinq millions ont quitté le pays.
Il s'agit de la plus grande crise de réfugiés sur sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale. Ceux qui sont restés dans les zones de combat souffrent: la nourriture et l'électricité manque cruellement. À cela s'ajoutent les près de 50'000 morts comptabilisés depuis le début de la guerre.
L'unité
Vladimir Poutine ne s'y attendait pas: sa guerre soude l'Occident. De nombreux pays ont adopté ensemble des sanctions massives contre la Russie. En outre, l'Europe fournit des armes aux Ukrainiens.
Le Kremlin est particulièrement irrité par la décision de la Suède et de la Finlande voisines, qui veulent rejoindre l'OTAN. Même en Suisse, l'on discute désormais d'une collaboration plus étroite avec l'OTAN, ainsi que d'une nouvelle définition de la «neutralité».
L'impuissance
Cent jours de guerre en Ukraine, et la fin du conflit semble être un lointain horizon. La politologue Federica Saini Fasanotti de l'Italian Institute for International Political Studies, à Milan, parle d'une «nouvelle phase de la guerre», qui se focaliserait sur l'est de l'Ukraine.
Un retrait des Russes ne serait pas une option. Pas plus qu'un abandon des Ukrainiens. La politologue prédit que «la guerre va durer encore de nombreuses années»...
La peur
La crainte que l'armée russe n'attaque d'autres pays plane sur l'Europe. Sergiy Gayday, gouverneur de l'oblast (région) de Louhansk, a récemment déclaré à Blick à propos de président russe: «S'il gagne, il attaquera bientôt les pays baltes». Et l'allié de Vladimir Poutine, Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, a déclaré cette semaine qu'il était «intéressé par la Pologne».
Les effets de la guerre se font quant à eux ressentir dans le monde entier: les pénuries d'énergie et le risque accru de famines dû à l'augmentation du prix de certaines denrées alimentaires de base étant au premier plan.
(Adaptation par Quentin Durig)