Il voulait se battre avec Vladimir Poutine pour l’Ukraine, a comparé le président canadien Justin Trudeau à Adolf Hitler et a traité Joe Biden de «chaussette mouillée à forme humaine». Ce cocasse palmarès revient à Elon Musk, aussi adulé que détesté.
L’entrepreneur, homme le plus riche du monde, est en passe de devenir le plus puissant. Un pouvoir qui semble irriter, voire inquiéter Washington, surtout depuis jeudi, jour où l’homme de 51 ans a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars.
Impulsif et capricieux
Le nouveau propriétaire du réseau social à l’oiseau bleu joue dans la cour des grands géants de la tech. Reste à savoir comment Twitter va évoluer sous l’égide d’Elon Musk. Des experts ont affirmé au «Washington Post» que l’homme d’affaires prévoyait de supprimer les trois quarts des emplois sur les 7500 actuels. Le nouveau propriétaire n’a pas confirmé cette rumeur. Il a annoncé vouloir lutter contre la division et la radicalisation. La question de savoir comment y parvenir avec moins de personnel reste en suspens.
Le rachat de la plateforme n’a pas été une mince affaire. Les nombreux allers et retours puis risques de procès le montrent: l’entrepreneur est imprévisible et impulsif. Elon Musk a également prouvé récemment son caractère capricieux dans un épisode lié à la guerre en Ukraine. Il a menacé mi-octobre de ne plus financer les satellites Starlink, qui permettaient notamment aux militaires ukrainiens de communiquer, avant de faire brusquement marche arrière. Son revirement était d’autant plus étonnant que le ministère américain de la Défense avait en partie accepté la propre demande d’Elon Musk de financer une partie de l’entretien des satellites.
Bientôt sous l’œil de la «sécurité nationale» américaine?
Les décisions d’Elon Musk ont depuis longtemps une portée géopolitique. L’armée américaine utilise ses satellites Starlink tandis que son entreprise spatiale SpaceX produit des fusées pour la NASA. Pour l’Occident, impossible de mettre des astronautes en orbite sans passer par ses dispositifs. Elon Musk contrôle par ailleurs d’autres entreprises qui pourraient décider de l’avenir du monde. Parmi elles, le géant de l’automobile Tesla ou l’entreprise Neuralink, qui veut développer des implants cérébraux permettant de transmettre des pensées à des ordinateurs.
Sur un plan purement commercial, Elon Musk n’a pas grand-chose à se reprocher. Il est parvenu à cette influence légalement – et grâce à des sommes colossales de crédits et de subventions ainsi qu’à des commandes de l’Etat. Mais peut-on en dire autant de l’influence politique qu’il possède, parfois malgré lui? Le pouvoir d’Elon Musk inquiète de plus en plus les hommes et femmes politiques à Washington. À tel point que le gouvernement américain envisage d’examiner ses entreprises «sous l’angle de la sécurité nationale», a rapporté l’agence de presse Bloomberg.
Ce ne serait pas la première fois que le gouvernement américain mettrait un acteur puissant au pas. En 1911, Washington a démantelé le monopole du géant pétrolier Standard Oil. Dans le cas d’Elon Musk, cela risque toutefois d’être plus difficile. Une entreprise trop puissante peut être divisée en petites entreprises. Mais que faire d’un homme surpuissant?