Le père de la «start-up nation» vient d’être adoubé par le magnat de Tesla et de Twitter. Souvent décrié pour avoir, en 2017, formulé le vœu que la France ressemble davantage à une start-up, Emmanuel Macron a reçu samedi un soutien dont il aurait fort bien pu se passer: celui du milliardaire américain Elon Musk.
C’est par un tweet que celui-ci a mis les pieds dans le plat des débats politiques et sociaux français. Une phrase: «Macron fait une chose difficile, mais juste», a estimé le patron de Twitter sur son réseau social. Et immédiatement, un brasier s’est allumé sur Internet, d’autant qu’Elon Musk comparait ces jours-ci devant la justice californienne pour soupçons de manipulation sur les cours en bourse de Tesla… en raison de ses tweets passés.
Ce tweet-là est inattendu. On ne savait pas, jusque-là, que le magnat américain regardait du côté ci de l’Atlantique et s’intéressait aux réformes sociales françaises. En matière de droit du travail, sa réputation est en effet peu flatteuse, comme en témoignent les licenciements massifs opérés dès sa prise de contrôle de Twitter.
Il est vrai toutefois que les deux hommes se connaissent. Ils se sont rencontrés à La Nouvelle-Orléans lors de la visite d’État du président français aux États-Unis le 2 décembre. Une photo officielle les a alors montrés attablés simplement, une tasse de café et un verre d’eau posé devant eux. Le locataire de l’Élysée avait ensuite posté un tweet incitant… son interlocuteur à respecter davantage la législation européenne.
Outre ses agissements sur Twitter, Elon Musk est présent en Europe avec ses usines automobiles. La dernière usine Tesla ouverte près de Berlin (Allemagne) a lancé sa production voici bientôt un an. La Tesla Model 3 était, en France, en tête des immatriculations en décembre dernier.
Macron accusé de pactiser avec les Gafam
C’est la réputation sulfureuse d’Elon Musk qui risque bien sûr de poser problème à Emmanuel Macron. Le président français, chantre de la souveraineté européenne, est régulièrement accusé d’avoir favorisé de grandes firmes internationales pour qu’elles s’implantent en France. Son nom est associé aux polémiques sur le recours au cabinet de consultant McKinsey par les pouvoirs publics sous son mandat.
Emmanuel Macron est aussi soupçonné d’avoir conclu, lorsqu’il était ministre de l’Économie (2014-2016) un accord secret avec les lobbyistes d’Uber. Or la plate-forme de VTC vient d’être lourdement condamnée par un tribunal des prud’hommes pour son non-respect du droit du travail et son abus du statut d’indépendant.
Au pays où le terme «ubérisé» est mis à toutes les sauces pour désigner la précarité croissante associée aux nouvelles technologies, le tweet d’Elon Musk est un peu comme une corde qui soutient un pendu. La présidence française, d’ailleurs, s’est jusque-là bien gardée de réagir.