Le 18 juillet, les choses sérieuses ont commencé pour Ursula von der Leyen. La politicienne allemande de la CDU s'est présentée devant le Parlement européen pour être réélue à la présidence de la Commission européenne.
Le 25 juin, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE avaient désigné cette femme, médecin de formation, pour un second mandat. Pour être réélue, Ursula von der Leyen avait besoin de 361 voix sur les 720 que compte le Parlement. Il n'y a cependant pas de contrainte de groupe – chaque députée est libre de sa décision.
Mais elle a dû retenir son souffle jusqu'à la dernière seconde. En effet, les parlementaires ont d'abord demandé des garanties sur le contenu du programme de von der Leyen. L'un des points de discorde: l'interdiction des véhicules à combustion décidée il y a un an. Selon ce texte, à partir de 2035, pour des raisons de politique climatique, les nouveaux véhicules à moteur à combustion ne seront plus autorisés à circuler dans l'UE.
C'est surtout l'Allemagne qui critique
Dans les faits, seuls les véhicules neufs purement électriques ou équipés d'une pile à combustible seraient encore possibles. L'ancien parc automobile ne serait pas concerné par l'interdiction. Même si elle n'est pas membre de l'UE: l'interdiction s'appliquerait également à la Suisse, car les voitures qui y sont vendues doivent être conformes à une réception par type de l'UE.
En amont de la décision, les États membres ayant une industrie automobile importante – la France, l'Italie, l'Espagne et surtout l'Allemagne – avaient critiqué les plans. L'Allemagne, en particulier, plaidait pour une réglementation ouverte sur le plan technique, qui continuerait par exemple à autoriser les e-fuels synthétiques quasiment neutres en termes de CO₂ dans les moteurs à combustion.
Lors de la campagne électorale précédant les élections européennes de juin, le chef du groupe du Parti populaire européen (PPE), l'Allemand Manfred Weber, avait annoncé qu'il remettrait en question l'interdiction des véhicules à combustion en cas de succès de son parti.
Les grands groupes politiques ne sont pas d'accord
Le groupe libéral Renew-Europe a également demandé une révision. Au lieu de fixer zéro CO₂ localement dans la voiture, l'ensemble du système, de la production du carburant à son utilisation dans la voiture, devrait se distinguer par sa neutralité en matière de CO₂.
De fait, Ursula von der Leyen a fait des concessions dans son discours de candidature jeudi matin: pour atteindre les objectifs climatiques de l'UE, il faut une «approche technologiquement neutre», dans laquelle les carburants synthétiques ont un rôle à jouer, peut-on lire dans ses orientations politiques pour les cinq prochaines années.
En d'autres termes: la voie est libre pour les e-fuels. Un tournant dans la discussion sur l'interdiction des véhicules à combustion.
En revanche, les Vert-e-s et les sociaux-démocrates européens (S&D) ont insisté sur le maintien de l'interdiction des véhicules à combustion. Selon eux, elle fait partie intégrante de ce que l'on appelle le Green Deal européen, qui doit conduire l'Union à la neutralité carbone dans tous les domaines d'ici 2050.
Réélection grâce à la négociation
Apparemment, von der Leyen a encore pu obtenir une solution négociée lors de discussions préliminaires: elle a été réélue par 401 voix contre 284 et 15 abstentions. Personne dans l'UE ne voulait non plus risquer un échec de l'élection, car il n'y avait pas de plan B et surtout, les populistes de droite au Parlement européen étaient à l'affût, prêts à servir d'apporteurs de majorité et à obtenir des concessions politiques en échange.
Von der Leyen peut donc continuer. Mais le vrai débat sur l'aménagement de l'interdiction des véhicules à combustion tout en autorisant les e-fuels devrait maintenant prendre son envol.