Les eurodéputés votent jeudi sur la reconduction comme présidente de la Commission européenne d'Ursula von der Leyen, qui tente de s'assurer une majorité allant potentiellement des Verts au parti de Giorgia Meloni en présentant sa feuille de route pour les cinq ans à venir.
L'issue du scrutin, qui aura lieu à bulletins secrets à partir de 13H00 (11H00 GMT), s'annonce serrée après la poussée de l'extrême droite aux élections de juin, même si la conservatrice allemande semble en bonne position après d'intenses pourparlers avec les groupes politiques.
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Les Vingt-Sept s'étaient entendus fin juin pour lui accorder un nouveau mandat de cinq ans à la tête de l'exécutif européen, où elle s'est imposée depuis 2019 à travers les crises, du Covid à la guerre en Ukraine.
Des défections dans les rangs
Von der Leyen, 65 ans, doit désormais s'assurer le feu vert d'au moins 361 des 719 eurodéputés réunis en plénière à Strasbourg. Avant de s'exprimer dans l'hémicycle, elle a dévoilé une feuille de route politique où elle tente de répondre aux attentes — parfois contradictoires — des divers groupes. Le Parti populaire européen (PPE, droite), dont la responsable allemande est issue, reste la première force du Parlement (188 élus). Les sociaux-démocrates (S&D) occupent 136 sièges et les libéraux (Renew) 77. La grande coalition réunissant ces trois partis serait ainsi suffisante.
Mais ces groupes attendent des défections dans leurs rangs: une partie du PPE (dont les Républicains français) n'avait pas soutenu son choix, les libéraux allemands ou irlandais ont affiché leurs réticences... En cas d'échec, les Etats membres devront proposer dans un délai d'un mois un nouveau candidat — au risque d'une grave crise politique alors qu'aucune alternative n'est envisagée.
Ursula von der Leyen se veut un gage de stabilité face aux tensions géopolitiques: guerres en Ukraine et à Gaza, contentieux commerciaux avec Pékin, retour possible de Donald Trump à la Maison blanche... «On est conscient des risques, avec d'autres candidats qui nous correspondraient encore moins. Pour autant, on ne veut pas lui donner un blanc-seing, on veut qu'elle continue à agir en cohérence avec notre agenda: industrie de défense, numérique, investissements...», insiste l'élue française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).
Pour parer aux défections dans la coalition centriste, Ursula von der Leyen lorgne le soutien des écologistes (53 sièges) --qui exigent en échange qu'elle s'engage à poursuivre les législations environnementales. «Nous attendons sa promesse à refuser tout recul sur le Pacte vert, et des mesures sur les problèmes laissés en suspens: adaptation climatique, océans...», a souligné le codirigeant des Verts, le Néerlandais Bas Eickhout.
Objectif climatique ambitieux
Dans sa feuille de route, Ursula von der Leyen réaffirme sa défense de l'usage de carburants automobiles synthétiques après 2035 et insiste sur les intérêts des agriculteurs, des revendications des conservateurs qui réclament l'application «pragmatique» du Pacte vert. Mais elle se prononce aussi en faveur d'un «pacte pour les océans» et pour un ambitieux objectif climatique pour 2040 (-90% d'émissions de gaz à effet de serre).
Ursula von der Leyen pourrait aussi compter sur une partie des 78 élus du groupe d'extrême droite ECR, associé à la dirigeante italienne Giorgia Meloni. Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a appelé les élus ECR à la soutenir. Toute ouverture assumée à ECR reste cependant une ligne rouge pour les libéraux, socialistes et Verts, qui appellent à construire «une majorité stable avec des partis pro-démocratie, pro-UE» sans l'extrême droite.
Ursula von der Leyen «pourrait s'assurer 30 à 40 voix des Verts, une vingtaine chez d'ECR, de quoi largement compenser les pertes dans les trois groupes (de la majorité centrale), c'est le scénario le plus probable», calcule un eurodéputé au fait des équilibres. Avant de tempérer: «Evidemment, tout se jouera à quelques dizaines de voix». En 2019, l'ancienne ministre allemande avait été élue avec seulement 9 voix d'avance.
Autre incertitude: l'impact pour l'image d'Ursula von der Leyen du verdict de la justice de l'UE épinglant mercredi Bruxelles pour son manque de transparence dans les achats de vaccins anti-Covid négociés avec les laboratoires.