Les constructeurs tirent la langue. Et pourtant...
La grande euphorie autour des voitures électriques est-elle terminée en Europe?

Le boom des voitures électriques, fini avant même d'avoir vraiment commencé? Cette question préoccupe actuellement autant les experts que les clients. Mais un aperçu des développements sur le marché montre que la prise n'est pas encore tout à fait débranchée...
Publié: 30.03.2024 à 19:32 heures
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Dans de nombreux pays, la demande de voitures électriques n'est pas encore aussi importante que les constructeurs l'espèrent. C'est surtout en Allemagne, nation de l'automobile, que l'écomobilité peine à décoller.
Photo: imago/MIS
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Andreas Engel

Dans la plupart des pays européens, la demande de voitures électriques n'est pas aussi importante que les constructeurs l'espéraient. En Allemagne notamment, le pays de l'automobile, les chiffres de vente ont même fortement chuté ces derniers mois. Pour une raison simple: la prime à l'achat accordée jusqu'à présent pour les véhicules électriques est supprimée depuis le début de l'année. Alors qu'en décembre 2023, près de 55'000 voitures électriques étaient encore mises en circulation, elles n'étaient plus que 27'500 en février 2024.

Les industriels et plusieurs experts considèrent désormais que l'objectif du gouvernement allemand de voir 15 millions de voitures électriques en circulation d'ici 2030 n'est pas réaliste. Selon Stefan Bratzel, directeur du célèbre Center of Automotive Management (CAM), l'objectif sera même «largement manqué». Tous tablent plutôt sur 7 à 8 millions de voitures électriques d'ici à 2030, soit deux fois moins que prévu.

Et pourtant, alors que les ventes de voitures électriques sont en recul en Allemagne, elles ont augmenté de 30% en janvier dans l'ensemble de l'Union européenne (UE). En février, la hausse était encore de 9%. Les voitures électriques représentent donc désormais 12% de l'ensemble du parc automobile sur le continent. En Suisse aussi, les ventes de voitures électriques repartent à la hausse après un démarrage timide en 2024. Ainsi, la part de marché des véhicules entièrement électriques s'élevait à près de 17 % en février et les hybrides rechargeables plug-in représentaient 10% supplémentaires.

Opel fait marche arrière

Malgré tout, l'ambiance sur le marché des voitures électriques semble s'assombrir. Et les constructeurs réagissent nerveusement: il y a un an encore, le patron d'Opel Florian Huettl annonçait que le constructeur automobile allemand du groupe Stellantis voulait proposer «exclusivement des véhicules électriques» en Europe à partir de 2028. Mais la presse spécialisée allemande en doute aujourd'hui.

La nouvelle édition du SUV familial Opel Grandland ne sera pas lancée cette année en version entièrement électrique, comme annoncé initialement. Le SUV sera donc proposé avec une motorisation hybride, comme le concurrent Peugeot 3008. Les nouveautés Opel qui suivront – le nouveau venu Frontera et le SUV compact Mokka remanié – continueront également à être présentées dans le showroom sous forme d'hybrides.

Maserati débarque avec plusieurs modèles entièrement électriques

Mais l'euphorie des voitures électriques n'est pas retombée partout. Ainsi, le constructeur italien Maserati, connu pour ses V6 et V8 thermiques rugissants, vient d'annoncer qu'il ne proposerait plus que des bolides purement électriques à partir de 2028, soit deux ans plus tôt que prévu initialement.

C'est d'autant plus étonnant que Maserati n'a pas encore mis sur la route un seul véhicule purement électrique. La Gran Turismo Folgore, déjà annoncée pour l'année dernière, devrait enfin arriver chez les concessionnaires dans les semaines à venir, suivie de la version cabriolet en été.

La version 100% électrique du SUV compact Grecale, le best-seller du constructeur italien, devrait de son côté être lancée avant l'été. Parallèlement, Maserati arrêtera cette année les deux berlines Ghibli et Quattroporte, ainsi que le SUV haut de gamme Levante. Il faudra toutefois du temps pour que ces véhicules phares soient remplacés par des modèles électriques.

Le successeur du Levante devrait arriver sur les routes au plus tôt en 2027. Entre-temps, Maserati élargit son offre de véhicules électriques avec les deux supersportives MC20 et MC20 Cielo, qui devraient sortir des ateliers de production de Modène dès l'année prochaine.

Les voitures électriques à petit budget arrivent, elles aussi

Les voitures à petit budget, de plus en plus nombreuses et de moins en moins chères, devraient permettre à l'écomobilité de s'imposer non seulement auprès des personnes à hauts revenus, mais aussi auprès des automobilistes au budget plus serré.

La Citroën ë-C3 est ainsi dans les starting-blocks. Ce nouveau modèle devrait susciter le même engouement que celui de la légendaire 2CV, mais cette fois-ci en version électrique. Le prix de départ est estimé à moins de 25'000 francs et une autonomie de plus de 300 kilomètres. Une version d'entrée de gamme encore moins chère devrait suivre en 2025.

La Renault R5, récemment présentée au mini-salon de l'automobile de Genève, sera elle aussi lancée sur le marché cette année. L'objectif étant d'en faire une voiture grand public offrant une autonomie de 300 à 400 kilomètres selon la batterie, avec un prix de départ nettement inférieur à 30'000 francs.

Le trio des voitures électriques à petit budget devrait être complété à partir de fin 2025 par la Volkswagen ID.2 électrique, de la même taille qu'une Polo. Ce nouveau modèle offrira une autonomie de 450 kilomètres pour moins de 25'000 francs.

Une interdiction inutile des voitures à combustion

Certes, l'euphorie de la voiture électrique semble donc quelque peu retombée dans la branche, mais l'Europe ne semble encore prête à abandonner la propulsion électrique. Les constructeurs ont investi des sommes colossales dans cette transition. La parité des prix – le point à partir duquel les voitures thermiques et électriques comparables sont au même prix – est également sur le point d'être atteinte, même dans le segment des petites voitures.

L'interdiction des voitures à combustion à partir de 2035, comme l'a décidé le Parlement européen il y a deux ans, ne semble, quant à elle, plus nécessaire aujourd'hui: «Nos analyses montrent que, dès les prochaines années, l'écomobilité sera dans la grande majorité des cas l'alternative la moins chère. Cette tendance se renforcera encore à long terme», conclut ainsi Detlef Stolten, directeur de l'Institut d'analyse des systèmes technico-économiques de Jülich, en Allemagne, au magazine d'information Focus.

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