Ils ne sont pas encore en poste. Ils doivent, pour intégrer l’administration Trump, obtenir un vote favorable du Sénat, qui les a longuement auditionnés ces derniers jours. Mais cela semble très bien parti. Robert Kennedy Jr., nommé pour le poste de ministre de la Santé, et Tulsi Gabbard, nommée pour le poste de coordinatrice des services secrets, devraient rejoindre sous peu Elon Musk qui, lui, n’a pas eu besoin du vote du Sénat. Son «département de l’efficacité gouvernementale» est en effet un organe consultatif, par une administration fédérale à part entière.
Attention, donc, à une nouvelle vague de décisions controversées et de purges de fonctionnaires, si ces deux-là parviennent à leurs fins.
Au cours de ses auditions, parfois déstabilisé mais jamais vraiment mis en difficulté, Robert Kennedy Jr. (il est le fils de Robert Kennedy assassiné le 6 juin 1968, cinq ans après le meurtre de son frère, le président JFK) a insisté sur le fait qu’il n’était pas opposé aux vaccins, ni adepte de la théorie du complot, mais qu’il était favorable à des tests de sécurité plus stricts. Il s’est défendu d’appartenir à des organisations antivax. Fait assuré en revanche: son arrivée au Département de la Santé entraînera sans doute des démissions en cascade. «Je me débarrasserai des corrompus», a-t-il prévenu, avant de remporter un vote favorable en Commission, par 14 voix contre 13.
Loyauté envers Dieu
Pour Tulsi Gabbard, l’affaire semble aussi devoir bien se terminer, grâce au soutien sans faille des élus républicains du Sénat, qui contrôlent désormais la chambre haute par 53 élus contre 47 pour le parti démocrate. La future directrice du renseignement sera chargée de coordonner le travail des 17 agences qui espionnent le monde pour le compte du gouvernement des Etats-Unis, de la CIA jusqu’à la fameuse NSA (chargée de la surveillance spatiale et satellitaire). Or, elle a résisté. Qualifiée de «marionnette de Poutine et de Modi», cette ancienne élue d’Hawaï, née dans les îles Samoa américaines, a rejeté ces affirmations comme étant «sans fondement». Sa loyauté? «Elle va à Dieu, à ma conscience et à la Constitution américaine», a-t-elle répondu.
Là aussi, son arrivée comme DNI (Director of National Intelligence) provoquera à coup une hémorragie de départs, compte tenu du soupçon qui l’entoure sur ses liens supposés avec la Russie et la Syrie dans le passé. Lorsque sa nomination a été annoncée, une lettre s’opposant à celle-ci a aussitôt été adressée à Donald Trump par près de 100 responsables de la sécurité nationale. Le courrier faisait état de «plusieurs préoccupations quant à son aptitude à exercer cette fonction». Tulsi Gabbard aura, si elle entre en fonction, la haute main sur le briefing sécuritaire quotidien du Président des Etats-Unis. Et elle pourra intervenir dans la gestion des services secrets.
Ministres influents
Kennedy, Gabbard… Avec ces deux nominés, la liste des ministres les plus influents de l’administration Trump sera complète. Et ce, alors que les premières polémiques agitent Washington, en particulier autour de la fermeture brutale de l’agence humanitaire US Aid, et sur l’injonction à démissionner adressée à trois millions de fonctionnaires.
Le bureau américain de gestion du personnel (OPM) a en effet envoyé à la quasi-totalité de ses employés un courriel leur proposant une démission différée et les avertissant que, s’ils choisissaient de rester, ils pourraient être licenciés ou réaffectés. S’ils partent maintenant, leur salaire leur sera versé jusqu’à la fin septembre.