L'Europe est plus que jamais dans le collimateur de Donald Trump. Le président des Etats-Unis a réitéré lundi soir 3 février ses menaces de leur imposer des droits de douane élevés: «L'Union européenne a maltraité les Etats-Unis pendant des années, et elle ne peut pas faire ça.» Dimanche, il avait déjà déclaré à la BBC que ces impositions arriveraient «bientôt».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ne compte pas se laisser faire. Dans la nuit de lundi à mardi après une réunion au sommet avec les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres à Bruxelles, elle a mis en garde le président républicain: «Si nous sommes ciblés et traités de manière injuste ou arbitraire, l'Union européenne réagira fermement.» «Nous sommes prêts», a-t-elle ajouté.
«Rien de bon»
En parallèle, elle a insisté sur la nécessité d’éviter toute escalade en privilégiant un dialogue préventif. Si nécessaire, des négociations seront engagées. «L’augmentation des tarifs douaniers renchérit les coûts pour les entreprises, nuisent aux travailleurs et aux consommateurs, perturbe inutilement l’économie et accentue l’inflation, a souligné l'Allemande. Nous n’y voyons rien de bon.»
Des diplomates de l'Union européenne (UE) ont affirmé que la Commission européenne avait anticipé la situation en préparant d’éventuelles contre-mesures il y a quelque temps. Lors du premier mandat de Donald Trump, l’UE avait riposté aux nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium européens en instaurant des droits de douane ciblés, notamment sur le whisky bourbon, les motos Harley-Davidson et les jeans.
Les diplomates de l'UE ont déclaré que la Commission européenne avait déjà préparé il y a quelque temps d'éventuelles contre-mesures. Durant le premier mandat de Trump, l'UE a réagi aux nouvelles taxes sur les produits en acier et en aluminium en provenance d'Europe en imposant des tarifs spéciaux sur le whisky bourbon, les motos Harley-Davidson et les jeans, entre autres.
Donald Trump reste flou
Si Donald Trump multiplie les menaces contre les importations en provenance de l’UE, il reste vague sur les détails. Aucune indication n’a été donnée sur le niveau des tarifs douaniers ni sur les produits potentiellement concernés.
Pourtant, les droits de douane entre les Etats-Unis et l’Union européenne sont relativement proches. «Il n’existe absolument aucune preuve que les Etats-Unis aient été exploités», affirme Kimberly Clausing, économiste au Peterson Institute for International Economics, dans le «New York Times». «Cette affirmation est fallacieuse», insiste-t-elle.
Des droits de douanes équilibrés, mais...
D’après ING Global Markets Research, les exportations américaines vers l’UE sont soumises à un tarif moyen de 3,95%, contre 3,5% pour les produits européens entrant aux Etats-Unis. Cependant, certaines disparités sont notables. Par exemple, les voitures européennes sont taxées à 2,5% aux Etats-Unis, tandis que l’UE applique un droit de douane de 10%. De même, les taxes européennes sur l’alimentation et les boissons sont en moyenne 3,5% plus élevées que celles des Etats-Unis. Des secteurs dans le collimateur de Donald Trump depuis des années.
Les Etats-Unis sont le principal client de l'Union européenne, achetant près de 20% de ses exportations en 2023, selon Eurostat. L'UE vend donc bien plus de biens aux Américains qu'elle ne leur en achète, avec un excédent d’environ 160 milliards de dollars. En revanche, sur les services, la balance est inversée: l’UE importe davantage qu’elle n’exporte, affichant un déficit de 107 milliards de dollars.