Pologne-Bélarus
Migrants à la frontière polonaise, le ton monte avec le Bélarus

Des milliers de migrants se trouvaient mardi massés sous des températures glaciales à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, aux portes de l'Union européenne, leur sort alimentant les tensions avec Minsk.
Publié: 09.11.2021 à 17:45 heures
Les migrants s'accumulent à la frontière entre le Bélarus et la Pologne.
Photo: LEONID SCHEGLOV/BELTA HANDOUT

Arrivés lundi dans une zone boisée à la frontière orientale de l'Union européenne, environ 3000 à 4000 migrants, principalement des Kurdes du Moyen-Orient, se sont retrouvés face aux barbelés et à l'important dispositif militaire déployé par Varsovie, déterminé à les stopper.

Selon les gardes-frontières de Minsk, ces migrants désormais entassés dans un camp improvisé côté bélarusse, non loin du village polonais de Kuznica, se trouvent dans un état physique et psychologique «extrêmement mauvais», en manque notamment d'eau et de nourriture.

L'accès au site a été bloqué aux journalistes, mais des images diffusées par les autorités des deux pays montrent des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants dans des tentes ou à même le sol, allumant des feux pour se réchauffer sous des températures approchant zéro degré.

Le ton monte à la forntière

Les gardes-frontières bélarusses ont aussi accusé les forces polonaises d'avoir fait usage de gaz lacrymogène et d'exercer une «pression psychologique» sur les migrants en «allumant des haut-parleurs, des projecteurs et des lumières stroboscopiques toute la nuit». «Des tirs ont également été entendus», ont-ils indiqué sur Telegram.

Le sort de ces milliers de personnes a fait l'objet tout au long de la journée de mardi d'une guerre des mots entre Minsk et Varsovie.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, proche allié de Moscou, a martelé que son pays «ne se mettra pas à genoux» devant l'UE, tout en assurant qu'il «ne cherchait pas la bagarre», conscient du risque d'engrenage en cas de conflit armé.

Peu auparavant, M. Loukachenko s'était entretenu avec son allié russe Vladimir Poutine au téléphone, auquel il s'est plaint du déploiement «particulièrement préoccupant» de troupes polonaises à la frontière, selon le Kremlin.

Les Européens accusent depuis des semaines Alexandre Loukachenko de nourrir la crise en délivrant des visas à des migrants et les acheminant à la frontière pour se venger des sanctions européennes adoptées à l'encontre de son pays pour sa répression de l'opposition depuis la présidentielle de 2020.

«Cela fait partie de l'approche inhumaine et de vraies manières de voyou du régime Loukachenko», s'est ému le porte-parole de la Commission européenne Peter Stano, à Bruxelles, annonçant une intervention auprès de 13 pays pour qu'ils empêchent leurs ressortissants de s'embarquer pour le Bélarus.

Plus tôt, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait assuré que son pays «ne se laissera pas intimider». «Nous défendrons la paix en Europe avec nos partenaires de l'Otan et de l'UE», a-t-il indiqué sur Twitter.

Une «attaque hybride» de Minsk

«Sceller la frontière polonaise relève de notre intérêt national. Mais aujourd'hui, c'est la stabilité et la sécurité de l'UE tout entière qui est en jeu», a-t-il assuré, dénonçant une «attaque hybride» de Minsk.

Le président polonais Andrzej Duda a pour sa part accusé le régime bélarusse d'«attaquer la frontière polonaise, la frontière de l'UE d'une manière sans précédent».

Minsk reproche en retour à la Pologne de faillir à ses obligations humanitaires en refusant d'accueillir les migrants et mis en garde Varsovie contre «toute provocation» et «actions belliqueuses» à la frontière.

Le ministère bélarusse de la Défense a dénoncé le déploiement massif de soldats polonais à la frontière, qui constitue selon lui une «violation des accords bilatéraux», Minsk n'en ayant pas été notifié à l'avance.

Lundi, Bruxelles et Washington avaient dénoncé cette crise comme étant une instrumentalisation des migrants à des fins politiques par le Bélarus, de même que l'Otan qui a condamné une «tactique hybride». L'Allemagne a demandé à l'UE de «faire front commun» et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à de nouvelles sanctions européennes à l'encontre de Minsk.

Ces tensions laissent craindre une confrontation à la frontière, aux confins de l'Union européenne, où des troupes armées ont été déployées par les deux pays.

Au moins dix migrants sont morts dans la région depuis le début de la crise, dont sept du côté polonais de la frontière, selon le quotidien polonais Gazeta Wyborcza. (ATS)


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