Nouvelles révélations dans l'affaire du président syrien déchu, Bachar al-Assad. Celui-ci aurait rempli pas moins de 21 avions pour Moscou, avec à leur bord... 225 millions de francs, révèle le «Financial Times» dimanche 15 décembre. L'argent, en coupure de 100 dollars et 500 euros, était acheminé de la Banque centrale syrienne vers des banques russes sous sanction occidentale, rapporte «The Economic Times».
Les transferts de ces deux tonnes de billets se seraient déroulés entre mars 2018 et septembre 2019 en pleine guerre civile syrienne. Les sommes prélevées étaient si importantes, qu'une source confie au journal anglais que les réserves de devises étrangères étaient presque épuisées en 2018. Malgré cela, la Banque centrale a continué à effectuer des paiements en espèces.
Dans ce système, la Russie a joué un rôle crucial de refuge financier à un moment où l'économie syrienne était isolée par les sanctions occidentales et dévastée par des années de guerre. Les fonds auraient été utilisés pour des achats essentiels, comme des céréales en provenance de Russie, et des dépenses militaires, mais aussi pour acquérir des biens immobiliers de luxe à Moscou.
«S'assurer une belle vie»
Déposer d'importantes sommes d'argent liquide dans des banques russes, ne surprend pas David Schenker, ancien secrétaire d'Etat adjoint américain aux Affaires du Moyen-Orient. «Le régime devait transférer son argent à l'étranger, dans un lieu sûr, afin de pouvoir l'utiliser pour assurer une belle vie... au régime et à leur cercle restreint», confie-t-il dans les colonnes du média d'outre-manche.
Lors de ces transferts colossaux, Asma al-Assad, première dame et ancienne banquière, était aux manettes de secteurs économiques clés. L'épouse de Bachar al-Assad contrôlait notamment le trafic international de drogue et la contrebande de carburant. De quoi générer des revenus confortables.
L'Iran a également joué un rôle dans la survie du régime Assad à la tête de la Syrie. Les Gardiens de la révolution auraient facilité le transfert de millions de dollars vers Damas.
La corruption comme gouvernance
La dépendance financière et militaire grandissante à la Russie a été un terreau fertile pour la corruption, décrit le «Financial Times». Eyad Hamid, chercheur au Programme de développement juridique syrien précise l'ampleur du phénomène: «La corruption sous Assad n'était pas une affaire marginale ou un effet secondaire du conflit. C'était une façon de gouverner.»
Ces révélations mettent en lumière l’interdépendance complexe entre le régime syrien et ses alliés. Elles soulèvent des questions cruciales sur la manière dont les sanctions internationales peuvent être contournées, et sur le rôle de la Russie dans le maintien de Bachar al-Assad à la tête de la Syrie. Si l'ancien dictateur nie avoir planifié son départ de Damas, le choix de sa destination semble loin d'être fortuit.