84 roquettes et missiles - dont certains de croisière - ainsi que 24 drones de combat: en bombardant massivement des villes dans toute l'Ukraine lundi, Moscou a répliqué avec force à l'attentat contre le pont de Crimée. Les troupes russes ont visé des infrastructures civiles telles que les nœuds routiers et l’approvisionnement en eau et en électricité. Une aire de jeux pour enfants a également été touchée.
Mardi, les tirs à distance se sont poursuivis - avec au total une vingtaines de missiles lancés par l'armée russe en direction de Kiev et d'Odessa notamment. Dans la région de Vinnytsia, au sud-ouest de Kiev, une centrale thermique a été détruite par des drones de combat. Mais selon les médias ukrainiens, de nombreux missiles ont également été interceptés par le système de défense local.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré: «Les occupants ne peuvent pas nous affronter sur le champ de bataille, c’est pourquoi ils ont recours à cette stratégie de la terreur.»
Déséquilibre des forces au sol
Le fait que l'armée russe mise désormais sur les tirs à distance est effectivement lié à la faiblesse de ses troupes au sol. Wolfgang Richter, ancien colonel de la Bundeswehr (l'armée allemande) et aujourd’hui expert militaire auprès de la Fondation Science et Politique à Berlin, l'affirme à Blick: «Les Russes doivent surmonter la phase de faiblesse de leurs forces terrestres en intensifiant la guerre aérienne.»
Du côté russe, Wolfgang Richter estime que depuis le début de la guerre, entre 50'000 et 60'000 soldats ont été tués, blessés ou ne sont plus opérationnels. Selon l'expert, la Russie ne dispose peut-être plus que de 120'000 soldats sur le territoire occupé - soutenus par environ 30'000 miliciens de l'est de l'Ukraine.
Face à eux, l’armée de Kiev compterait 700’000 soldats actifs, très motivés à défendre leur territoire.
Phase de transition
Il y a trois semaines, le président Vladimir Poutine a annoncé la mobilisation d’une réserve de 300’000 hommes. «Il faudra sans doute deux à trois mois pour que ces forces soient formées, équipées et amenées sur le front», estime l'ex-colonel de l'armée allemande.
Durant cette phase de transition, les troupes russes essaient d’endommager le plus possible les infrastructures des Ukrainiens. Wolfgang Richter explique: «En attaquant les nœuds ferroviaires et l’approvisionnement en électricité, l'armée russe veille à ce que le ravitaillement logistique et le déplacement par voie ferrée des armes lourdes comme l’artillerie et les chars de combat en provenance de l’Ouest soient rendus plus difficiles.»
Les bombardements ont une influence sur la contre-offensive des soldats de Volodymyr Zelensky, estime l'expert militaire. «Les troupes ukrainiennes manquent de forces pour une grande attaque sur la Crimée», affirme-t-il. La prise de la ville de Kherson et la traversée du fleuve Dniepr poseraient des difficultés - d’autant plus que les Ukrainiens ont détruit les ponts.
La Russie dispose de stocks d'armes «encore importants»
Des observateurs ont évoqué le fait que la Russie avait désormais tiré tous ses missiles modernes et qu’elle ne disposait plus que de vieux matériel. Wolfgang Richter ne partage pas complètement cette opinion et préfère ne pas se montrer trop optimiste. «Nous ne savons pas exactement de combien de systèmes de missiles modernes la Russie dispose encore. Par exemple, les missiles Iskander - tirés depuis des camions militaires - et les missiles de croisière, qui peuvent être lancés depuis des avions, n'ont été utilisés jusqu'à présent qu'en nombre limité.»
Wolfgang Richter est convaincu que les Russes ont pris leurs dispositions pour la guerre. C’est pourquoi il estime que leurs stocks d’armes sont (encore) importants. «De nombreux systèmes d’armes de grande taille sont stockés dans des dépôts en Russie, dont plus de 9000 chars de combat. Ils ne sont certes pas opérationnels actuellement, mais une grande partie pourrait être remise en état dans un avenir proche», avance-t-il.
(Adaptation par Quentin Durig)