«Nous étions sales et fatigués»
Un jeune officier quitte l'armée russe et déballe tout à la télé

Il en avait assez de la guerre: un jeune officier russe est allé voir son commandant et a signé sa démission. Aujourd'hui, il déballe tout sur CNN et raconte les épreuves qu'il a traversées: «Nous étions sales et fatigués. Les gens autour de nous mouraient.»
Publié: 23.05.2022 à 12:07 heures
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Dernière mise à jour: 24.05.2022 à 08:25 heures
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Certains Russes sont favorables à la guerre en Ukraine. D'autres y sont opposés. Sur la photo: des partisans du pour à Krasnodar.
Photo: IMAGO/SNA
Nicolas Lurati

La guerre en Ukraine dure depuis trois mois. Et toutes les forces armées russes ne sont pas favorables à l'invasion. Comme ce soldat qui s'est confié à CNN. Le jeune officier se sent coupable d'y avoir participé. Par peur, il préfère rester anonyme. Il a osé faire un pas courageux et hautement risqué: il a quitté l'armée russe.

Le militaire s'explique: «Nous étions sales et fatigués. Les gens autour de nous mouraient. Je n'aimais pas cette impression d'en faire partie. Mais j'en faisais partie.» À un moment donné, le jeune officier en a eu assez de se battre. Il a cherché à en parler à son commandant et a dit qu'il souhaitait quitter son poste, raconte-t-il à la chaîne américaine. Dans un premier temps, le commandant s'y est opposé: on ne démissionne pas de l'armée russe.

Donner son téléphone portable «sans explication»

Mais le jeune homme ne renonce pas. Il finit par signer sa démission malgré les menaces de son supérieur. «Il m'a dit qu'il pourrait y avoir une procédure pénale. Une telle démission serait une trahison», poursuit l'officier anonyme auprès de CNN.

Son récit commence en février. Les troupes s'amassent à l'ouest de la Russie. Le 22 février, peu avant le début des hostilités, le jeune officier se voit retirer son téléphone portable alors qu'il est stationné à Krasnodar. Ses collègues doivent aussi rendre leur téléphone portable. Cela s'est fait «sans explication».

D'autres partent – le jeune officier reste

L'homme est ensuite transféré en Crimée avec ses compagnons d'armes. L'officier ne se doute toujours de rien: «Pour être honnête, je ne pensais pas que nous irions en Ukraine. Je ne pensais même pas que cela irait aussi loin». Et pourtant. Très vite, le soldat anonyme et ses acolytes posent le pied sur le sol ukrainien. Certains camarades en ont déjà assez: «Ils ont écrit une lettre et sont partis. Je ne sais pas ce qui leur est arrivé. Moi, je suis resté. Je ne sais pas pourquoi».

Sur le chemin de Kherson, le soldat rencontre des Ukrainiens. «Quand nous avons vu les autochtones, nous étions tendus. Certains d'entre eux cachaient des armes sous leurs vêtements. Quand ils s'approchaient de nous, ils faisaient feu».

«Content d'être de retour à la maison»

Plus tard, le jeune officier est retiré du front. «Nous avions une radio et pouvions écouter les informations». C'est ainsi que l'homme apprend l'ampleur de l'invasion. De «la fermeture des magasins en Russie et de l'effondrement de l'économie». Il déclare clairement: «Je me sentais coupable de cela. Mais je me sentais encore plus coupable d'être venu en Ukraine». Aujourd'hui, le jeune officier est de retour auprès de sa famille. Il ne sait pas ce qui l'attend. Mais il est heureux d'être rentré.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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