Négociations à Ryad
20 avril et 9 mai: ces deux dates hantent la paix en Ukraine

Steve Witkoff, l'émissaire de Donald Trump, a entamé les nouvelles négociations à Ryad avec les Ukrainiens et les Russes. Un cessez-le-feu le 20 avril, célébré le 9 mai: voici pourquoi ces dates sont essentielles.
Publié: 24.03.2025 à 14:37 heures
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Dernière mise à jour: 24.03.2025 à 14:43 heures
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Le 9 mai 2025 sera l'occasion pour Vladimir Poutine de célébrer à Moscou la victoire sur le nazisme, voici 80 ans.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Un cessez-le-feu pour la fête de Pâques orthodoxe, le 20 avril. Une négociation de paix bien engagée pour la commémoration de la libération de l’Europe, le 9 mai 2025 à Moscou. Ces deux dates hantent aujourd’hui les négociations sur l’Ukraine qui ont redémarré à Ryad, en Arabie saoudite. Avec pour chef d’orchestre l’ancien magnat de l’immobilier que Donald Trump a nommé comme émissaire en chef des Etats-Unis: Steve Witkoff.

20 avril et 9 mai. Ces deux dates, il est important de le noter, conviennent parfaitement à la Russie de Vladimir Poutine. Le président russe aimerait plus que tout présenter à sa population, et au monde, un arrêt des combats qui coïncide avec la principale fête religieuse chrétienne orthodoxe, lui qui se présente comme le défenseur des valeurs ancestrales de son pays.

Reddition nazie à Berlin

Mieux encore pour le 9 mai: cette date est celle de la reddition nazie à Berlin, il y a 80 ans. Le 7 mai, l’Allemagne hitlérienne avait capitulé à Reims (dans la Marne, en France) devant les Occidentaux. Mais pour Moscou, la seule date qui compte est le 9 mai, date de l’acte officiel de capitulation exigé par Staline. Une parade militaire sur la place Rouge aura lieu, et beaucoup d’observateurs estiment que Donald Trump pourrait alors y assister, aux côtés de son homologue russe.

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Faites ensuite le calcul, sur un calendrier. Le 20 avril tombe pile dans quatre semaines. Ce qui donne un mois pour négocier les conditions d’un cessez-le-feu dont les modalités sont loin, très loin d’être acquises. Or que se passera-t-il aussi durant la semaine du 20 avril? Donald Trump se préparera à fêter les cent jours de son arrivée au pouvoir, après son investiture le 6 janvier. Officiellement, les cent jours tombent le 27 avril. Or le président des Etats-Unis a promis qu’il aura, d’ici là, fait cesser les combats. Cette promesse se retrouverait tenue. Trump pourrait parader auprès de son électorat en affirmant «I made it» (je l’ai fait).

Macron et sa «coalition de volontaires»

Que va-t-il dès lors se passer d’ici ces deux dates? Et ce calendrier peut-il être bouleversé? La réponse dépendra des prochaines heures à Ryad, en Arabie saoudite, où la délégation américaine doit négocier séparément avec les Ukrainiens et les Russes. Mais une autre date s’est intercalée: ce 27 mars, Emmanuel Macron réunit à Paris les dirigeants européens de la «coalition des volontaires» désireux de s’impliquer pour fournir à l’Ukraine les garanties de sécurité indispensables pour éviter une nouvelle agression russe. Il leur faut, s’ils veulent être pris au sérieux par Washington, abattre des cartes maîtresses. Et dire formellement s’ils sont prêts à envoyer des soldats au sol, en Ukraine, pour matérialiser le basculement vers un arrêt des combats vérifiable et crédible.

Pour l’émissaire américain Steve Witkoff, cette réunion parisienne est sans importance. Ce dernier a d’avance écarté l’option avancée par le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français d’envoyer des troupes en Ukraine pour assurer un cessez-le-feu, la qualifiant de «posture». Pour le faire changer d’avis, les actes devront donc remplacer les mots. Une trentaine de pays seront représentés à Paris. La question de l’appel à des troupes internationales, via le vote d’une résolution des Nations unies, est sur la table. Logique, dès lors, d’envisager que la finalisation d’un éventuel cessez-le-feu prenne du temps jusqu’au 20 avril, ce jour de la Pâques orthodoxe qui est aussi fêté en Ukraine.

A Moscou, le 9 mai

La grande question, en termes de médiatisation et d’affichage politique, est l’éventuelle présence de Donald Trump à Moscou le 9 mai, qui est aussi le jour de la fête de l’Europe. Point important: les Européens auront du mal à s’y opposer d’un point de vue politique et historique. D’abord, parce que la participation de l’armée soviétique à la libération de l’Europe du joug nazi est incontestable et gravée dans le marbre du continent, avec les 27 millions de morts de l’ex-URSS, entre 1941 et 1945.

Ensuite, parce que Donald Trump peut arguer d’un précédent: Vladimir Poutine était présent, en juin 2014, aux cérémonies du 70e anniversaire du débarquement en Normandie (il ne l’était pas, en revanche, en juin 2024) quelques mois après l’annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie. Le président des Etats-Unis a jusque-là démenti. Mais pourra-t-il refuser l’invitation de Poutine si celui-ci, lors d’une première rencontre bilatérale en Arabie saoudite, et après plusieurs coups de fil, lui concède un début de paix?

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