Donald Trump est-il tombé de son piédestal? Probablement pas encore, mais les moqueries pleuvent dans le monde entier sur celui qui s'est autoproclamé «faiseur de deals», mais qui a rapidement cédé face aux exigences de Poutine pour un cessez-le-feu. De son côté, Vladimir Poutine, formé à la vieille tactique soviétique, se fait en revanche un nom en tant que négociateur habile.
Dans les médias russes contrôlés par Moscou, Vladimir Poutine est logiquement célébré pour ses talents de séducteur politique. Et Donald Trump? Il serait étonné de voir comment il est présenté chaque soir aux yeux de la population.
«Les masques sont tombés»
L'une des voix les plus importantes du cirque médiatique moscovite est celle de Vladimir Soloviev, présentateur de l'émission du soir qui porte son nom à la télévision publique russe. «Nous n'allons pas nous allonger comme les Ukrainiens et écarter nos jambes sans nous défendre», a grondé Vladimir Soloviev, félicitant Poutine de ne pas avoir accepté la proposition de trêve américano-ukrainienne.
«Les masques sont tombés», a déclaré le présentateur TV après la récente conversation téléphonique entre Poutine et Trump. Les négociations actuelles ne sont que le début d'une coopération beaucoup plus importante, peut-être même militaire, entre la Russie et les Etats-Unis.
Trump fait désormais le travail de Poutine
Vladimir Soloviev veut même voir les Européens brûler, alors que ces derniers sont considérés comme des «partis de la guerre» par les faiseurs d'opinions russes. Berlin, Paris ou encore Londres, l'armée russe devrait s'en emparer. Aux yeux de Vladimir Soloviev, il faudrait «empaler» Friedrich Merz ou lui envoyer directement un missile supersonique.
L'invité de Vladimir Soloviev, Andreï Lougovoï, un député russe, a déduit du dernier cycle de négociations que la Russie avait «résolument gagné la réédition de la guerre froide». Andreï Kartopolov, un autre député, a également réagi aux négociations dans l'émission «60 minutes»: «Seuls les grands hommes sont à la hauteur des grandes situations. On le voit clairement maintenant.»
Evgeny Popov, l'influent présentateur de cette même émission, s'est montré véritablement étonné par le déroulement des négociations. «Trump fait notre travail. Nous voulions en fait diviser l'Occident. Maintenant, il a décidé de le faire pour nous.» L'invité d'Evgeny Popov, Oleg Morozov, un député proche de Poutine, s'est réjoui du fait qu'en politique «même les espoirs les plus absurdes sont parfois dépassés.»
La Russie en position de force
Les résultats des négociations sont interprétés en Russie comme une manœuvre géopolitique qui, grâce à Poutine, conduira à un avantage maximal pour la Russie, déclare Gulnaz Partschefeld à Blick. La professeure de l'Université de Saint-Gall a elle-même travaillé jusqu'en 2006 comme présentatrice du journal télévisé pour la chaîne publique russe.
«L'acceptation rapide par l'Ukraine du cessez-le-feu de Trump est présentée comme un signe de faiblesse, tandis que l'on vend les hésitations de la Russie comme un raffinement tactique», explique Gulnaz Partschefeld. On veut ainsi consolider l'image d'une direction russe stratégiquement supérieure.
Pour voir cette image, il n'est pas nécessaire de regarder les émissions de télévision russes. Il suffit de cliquer sur la plateforme de propagande «RT» (anciennement «Russia Today") financée par Moscou et toujours autorisée en Suisse (contrairement à l'UE). On y accuse l'Ukraine de «tactique de leurre» dans les négociations en cours et on loue Poutine pour sa réaction «mesurée et précise». Sa tactique de négociation fera partie des manuels scolaires. Poutine est qualifié de «maître des manœuvres».
La signature de Trump moquée
Donald Trump, le soi-disant spécialiste des négociations, s'en tire tout autrement aux yeux des Russes. Récemment, l'émission «60 minutes» d'Evgeny Popov s'est moquée de la signature du président américain. Elle ressemble «au cardiogramme d'un cœur faible», s'est moqué le groupe, «à une tronçonneuse longue de plusieurs kilomètres».
Peut-être que Donald Trump devrait regarder les émissions de la télévision russe. Il verrait alors que derrière la façade d'amitié imposée de Poutine, c'est toute une nation qui se moque de lui.