Mort du chef du Hamas
Israël a gagné sa guerre, et sa responsabilité reste immense

La mort de Yaya Sinouar parachève la victoire qu'Israël était certaine d'obtenir, compte tenu de la disproportion des forces et du choix de frappes massives, qui ont causé la mort de plus de 40 000 personnes. La responsabilité de l'État hébreu est désormais immense.
Publié: 18.10.2024 à 11:59 heures
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Dernière mise à jour: 18.10.2024 à 19:08 heures
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Yaya Sinouar était traqué dans la bande de Gaza depuis le déclenchement de la riposte israélienne, le 8 octobre. Son sort était scellé.
Photo: IMAGO/NurPhoto
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Richard WerlyJournaliste Blick

Benjamin Netanyahu a gagné sa guerre. Le massacre du 7 octobre, déclenché par Yaya Sinouar et les commandants militaires du Hamas Palestinien pour infliger le plus de dommages possibles à Israël, vient en quelque sorte de trouver son épilogue. Le concepteur de cet assaut terroriste est mort.


Comment? La vérité des faits qui se sont déroulés à Gaza, jeudi 17 octobre, sera de toute manière altérée par les besoins de la propagande de Tsahal. Impossible également d’affirmer que Sinouar, devenu chef du Hamas après l’élimination à Téhéran d’Ismaël Haniyeh le 31 juillet 2024, dirigeait encore les opérations dans ce territoire où deux millions de Palestiniens sont condamnés à survivre dans les ruines, les décombres, les déchets et l’horreur d’une année de frappes ininterrompues. Le brouillard de la guerre restera. Il ne disparaîtra pas.

Regarder en face cette année écoulée

L’important, aujourd’hui, est que les Israéliens regardent en face le bilan de cette année durant laquelle des forces disproportionnées ont été engagées pour éliminer toute résistance armée palestinienne, et mettre à genoux une population qui n’a plus d’autre choix que de supplier l’État hébreu d’interrompre ses bombardements et ses destructions.


Voilà donc à quoi ressemble leur pays, un an après le 7 octobre: un pays vainqueur, qui a prouvé qu’il pouvait tuer quiconque le défie et s’en prend à ses citoyens, où l’emploi de la force la plus brutale, contraire à tout le droit de la guerre, est devenu légitime. Un pays que son premier ministre Benjamin Netanyahu, prenant appui sur la riposte au 7 octobre, a transformé en effroyable machine à tuer. Un pays qui, comme tout vainqueur absolu, se retrouve à devoir gérer à la fois le prix du sang versé, et à dessiner l’avenir au-delà des performances de ses services de renseignement, du bruit strident des drones, des tirs de missiles ou des commandos de colons prêts à exécuter quiconque s’oppose à leur insatiable vision messianique de l’État hébreu et du peuple juif.

Oui, que veut Israël? Et que propose Benjamin Netanyahu, à part de laisser pourrir des millions de Palestiniens sur leur terre polluée pour des années par le déluge de plomb qui s’est abattu sur Gaza? Jusque-là, la traque de Yaya Sinouar et des siens était l’ultime prétexte pour poursuivre les destructions. Il reste encore, et c’est tragique, le sort d’une centaine d’otages israéliens toujours détenus. Mais après? La Palestine doit-elle être rayée de la carte et des mémoires, comme l’extrême-droite israélienne le réclame? Les Palestiniens doivent-ils tous s’exiler? Le Liban-sud doit-il être occupé? On ne gagne pas une guerre sans assumer, après, la plus importante des responsabilités: celle qui consiste à affronter tous les morts, tous les blessés, toute l’horreur qui s’est déroulée.

Plus d’ennemis à décapiter

Benjamin Netanyahu n’a plus d’ennemis numéros un à décapiter. Le Hamas reste une idéologie, mais n’a plus d’appareil militaire. Le Hezbollah est en lambeaux. L’Iran est le dos au mur. «Bibi» peut dire à ses concitoyens qu’il les a vengé, alors que des dizaines de milliers d’entre eux continuent de réclamer sa démission. Mais en pareilles circonstances, un chef de guerre n’est jamais responsable que devant les siens. Il l’est devant nous tous et devant ses soutiens, à commencer par les États-Unis.

Le devoir d’Israël envers la communauté internationale est, après la mort de Yaya Sinouar, plus important que jamais.

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