Vengeance. C’est le mot qui revient dans tous les communiqués officiels et dans toutes les déclarations de l’Iran et de ses alliés depuis la mort d’Ismaïl Haniyeh, tué par une frappe à l’aube (sans doute un missile) contre la maison où il résidait à Téhéran, mercredi 31 juillet. Ce jeudi 1er Août, la mort du chef militaire du Hamas, Mohammed Deif, a été officialisée.
Mais quelle vengeance? Et avec quelles conséquences pour le Moyen-Orient qui court toujours le risque d’un embrasement généralisé. Sans parler des risques d’actions terroristes hors de la région, contre des intérêts israéliens ou occidentaux. Voici trois scénarios envisageables.
Le scénario de la guerre totale
L’Iran, puissance régionale bafouée par cette attaque meurtrière et ciblée perpétrée sur son sol, dans sa capitale et qui plus est dans un quartier sécurisé, se doit de réagir. Le guide suprême du pays, l’Ayatollah Ali Khamenei, aurait donné l’ordre de frapper directement Israël, comme cela avait été fait en avril 2024, lorsque près de 300 missiles et drones s’étaient abattus sur l’État hébreu.
Guerre totale? Ce n’est pas le mot. Une telle frappe, très symbolique, a peu de chances de réussir compte tenu du «dôme de fer», le dispositif anti-aérien qui protège Israël et du soutien des Occidentaux qui participeront aux interceptions de missiles.
Un autre scénario est en revanche envisageable: des attaques simultanées contre Israël menées par l’Iran, par le Hezbollah basé au sud Liban et par les Houthis du Yémen. Il s’agirait de prendre en tenaille le pays, tandis que le Hamas fixerait par des actions offensives les unités de Tsahal présentes à Gaza. De hauts responsables iraniens devaient rencontrer ce jeudi les représentants de ces groupes. Mais là aussi, avec quel degré d’efficacité? Dans la bande de Gaza transformée en champ de ruines, le chef opérationnel du Hamas Yaya Sinouar est désormais isolé, plus trqué que jamais par les commandos de Tsahal. Le pays le plus exposé, en cas d’engrenage, est évidemment le Liban, dans le viseur d’Israël. Une frappe israélienne a d'ailleurs tué, le 31 juillet, le principal chef militaire du Hezbollah Fouad Chokr, dont les États-Unis avaient mis la tête à prix depuis sa participation à l'attentat contre un bâtiment occupé par un contingent de Marines en 1983 à Beyrouth. 241 américains avaient alors péri.
Le scénario du terrorisme en Israël
C’est ce que redoutent le plus les autorités israéliennes. Bien sûr, le pays s’y prépare en permanence, encore plus depuis l’assaut terroriste du 7 octobre conduit par le Hamas. Reste que l’hypothèse d’un attentat, ou de plusieurs attentats simultanés contre des cibles civiles en Israël ne peut pas être écartée.
Le risque, pour ceux qui commanditeraient ces actes, est d’abord de se trouver empêchés par les forces de sécurité israéliennes, qui pourraient ensuite utiliser cet argument pour redoubler d’ardeur destructrice dans la bande de Gaza où 40'000 Palestiniens ont déjà été tuées dans les ruines de l’offensive, selon le Hamas et les organisations humanitaires.
Autre risque: entraîner de nouvelles frappes ciblées contre les leaders des groupes responsables de ces actes. Le terrorisme a toutefois un avantage funeste: il nécessite peu de moyens militaires, et il peut semer la peur dans la société israélienne. Tous les «proxys» de l’Iran - les groupes armés chiites financés par Téhéran - ont des unités spécialisées dans ce type d’action, y compris des «kamikazes» prêts à se faire exploser.
Le scénario du terrorisme hors d’Israël
En pleins Jeux olympiques de Paris, c’est ce qui fait le plus peur aux services de renseignement occidentaux. Il y aurait en plus une logique politique à ce type de riposte: puisque l’État hébreu s’en prend à des dirigeants palestiniens hors du territoire de Gaza, à savoir en Iran, il devient légitime de riposter contre des cibles israéliennes partout dans le monde.
La cible pourrait être les pays occidentaux, notamment l’Europe. Les ambassades, les consulats, ou des entreprises israéliennes pourraient être visés. Mais n’oublions pas d’autres terrains comme l’Afrique, beaucoup moins quadrillés par les forces de sécurité.
Aujourd’hui, c’est ce risque qui est jugé le plus probable. La frappe ciblée contre Ismaïl Haniyeh fait de tout diplomate, athlète ou même ressortissant israélien occupant une fonction officielle, une cible potentielle pour les groupes à la solde de Téhéran. La frappe qui a coûté la vie à Mohammed Deif à Gaza, le 13 juillet peut aussi être invoquée pour justifier des représailles contre des cibles civiles: elle a en effet entraîné la mort de 92 palestiniens, dans le camp de déplacés proche de Khan Younes où le chef militaire du Hamas avait trouvé refuge.