Ignazio Cassis est heureux, mais très inquiet. Heureux pour la Suisse et ses athlètes, après sa visite au village olympique à Saint-Denis, et la fête donnée mardi soir à la Maison suisse de Paris pour la médaillée de bronze au tir Audrey Gogniat. Très inquiet pour la situation internationale et le risque d’engrenage au Moyen-Orient, après l’élimination à Téhéran du chef politique du Hamas Ismaël Haniyeh.
«J’ai entendu ce matin la nouvelle du meurtre, pardon de l’homicide qui a coûté la vie à Ismaël Haniyeh à Téhéran, cela me préoccupe énormément», a réagi le Conseiller fédéral, en réponse à une question de Blick, lors d’un point de presse à la Maison suisse installée à Paris dans l’ambassade helvétique.
Et d’ajouter: «Il est clair qu’une frappe comme celle-ci augmente le risque d’une très grave escalade. Elle correspond évidemment à la stratégie d’Israël d’éliminer les dirigeants du Hamas. Mais les conséquences internationales ne peuvent pas être sous-estimées et encore moins oubliées.»
Au cœur de la capitale iranienne
Frapper au cœur de la capitale iranienne pose aussi la question du rôle de la Suisse, qui conserve en Iran le mandat de protection des intérêts américains, et sert régulièrement de point de contact entre les parties pour échanger des messages et des informations «objectives». Le chef du Département fédéral des Affaires étrangères l’a redit à Paris.
«La Suisse propose traditionnellement ses bons offices diplomatiques, du soft power en quelque sorte. Mais dans ce cas particulier, le fait que la frappe a eu lieu en Iran, compte tenu du mode de réaction habituel des Iraniens, nous oblige à nous tenir prêts et nous le sommes. La Suisse est un canal de communication qui peut amener à réduire l’impact d’un terrible engrenage. Nous l’avons fait dans le passé.»
L’Iran visé
L’Iran est donc visé et touché au-delà de cette élimination ciblée du dirigeant palestinien? «Bien sûr, poursuit Ignazio Cassis. Tuer Ismaël Haniyeh dans ce pays qui est en quelque sorte le quartier général de tout ce qui se passe, avec des alliés comme les milices Houthis au Yémen, le Hezbollah au sud Liban ou bien sûr le Hamas, cela ne peut que préoccuper.»
Avant de conclure: «Le risque d’augmenter la régionalisation du conflit est évident, alors que nous n’avons pas cessé, depuis le début, d’appeler à la retenue et à la désescalade. Les proxys de l’Iran vont bouger. On s’attend à ce qu’ils le fassent. Je les invite à ne pas le faire. La voie de sortie est encore plus difficile aujourd’hui, mais elle est toujours possible si on le veut.»