Le mouvement islamiste palestinien Hamas a affirmé mercredi que son chef politique, Ismaïl Haniyeh, avait été tué à Téhéran par une frappe israélienne, quelques heures seulement après qu'Israël a lancé une attaque aérienne contre un commandant du Hezbollah à Beyrouth. Blick fait le point de la situation.
Que sait-on à l'heure actuelle?
Les Gardiens de la révolution iranienne ont annoncé mercredi qu'Ismaïl Haniyeh aurait été tué avec l'un de ses gardes du corps dans «un raid sioniste contre son quartier général à Téhéran». L'information a ensuite été confirmée par la télévision nationale iranienne et le Hamas lui-même.
Peu avant sa mort, le chef du Hamas avait participé à la cérémonie d'investiture du nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, a encore indiqué le Hamas sur son canal Telegram.
Qui était Ismaïl Haniyeh?
Ismaïl Haniyeh était l'un des chefs les plus hauts placés du Hamas, pourchassé par Israël depuis des années. Ce dernier était impliqué dans les discussions de cessez-le-feu au cours des derniers mois. En 2017, il a été élu chef de l'aile politique du Hamas. Avec Yahya Sinwar, il est considéré comme l'un des deux membres les plus importants du groupe palestinien.
Ces dernières années, Ismaïl Haniyeh a séjourné alternativement en Iran et au Qatar. Il est né dans le camp de réfugiés de Shati, à Gaza. C'est là que ses parents se sont réfugiés avec 750'000 autres Palestiniens pendant la Nakba en 1948, lorsque l'État d'Israël a été créé. Ismaïl Haniyeh a ensuite étudié à l'université al-Azhar de Gaz de Gaza, puis à l'université islamique de Gaza, où il a obtenu un diplôme en littérature arabe.
Selon Israël, Ismaïl Haniyeh aurait joué un rôle important dans l'attaque du Hamas du 7 octobre dernier. La Cour pénale internationale avait donc émis un mandat d'arrêt contre lui et d'autres membres du Hamas.
Que disent le Hamas et ses alliés?
Après l'annonce de sa mort, le Hamas a parlé d'un «acte lâche qui ne restera pas impuni». Peu après un porte-parole du Hamas a indiqué à la chaîne de télévision Al Jazeera que le groupe mènerait «une guerre ouverte pour libérer Jérusalem» et qu'il était prêt à «payer différents prix» pour cela.
Le Jihad palestinien, étroitement allié au Hamas, s'est également exprimé sur l'incident. «Cet attentat ne vise pas seulement la résistance palestinienne et en particulier le Hamas, mais aussi l'Iran», a déclaré un porte-parole à une chaîne libanaise. «Israël est au bord de l'effondrement et ses réactions reflètent la confusion et l'incapacité à atteindre l'un de ses objectifs», ajoute-t-il. «Israël est confronté à une énorme résistance pour la première fois de son histoire.»
Le Hezbollah a également publié un communiqué. Le groupe libanais y a exprimé ses «plus profondes condoléances pour le martyre du grand et sincère dirigeant et cher frère». La milice a en outre souligné que la mort du chef du Hamas «renforcera la détermination et l'obstination des combattants de la résistance dans tous les domaines de la résistance».
Comment réagissent les Palestiniens?
Selon les médias locaux, des groupes palestiniens de Cisjordanie occupée par Israël ont appelé à une «grève générale» pour protester contre l'assassinat. Des grèves ont été lancées dans des villes comme Ramallah et Naplouse. En outre, l'Université de Naplouse a publié une déclaration annonçant la «suspension des heures de travail» pour le deuil.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a également condamné l'assassinat dans un communiqué, le qualifiant d'"acte lâche». Le chef de l'Autorité palestinienne a parlé d'un «développement dangereux». Le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Sheikh, s'est exprimé sur X et a indiqué que son organisation condamnait «l'assassinat du dirigeant national». Il a évoqué la nécessité de l'unification des différents groupes et factions palestiniens.
Que dit l'Iran?
Nasser Kanaani, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré que le «sang du leader du Hamas assassiné Ismaïl Haniyeh» ne serait «jamais versé». Son «martyre» renforcera «le lien profond et incassable entre Téhéran, la Palestine et la résistance».
Que dit Israël?
L'armée israélienne ne s'est pas exprimée dans un premier temps sur l'attaque. Interrogée par des médias internationaux, elle a indiqué qu'elle ne confirmerait pas les informations en provenance de l'étranger. Le ministre de la Culture Amihai Eliyahu a néanmoins été le premier haut fonctionnaire du gouvernement à réagir à l'assassinat du chef. «C'est la bonne façon de nettoyer le monde de cette saleté», écrit-il sur X.
Que va-t-il se passer maintenant?
On ne sait pas encore ce que la mort d'Ismaïl Haniyeh impliquera et quelles seront les conséquences de sa mort pour la guerre à Gaza. Il a joué un rôle déterminant dans les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza. On ne peut savoir à l'heure actuelle comment les choses vont désormais évoluer à cet égard.
Des trois membres les plus hauts placés du Hamas, il ne reste plus que Yahya Sinwar. Le haut responsable Marwan Issa a lui aussi été tué il y a quelques mois. Quelques heures seulement avant l'attaque contre Ismaïl Haniyeh, Israël a en outre pris pour cible un commandant de haut rang du Hezbollah dans la capitale libanaise Beyrouth. Selon le Hezbollah, son sort n'est pas encore clair. Le Hamas et le Hezbollah sont tous deux soutenus par l'Iran. L'avenir dira si les groupes se vengeront.
Comment le monde réagit?
Le ministère turc des Affaires étrangères a condamné la tuerie et déclaré dans un communiqué que l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh montrait une fois de plus que le gouvernement israélien n'avait pas l'intention d'instaurer la paix: «Cette attaque vise également à étendre la guerre à Gaza à une dimension régionale. Si la communauté internationale ne prend pas de mesures pour arrêter Israël, notre région sera confrontée à des conflits bien plus importants.»
Najib Mikati, le Premier ministre du Liban, a déclaré: «Nous condamnons l'assassinat de Haniyeh et voyons dans cette action un risque sérieux d'élargir le cercle des préoccupations et des dangers mondiaux dans la région.»