Le chef politique du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été tué mercredi à Téhéran avec l'un de ses gardes du corps dans une attaque aérienne ciblée. Il était considéré comme un des plus hauts dirigeants du Hamas – et le premier à avoir été tué depuis le début de la guerre à Gaza il y a environ dix mois.
Premier ministre de l'Autorité palestinienne de 2006 à 2007, l'homme était l'une des principales figures du Hamas. Depuis le Qatar et la Turquie, où il séjournait, il prenait part aux activités politiques du groupe palestinien. Sa mort est donc un événement lourd de conséquences pour l'avenir de la région en crise. Qu'est-ce que sa disparition signifie pour le Hamas? Et pour la guerre à Gaza?
Sur la mort d'Ismaïl Haniyeh
Rien de bon, selon Erich Gysling: «Ismaïl Haniyeh était l'interlocuteur indirect d'Israël en ce qui concerne le cessez-le-feu et la libération des otages», explique le spécialiste du Proche-Orient à Blick. «Il y a toujours eu des résistances de la part d'Israël lorsque les discussions étaient sur le point d'aboutir. Désormais, ces négociations ont que peu de chance de se poursuivre. Pour les otages qui seraient encore être en vie, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques.»
«Une escalade menace désormais au Proche-Orient»
Le successeur d'Ismaïl Haniyeh n'est pas encore fixé, ajoute Erich Gysling: «Il y a bien des suppléants, mais ils sont toujours restés en arrière-plan jusqu'à présent. Ce ne sont pas des personnalités comme Haniyeh. Il était la figure clé des négociations.»
Selon lui, la mort du haut dirigeant du Hamas va aggraver massivement la situation. «Le Proche-Orient est désormais menacé d'escalade», estime l'expert. La nouvelle de la mort de Haniyeh a suivi de quelques heures seulement une attaque aérienne israélienne sur une banlieue de la capitale libanaise Beyrouth. Selon l'armée israélienne, Fouad Shukr, un commandant de haut rang de la milice chiite Hezbollah, a été tué lors de cette attaque. Le Hezbollah est allié au Hamas à Gaza, tous deux étant à leur tour des alliés de l'Iran.
Depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, le Hezbollah attaque des cibles dans le nord d'Israël par solidarité avec le groupe palestinien. Il ne cessera ses attaques que lorsqu'un cessez-le-feu aura été conclu à Gaza. La double attaque d'Israël est donc dangereuse. Erich Gysling poursuit: «Israël risque une guerre sur deux fronts qui entraînera des difficultés existentielles pour le pays.»
Deux scénarios sont probables
Andreas Böhm, expert du Proche-Orient à l'Université de Saint-Gall, pense lui aussi que les négociations sont désormais au point mort. Il estime que deux scénarios sont désormais probables. «L'élimination de Haniyeh à Téhéran et d'un chef militaire du Hezbollah au Liban donne à Netanyahu la possibilité de crier victoire et de faire (enfin) avancer les négociations qu'il bloque depuis trop longtemps», analyse Andreas Böhm pour Blick. Toutefois, les deux frappes représentent un échec cuisant pour l'Iran et le Hezbollah, qui devraient en principe réagir.
Un autre scénario est possible: «Les deux frappes étaient une tentative consciente d'Israël de provoquer une guerre régionale. Le fait qu'elles aient frappé l'Iran et le Hezbollah directement au centre (Téhéran, Beyrouth) plaide en faveur de cette hypothèse.» En outre, Netanyahu risque de voir le prochain président américain, qu'il s'agisse de Trump ou de Harris, lui laisser moins de marge de manœuvre. «La question est maintenant de savoir comment l'Iran va réagir. Il y aura certainement une réaction visible, mais tout dépendra si elle est plus symbolique ou si elle déclenche une nouvelle escalade», précise encore Andreas Böhm.