«Je ne voulais pas pleurer», assure Diana Haliieva. Mais la nostalgie de sa famille et la douleur remonte à la surface lorsque la femme de 24 ans évoque ses proches en Ukraine. Depuis mars 2022, elle n'a vu son mari – et père de sa petite Anastasia, âgée de deux ans – qu'en vidéoconférence, tout comme ses parents et grands-parents.
C'est en bus que Diana, Anastasia et sa cousine Valeriia Mashchenko sont arrivées en Suisse il y a plus de neuf mois. Après les premières semaines passées dans une famille suisse, les cousines, qui vivaient auparavant à 16 heures de route les unes des autres, ont pu emménager dans un appartement à Reinach (BL) avec leur enfant en bas âge.
Un premier Noël en Suisse
En fuyant vers les terres bâloises, les Ukrainiennes ont été catapultées dans une nouvelle vie. Elles font de nouvelles expériences, assument de nouveaux rôles. Cela se fait sentir jusqu'en période de Noël. Au pays, c'était toujours le mari de Diana qui s'occupait du sapin. Sa mère et sa grand-mère se chargeaient du repas. Valeriia était généralement invitée quant à elle chez sa grand-mère avec sa famille élargie.
La famille de Diana fêtait habituellement Noël le 7 janvier, selon le calendrier julien. En revanche, son mari le célébrait déjà en décembre, selon le calendrier grégorien. Diana se montrait tout à fait flexible à cet égard.
Cette année, les cousines fêteront Noël le 24 décembre dans leur propre appartement. Elles prévoient d'installer un petit sapin et de le décorer avec la petite Anastasia. Elles prépareront des plats ukrainiens, comme l'«olivje», une salade de pommes de terre avec des carottes, du salami, des concombres, de la mayonnaise et des oignons. Le mari de Diana apprécie particulièrement ce plat.
Ce 21 décembre, le trio a été invité pour un repas de Noël chez leur ancienne famille d'accueil. Là aussi, elles ont souhaité apporter des plats ukrainiens.
Survivre plutôt que de faire la fête
Dans leur pays d'origine, la magie de Noël n'opérera pas cette année. «La survie reste le plus important», affirme Valeriia. Les gens patientent la majeure partie de la journée sans électricité dans un froid mordant, cuisinant de temps à autre lorsque cela est possible. Par peur des attaques, ils restent chez eux. En temps de guerre, il n'y a pas de table décorée pour les fêtes, pas de choix abondant de plats traditionnels.
En Suisse, plus de 70'000 personnes ayant fui l'Ukraine sont livrées à une alternance de sentiments similaire à celle ressentie lors de notre rencontre avec Diana et Valeriia. La tristesse et l'inquiétude se mêlent à la gratitude et aux petites joies du quotidien.
Il faut dire que les cousines se portent tout de même bien dans leur pays d'accueil. Valeriia enseigne à des enfants ukrainiens et a noué des amitiés dans une paroisse. Tandis que Diana travaille comme assistante dans un jardin d'enfants. «Quand je suis avec les enfants, j'oublie la guerre», assure-t-elle.
La famille est synonyme de soutien
Ce qui lui manque le plus dans cette nouvelle vie, ce sont ses êtres chers, la famille et les amis qui, en partie à cause de la guerre, sont dispersés sur la moitié de la planète. «La famille est un soutien. Quand les murs qui vous entourent sont familiers, cela a un effet curatif et relaxant», précise Valeriia. «Je souhaite une grande famille!», s'exclame Diana de son côté.
Depuis ce mois-ci, le contact avec les proches restés en Ukraine est devenu plus difficile, rapportent les deux femmes. Les infrastructures détruites par les Russes perturbent la communication par téléphonie et par Internet.
A Noël, les cousines souhaiteraient pourtant par-dessus tout pouvoir joindre leurs familles et ressentir un peu de proximité par écran. Leur seul vœu de Noël est que la guerre et les tueries prennent fin. «Nous pourrons alors retrouver nos familles en Ukraine», se projette Valeriia.