Méga-embouteillage à la frontière ukrainienne
Un bénévole suisse raconte l'attente sur la route pour la Roumanie

Sur des dizaines de kilomètres, une colonne de camions attend pour entrer en Ukraine et en Roumanie. Martin Hug, chauffeur bénévole pour une association caritative, raconte son parcours dans le froid pour livrer ses dons aux enfants dans le besoin.
Publié: 19.12.2022 à 22:26 heures
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Dernière mise à jour: 20.12.2022 à 10:42 heures
Martin Hug, en bleu, distribue des colis humanitaires depuis 30 ans.
Photo: Zvg
Luisa Ita

Depuis exactement 30 ans, Martin Hug, originaire de Ziefen (BL) se rend régulièrement en Roumanie jusqu'à la frontière ukrainienne. Avec son camion, il y livre des biens de première nécessité et des dons. Depuis quatre ans, il roule pour une association venant en aide à la Roumanie de Wegenstetten (AG). «C'est déjà ma 115e mission, je tiens un registre», s'enorgueillit l'homme de 74 ans.

Pourtant, jamais Martin Hug n'avait vécu une expérience similaire à celle de la semaine dernière: un méga-embouteillage à la frontière roumano-ukrainienne à Siret Ro. Une vidéo montre la colonne qui, selon le conducteur, s'est étendue presque jusqu'à Suceava. «Je m'étais déjà rendu en Ukraine en juillet pour une livraison. Déjà à l'époque, les camions étaient bloqués à la frontière, mais seulement sur une vingtaine de kilomètres. Cette fois-ci, il y avait environ 40 kilomètres de bouchons de camions!», raconte le bénévole effaré.

Le bénévole a filmé le méga-embouteillage à la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie.
Photo: Zvg

Des jours dans le froid glacial

Les chauffeurs ont raconté qu'ils devaient patienter à la douane pendant cinq à six jours dans un froid glacial et par des températures bien en deçà de zéro. «L'Ukraine veut simplement jouer la carte de la sécurité et contrôle scrupuleusement chaque camion ainsi que son chargement», conjecture Martin Hug. Il n'y a pas de toilettes, ni de possibilités de se restaurer. «Les chauffeurs emmènent de la nourriture pour plusieurs jours.»

Le chauffeur humanitaire est habitué aux images tragiques. «C'est en 1992 que je me suis rendu pour la première fois en Roumanie, se souvient-il. Je suis arrivé à cet engagement tout à fait par hasard.» Lors d'une manifestation ecclésiastique, on cherchait un spécialiste de la construction pour une petite rénovation d'église, se rappelle le retraité. C'est comme ça qu'il s'est lancé.

Le mini-van de Martin Hug avant sa distribution de colis.
Photo: Zvg

5'000 cadeaux livrés

En ce moment, Martin Hug est encore en Roumanie: «Nous avons déjà livré plus de 5'000 cadeaux de Noël. Ils ont été offerts par presque la moitié de la Suisse.» On y retrouve du chocolat, des crayons de couleur, des peluches, des blocs-notes, mais aussi des objets plus personnels comme un bonnet tricoté, des ballons ou un jouet. Les cadeaux seraient offerts à des orphelins, des enfants de maternelle et des écoliers roumains.

La joie des enfants est le plus beau cadeau pour Martin Hug.
Photo: Zvg

La semaine prochaine, le Bâlois veut rentrer chez lui. «Pour pouvoir fêter Noël avec mes petits-enfants», sourit le grand-père. Mais ce dernier se sent encore assez en forme pour ce long voyage qui s'étend sur trois jours, avec plusieurs nuitées. Il sera d'ailleurs accompagné d'un compagnon de route: «Nous nous sentons encore suffisamment en forme pour cette mission. Et le rayonnement des enfants dans le besoin lorsqu'ils ouvrent leurs cadeaux compense largement la fatigue du voyage! C'est vraiment ce qu'il y a de plus important pour moi!»

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