Ce lundi 30 août 2021 est un jour historique. Celui où le dernier avion de l’armée américaine a quitté le tarmac de l’aéroport Hamid Karzaï de Kaboul. La fin du plus long conflit de l’histoire américaine. Vingt ans de guerre d’Afghanistan qui se terminent par le retour au pouvoir des talibans, chassés par les bombardements américains après le onze septembre.
«Le dernier avion C-17 a décollé de l'aéroport de Kaboul le 30 août» à 21h29 heure suisse, a déclaré le général Kenneth McKenzie lors d'une conférence de presse. Il dirige le commandement central dont dépend l'Afghanistan.
«Si les évacuations militaires sont terminées, la mission diplomatique pour s'assurer que davantage de citoyens américains et d'Afghans éligibles voulant partir continue», a ajouté le général américain.
Ce départ était la seule issue pour le président américain Joe Biden, après l’attentat qui a fait treize morts américains et presque 200 morts aux abords de l’aéroport. Ce dernier est devenu la seule porte de sortie pour celles et ceux qui fuient les talibans, d'où une forte affluence.
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Le chaos indescriptible rendait la situation difficilement contrôlable et Joe Biden n’avait pas l’intention de voir un autre attentat de l’État islamique au Khorasan endeuiller ce retrait déjà controversé.
À plusieurs reprises d'ailleurs, le président avait réaffirmé sa conviction à la presse: «chaque jour que nous passons sur le terrain est un jour de plus où nous savons que l'EI tentera d’attaquer l’aéroport pour s’en prendre aux forces américaines et alliées ainsi qu’à des civils innocents.»
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114’000 personnes évacuées par avion
La majorité des alliés ont déjà terminé leurs vols d’évacuation au cours des derniers jours. Les talibans, avec lesquels les Américains ont développé une forme de coopération suite aux attaques terroristes, se montrent menaçants et préviennent qu’un prolongement de la présence des troupes occidentales aura des conséquences, ne serait-ce qu’un jour de plus.
Au cours des deux dernières semaines, environ 114’000 personnes ont été évacuées par avion. Le week-end dernier, les talibans ont commencé à boucler l’aéroport. Dimanche, il restait environ 4000 soldats et 1000 civils à l’aéroport, en attente d’un vol.
Un responsable occidental de la sécurité déclare à Reuters: «Nous voulons nous assurer que tous les civils étrangers et toutes les personnes à risque soient évacués. Dès que ce processus sera terminé, les troupes s’envoleront.»
Peu d’espoir pour des milliers d'Afghans
Les alliés laissent derrière eux des dizaines de milliers d’Afghans ayant coopéré avec ou soutenu les troupes occidentales, les moins chanceux de cette course contre la montre infernale. Beaucoup d’entre eux n’ont pas même atteint Kaboul.
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Les charters américains n’attendront pas, mais il est encore permis d’espérer. Jake Sullivan, conseiller pour la sécurité nationale de Joe Biden, affirmait dimanche que les talibans garantiraient un passage sûr pour les personnes munies d’un permis de voyage. Il est toutefois impossible de savoir si les islamistes tiendront leur promesse.
Les alliés de l’OTAN se battent également pour que l’aéroport reste ouvert aux vols d’aide humanitaire dont le soutien sera nécessaire ces prochains jours.
L’ONU veut une zone protégée
Un représentant des talibans a déclaré à Reuters que le personnel technique était prêt à prendre le contrôle de l’aéroport mardi. «Nous attendons le feu vert des Américains.» Les deux parties chercheront à obtenir un transfert rapide, continue le porte-parole. Les talibans auraient par ailleurs demandé l’aide du Qatar, comme médiateur expérimenté, afin de gérer l’aéroport.
L’ONU souhaiterait toutefois une preuve de bonne volonté plus importante de la part des nouveaux maîtres de l’Afghanistan. Le président français Emmanuel Macron propose dans une résolution de «définir une zone protégée à Kaboul qui permettra la poursuite des opérations humanitaires.»